l'adversaire (James)

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-James, qu'elle était ta relation avec June ?

Nous étions adversaires lors des entraînements. De nombreuses personnes pensaient que nous étions simplement des coéquipiers. Mais non, parce que nous contrairement au équipier, on ne s'aimait pas. Il n'y avait pas de pitié, on progressait ensemble peu importe la force des coups.

-Étais-tu proche d'elle ?

Même après trois ans de connaissance, je n'arriverai toujours pas à qualifier notre relation d'amicale. On ne fonctionnait pas comme des amis, je ne sais pas ce que l'on était l'un pour l'autre, mais bon.. pour répondre à ta question, nous n'étions pas proches. On ne se considérait pas comme frère et soeur de coeur, ni comme ami, nous étions deux adversaires de boxe.

-Quand lui as-tu parlé pour la première fois ?

Lors de son premier jour de boxe. Le coach m'a attitré comme son tuteur personnel pour l'aider à progresser. J'ai bien été obligé de poser les règles. Et contrairement à ce que je pensais, elle m'a écouté sans bouger en vivant de temps en temps la tête.
Avec du recul, j'ai compris qu'elle se foutait clairement de ce que je disais et que tout ce qu'elle voulait s'était me frapper.

-Il y avait-il une raison particulière pour laquelle vous étiez son adversaire ?

Le coach choisit toujours bien les groupes. Il a dû voir en nous une potentialité de réussite ou de je ne sais quoi. Il a dû voir en nous la même chose. Il a dû comprendre que l'on ne s'aimerait jamais et que c'est ça qui ferait notre force. Parce que lorsque les sentiments rentrent en jeux, plus rien ne va et tout se perd.

-Eprouvais-tu des sentiments à son égard ?

Non, bien sûr que non. Certes, elle était belle. Mais je ne l'aimais pas, et puis je ne l'intéressais clairement pas. À partir du moment où l'on a une baguette entre les jambes s'est fichu pour essayer de se la faire.

-De quoi parliez-vous ensemble ?

De nos problèmes le plus souvent. Vu que l'on ne s'aimait pas, on se fichait de ce que l'on racontait à l'autre. On se fichait que l'autre nous prenne par pitié ou qu'il ne soit pas d'accord avec nos choix. C'est cela qui était cool. À deux, on se fichait de tous.

-Que te confiait-elle ?

Tous ses problèmes en lien avec sa vie privée. Je n'avais jamais vu quelqu'un de si jeune posséder autant de problème.

-T-a-t-elle déjà raconté ses problèmes de famille ? J'aimerais les connaître.

Je crois que la chose qui l'ennuyait le plus avec ses parents, c'est qu'il n'acceptait pas son homosexualité. Ils l'interdisaient même, ils disaient qu'elle était le fruit de Satan et qu'elle ne méritait pas de vivre sur cette terre. Sa soeur lui reprochait constamment d'être parfaite, qu'elle était trop belle. Sa soeur était jalouse, trop jalouse. Elle ne pouvait pas s'empêcher de l'envier d'après elle.

-Connais-tu une personne qui aurait voulu sa mort ? Pour l'instant, tout porte à croire que c'est sa famille, peux-tu m'en dire plus sûr celle-ci ?

Je pense que des tas de personnes pourrait vouloir la mort de June. Mais je ne pense pas que ce soient les parents. Certes, ils n'acceptaient pas ses choix, ils n'aimaient pas sa façon de vivre. Mais ils l'aimaient. Et bien que dans ses paroles June montrait une certaine animosité vis à vis d'eux. Cela ne l'empêchait pas pour autant de les aimer. Parce que oui, June aimait ses parents.

-Connaissiez-vous sa soeur ?

Non, June m'en avait parlé, mais je n'ai jamais rencontré personne de son entourage. Elle m'en parlait simplement.

-Quels étaient les problèmes avec vos parents respectifs ?

Mes parents à moi sont des alcooliques et des drogués qui ne font que se disputer toute la journée. Il n'y a jamais une minute de silence chez moi. Ou alors je ne passe pas une seule heure sans nettoyer une flaque de vomi. Mes parents me rendent la vie impossible. J'ai l'impression d'être à la charge de deux gamins qui sont incapable de se contrôler un minimum. June elle, ce n'était pas leur personnalité, ni leur comportement qui la contrariait. Ce qu'elle n'aimait pas chez eux, c'était leur comportement lorsqu'ils étaient en contact avec elle.

-Savais-tu pourquoi elle n'aimait pas ses parents ?

Elle les aimait, plus que tout au monde. On a beau avoir les pires parents au monde. On voudra toute notre vie cette reconnaissance, ce besoin d'avoir une famille. On aura toujours besoin d'avoir des gens sur qui compter. June aimait ses parents.

-Connais-tu ses parents, ses amis, ou une personne qui aurait pu lui en vouloir ?

Je parierai sur sa meilleure amie. Lorsque June m'en parlait, je voyais en elle une personne mauvaise et en aucun cas saine d'esprit.

-Comment avez-vous appris sa mort ?

Comme la plupart des personnes, sur les journaux. Cela a vite fait polémique et cela c'est très vite répandu. Je l'ai appris le lendemain, pour vous dire à quelle vitesse ça s'est propagé.

-Comment l'avez-vous pris ?

Bien, vraiment bien. C'est ironique. Cette question est stupide, on avait beau ne pas me entendre, je l'aimais bien. Et oui, ça m'a rendu triste de me dire qu'elle ne sera plus là pour me frapper. Qu'elle ne sera plus là pour me crier dessus quand je la taperai un peu trop fort. Eh oui, cela va me manquer de ne plus l'avoir à mes coter, de ne plus avoir son soutien. Mais que voulez-vous que je vous dise ? Je ne peux rien faire pour la faire revenir. Parce que sinon, elle serait déjà de retour sur cette terre. June méritait de vivre, plus que quiconque au monde. Elle mériterait d'être encore là, mais ce n'est pas le cas...

-Sais-tu pourquoi a-t-elle était tuée ? Par qui ?

Si je le savais, je serais de ce pas allé buter celui qui a fait cela. Malheureusement, je ne suis au courant de rien. Sinon, croyez-moi, on en aurait entendu parler. Je lui aurai fait regretter d'être né à cet enfoiré.

-As-tu des soupçons ?

Comme je te l'ai dit, je dirais la meilleure amie, June m'a dit qu'elle était jalouse de Khloë. Elle ne voulait pas que June et elle soient ensemble. Elle s'y opposait fortement, faut croire que cela n'a pas marché.

-Raconte-moi ta toute dernière discussion avec elle, paraissait-elle angoissée, avait-elle fait des sous-entendus prévenant sa mort ?

Lors de notre dernier combat, elle m'a dit de dire à sa maîtresse Khloë qu'elle l'aimait. Je lui ai demandé pourquoi elle m'a dit qu'elle n'avait pas le courage de le faire tout seule. Je lui ai donc dis que ce n'était pas à moi de faire cela. Elle m'a dit que si je ne le faisais pas, elle viendrait me tuer, je l'ai donc fait. Cette fille, je la prenais à chaque fois au sérieux.

-Quelle question veux-tu poser à Khloë (sa maîtresse) ?

MORTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant