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Louis m'avait quitté peu après notre échange et j'en avais profité pour aller prendre une douche. Ces deux petites heures m'avaient été bénéfiques, car j'avais juste l'impression d'avoir encore une vie normale. J'avais l'impression de ne pas m'être faite enlevée toutes les personnes auxquelles je tiens. J'avais l'impression de ne pas m'être faite kidnappée par Satan en personne. J'avais l'impression de ne pas m'être faite violée dès le premier pas que j'avais fait dans ce château. Avant je ne le réalisai pas, mais j'étais libre. Une liberté que nous ne calculons pas tant qu'elle ne nous ait pas enlevé. J'ignorai l'envie de pleurer qui montait et profitait pleinement d'être seule pour me détendre complètement. Ni de Harry, de ni Louis, ni de servante en vue. Je soufflai et m'étendais de tout mon long sur les draps en soie frais. La porte étant verrouillée, je n'avais pas pris la peine de m'habiller. Qui pourrait entrer si tout est fermé? Personne. Je souriais à cette pensée; j'étais seule. Dans un sens, cela amène du calme mais dans un autre, je m'en rends compte qu'il m'a tout fait perdre. Une larme coula.

Mes parents. Une larme coula.

Mes amis. Une larme coula.

Mon chez-moi. Une larme coula.

Mon amoureux. Une larme coula.

Mon meilleur ami. Une larme coula.

Mon confident. Une larme coula.

Moi-même. Un sanglot m'échappa.

J'étais perdue et désormais, seule. Que vont faire mes parents? Ils ne savent même pas où je suis; ils vont être encore plus dévastés que je ne le suis à cette heure-ci. Je relevai mes genoux pour les poser délicatement contre mon ventre, et toujours allongée, je posai mes deux mains sur mon visage. Psychologiquement, c'est pour me cacher de toutes les merdes qui me tombent dessus; mentalement, c'est pour me rassurer que tout peut aller que mieux; physiquement, c'est pour me protéger dans la position dite "fœtale". Je suis seule, et le serai toujours si je reste avec lui.

Soudain, un poids se fit sentir sur mes genoux et mes poumons se vidèrent d'un seul coup due à la pression exercée. Un souffle se dégagea près de mon oreille droite et mon corps se mit à trembler. Pourquoi? Pourquoi moi? Les larmes continuèrent leur chemin encore plus rapide due à la panique et la peur.

"Je suis là, moi."

Ces quelques mots qui se voudraient rassurant dans d'autres contextes - et surtout d'autres personnes - me firent fondre dans une crise de pleurs que je n'arrivais désormais plus à contrôler. J'étais une boule de nerfs. Je sais que cela paraît peu. Je sais que cela me fait passer pour quelqu'un de faible, mais je vous assure que si vous viviez ce que j'ai vécu en si peu de temps, vous finiriez par craquer, un jour ou l'autre. Je ne veux pas m'apitoyer sur mon sort, mais je n'en peux plus. J'ai tout perdu, et ma dignité avec.

"Pourquoi pleures-tu, bébé?"

A l'entente de sa voix si proche de moi, un hoquet de surprise m'échappa. Un petit cri aigu sortit d'entre mes lèvres comme si je sortais ma douleur mais que je cherchais l'air en même temps. Je souffre mais tente de vivre.

"- J-Je... Je ne suppor-pporte plus toute cet-te merde... Répondis-je dans un nouveau cri aigu mélangé à un épais sanglot.

- Shht... Tant que je suis là, tout se passera bien, bébé. Je te le promets."

Je ne peux pas le croire. Il m'en a fait tellement bavé que je ne pense même pas qu'il se croit lui-même. Tout ce qu'il dit n'est que mensonge. Je ne peux pas rester comme cela pour toujours. Je ne peux pas lui servir seulement d'objet. Je ne peux pas accomplir sa putain d'attente.

Je veux mourir avant que tout cela prenne encore plus d'ampleur. Soudain, je le sentis se redresser, m'amenant à faire de-même, et me coller contre lui. Il me berça d'avant en arrière et déposa des baisers furtifs sur le haut de ma tête tout en exerçant une pression régulière sur ma taille. Je me laissai aller, le temps d'évacuer toute cette pression accumulée, et posai ma tête dans le creux de son épaule. Il continua ses mouvements tout en murmurant des choses rassurantes contre mon crâne. Prenait-il conscience de tout ce qu'il m'a fait vivre? Je ne saurai dire, mais une chose est sûre: il ne s'est jamais comporté comme ça avec moi. Pourquoi ne pas me montrer son côté doux dès le départ? Pourquoi me faire le détester, hein?

"Parce que je ne veux pas que tu me prennes pour une faible."

Ah oui c'est vrai, j'avais oublié qu'il lisait tous dans les pensées. Stupides démons.

"- Ce n'est pas parce que tu es compréhensif et attentionné que tu es faible, Harry. Murmurais-je sincèrement avec la voix cassée.

- Si. Si les gens n'ont pas peur de toi, ils n'obéiront pas. Ils feront donc n'importe quoi et seront hors contrôle. C'est pour quoi il est important que les gens connaissent ton mauvais côté, ils doivent respect.

- Mais Harry...

- Je suis leur Roi, Cali, je ne peux pas me permettre de faire dans les sentiments. Me coupa-t-il durement.

- Mais moi, je ne suis pas un de tes disciples! M'exclamais-je en me redressant et en me levant. Tu devrais donc me laisser voir ton bon côté. Je n'ai jamais rien fait qui mérite tout ce que tu me fais endurer... Soufflais-je, comme à bout de souffle, la tête légèrement baissée et les yeux rivés sur le sol.

- Tu es là pour une raison bien précise, Cali. Je ne suis pas un Roi, voire un homme, qui fait dans les sentiments comme tu dis. Je suis ici pour gouverner et mon pouvoir passera toujours avant tout. Et surtout, avec toi. Je me dois de contrôler toutes ces putain de personnes dehors qui vivent et respirent comme toi et moi, et c'est mon devoir de réaliser la prophétie pour les sauver."

Je restai abasourdie; il ne changera jamais.

"- Q-Quelle prophétie?

- Je n'ai pas le temps d'en parler maintenant. Maintenant, va manger et visiter le château. Ce soir est un soir où tu auras besoin d'énergie. Claqua-t-il en clin d'œil avant de sortir de la chambre."

Mais de quelle prophétie parle-t-il?

My Dark Mind Inside ~HESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant