la maitresse//copine (Khloë)

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-Comment vous êtes-vous rencontrée ?

Cela va te sembler très cliché, mais je faisais mon footing comme tous les matins et June m'est rentré dedans. Je commençais à lui crier dessus et lorsque mes yeux ont rencontré les siens, je n'ai plus su dire un seul mot. J'étais paralysé par sa beauté, je n'arrivais même plus à savoir qui j'étais. Après cette altercation, on s'est un peu parlé et je lui ai laissé mon numéro dans l'espoir qu'elle me recontacte. Et elle l'avait fait, à mon plus grand étonnement.

-Depuis quand étiez-vous ensemble ?

On n'était pas vraiment ensemble. On n'a jamais officialisé notre relation. On n'avait pas de rapport exclusif, June avait des tas de relations très compliqué. Sa vie était trop dure à suivre, elle avait beaucoup trop de choses à régler. Gérer une relation avec une personne comme elle, c'est quasiment impossible. Je ne pense pas que l'on aurait pu tenir un mois ensemble.

-Éprouvais-tu des sentiments à son égard ?

Je l'aimais de tout mon coeur et elle le savait. J'ai été la première à avouer mes sentiments. Mais je lui avais formellement interdit de me dire qu'elle m'aimait en retour. Je voulais que cela vienne d'elle. Je voulais qu'elle me le dise parce qu'elle en avait envie et non pas parce qu'elle en était contrainte. Je l'aimais plus que quiconque au monde.

-De quoi parliez-vous ensemble ?

De tout et de rien. On était pratiquement tous les soirs ensemble et la plupart des nuits. On se racontait nos journées, nos histoires, tout ce que font les personnes normales. Parce que oui nous sommes des personnes normales. Et puis, il y a certains soirs où l'on ouvrait seulement la bouche pour évacuer des sons de plaisir, où l'on s'abandonnait au corps de l'autre. Parce que les paroles n'étaient pas suffisantes, on avait aussi besoin de gestes, de caresses, d'amour.

-Te confiait-elle des choses ?

Tout et n'importe quoi. Cela dépend de ce que tu veux savoir. Elle était très réservée au niveau de sa famille, enfin je dirai pudique. Elle n'aimait pas parler d'eux. C'était comme un sujet tabou pour elle. C'était sa corde sensible. Je ne l'obligeais donc pas de parler d'eux. Elle m'avait confié son aventure avec l'homme hystérique, j'étais déçu qu'elle ne m'ait pas prévenu avant. J'aurais pu l'aider, comme pour sa mort je suppose. Si seulement je l'avais obligé à parler, on n'en serait peut-être pas là.

-Où vous retrouviez-vous ?

Le plus souvent c'était chez moi. On évitait de se voir en public pour ne pas complexifier la chose. Notre ville est très clichée en rapport à la société, elle n'est pas fan de l'homosexualité. Je le vois très bien sûr le regard des gens. Je vois tous leurs jugements, leur dégoût, leur mépris comme si on leur empêchait de vivre. Certains ont même l'air d'éprouver de la pitié comme ci ce n'était pas mon choix.

-Pourquoi "maîtresse" et pas "petite amie" ?

Parce que, nous n'étions pas officiellement ensembles. June sortait avec Tommy, mais avait rarement recours à des relations sexuelles avec Kylie. Et je suis sûr que June en a toujours pincé pour sa meilleure amie, Mila. Personne n'aurait pu résister à son charme. Notre relation n'était pas exclusive, je n'étais donc pas sa petite amie.

-Connaissais-tu ses proches ( sa soeur et sa meilleure amie par exemple) ?

Bien sûr que non. Au niveau de sa famille, je ne tiens pas à être égorgé. Ils n'aimaient pas le fait que leur fille soit lesbienne. Ils ne m'aimeraient pas, j'en suis certaine. Et puis moi et June nous n'étions pas ensemble. Je ne vois pas pourquoi j'aurais eu l'audace de me présenter face à ses parents en prétendant que j'étais sa copine. Cela aurait été complètement faux.

-Qu'elle a été ta réaction lorsque le boxeur est venu t'annoncer qu'elle t'aimait ?

J'ai pleuré de tous mon corps. Vous savez, j'aurais tellement eu envie d'entendre ses mots sortir de sa bouche. J'aurais tant aimé voir ses yeux pétiller de bonheur. J'aurais aimé pouvoir poser mes mains sur ses joues et l'embrasser à pleine bouche. J'aurais aimé passer une nuit de folie à exprimer notre amour. J'aurais aimé être avec elle.

-Quand vous êtes-vous vu pour la dernière fois ?

Trois jours avant sa mort, je dirai. Elle était passée à la maison. Mais nous n'avions pas parlé. C'était l'une de ses rares nuits où l'on ne prononçait aucun mot. On laissait simplement nos corps s'exprimer à la place. Finalement, bien que cette nuit était parfaite, je regrette de ne pas lui avoir parlé. Peut-être que j'aurais pu l'aider, j'aurais peut-être pu faire quelque chose.

-Son comportement avait changé peu de temps avant sa mort ?

Non, elle était la même. Je me suis posée cette question des millions de fois et je ne vois aucune différence. Son sourire était le même, ses manières, ses paroles, rien n'avait changé. C'était June. Je vous le jure, c'était elle.

-Que penses-tu de sa mort ?

Je l'aimais plus que tout au monde. Je viens de perdre l'être qui m'était le plus cher. Aujourd'hui, je suis simplement une âme errante sur ce monde emplit de misère et de tristesse. J'arrive même à me demander pourquoi je suis encore ici. Elle ne méritait pas de mourir, elle était aimée. Elle était bonne, sage, heureuse, elle était tout ce que l'humanité ne possède plus aujourd'hui. Je voyais tellement d'espoir en elle. Je voyais la vie, je voyais la paix. Je voyais la différence. Mais lorsque l'on est différent, on est exclut. Et elle, elle a été rayée de la partie.

-As-tu des suspects ?

Je soupçonne tellement de gens, tout le monde aurait pu lui en vouloir. June était parfaite autant sur le plan physique que moral. Tout le monde aurait pu l'envier, tout le monde aurait voulu lui ressembler. Alors non, je n'ai pas de nom particulier qui me vienne en tête. Mais la famille doit savoir quelque chose. La famille est toujours impliqués dans la mort de leur proche d'une façon ou d'une autre.

-Quelle question veux-tu poser à sa soeur ?

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