le coach de boxe

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-Quant àt-elle a commencé la boxe ?

Je dirais, il y a trois ans. Elle venait trois fois par semaine, le lundi, le mercredi et le samedi.

-Restait-elle souvent à la boxe ?

Cela dépendait des semaines et des jours. Le lundi, elle restait au grand maximum une heure et demie. Le mercredi, elle restait jusqu'à l'épuisement et le samedi, je la voyais une fois sur deux, elle me disait qu'elle avait des problèmes à régler et qu'elle ne pouvait pas venir tout le temps.

-Venait-elle régulièrement ?

Le plus souvent possible. Elle essayait d'entretenir un rythme pour ne pas perdre son endurance. Ma salle n'est jamais fermée, elle ne passait pas une seule semaine sans venir. Du moins, la semaine précédant sa mort, elle n'était pas présente. À ce moment-là, j'ai su que quelque chose n'allait pas.

-Ressentiez-vous un malaise particulier qui expliquerait la raison de sa venue ?

La première fois qu'elle est venue, j'ai été surpris par la force de ses coups. Je ne m'y attendais pas, dans son regard, j'avais l'impression d'être la pire personne au monde. C'était étrange, mais moi-même je me suis sentie mal, j'ai eu l'impression d'être quelqu'un d'abominable.

-Pourquoi avait-elle commencé la boxe ?

Elle était arrivée en pleurs, je m'en souviendrais toujours son mascara avait coulé, ses cheveux étaient en batailles, ça faisait peur à voir. Elle m'a dit qu'elle avait besoin de se défouler. Sa famille était trop oppressante pour elle. Elle avait besoin d'espace. Étant donnée que mon club est entièrement gratuit, elle n'avait pas besoin de ses parents pour payer.

-Pourquoi se battait-elle ?

La colère, les émotions, les sentiments comme la plupart des jeunes qui possèdent des problèmes de familles. Ils essayent de surmonter la pression en libérant leurs émotions par les coups.

-Était-elle motivée ?

Énormément, je dirais même que c'était la personne la plus motivée de cette salle. Elle avait cette assurance qui fait reculer tous les autres, en particulier James. Il avait peur de son regard, peur de sa colère. Sa colère faisait partie intégrante d'elle, elle la possédait.

-Saviez-vous qu'elle était sa motivation première ?

Tu sais, la première fois que j'ai vu June. J'ai vu en elle une jeune fille désespérée qui avait peur de vivre. J'ai vu en elle un oisillon apeuré sur la route. Mais tu sais, ce n'étaient que des suppositions. Dès qu'elle m'a parlé, j'ai vu un aigle sortir de derrière. J'ai vu une fille forte brisée de l'intérieur.

-C'était plutôt pour se défendre ou se défouler ?

C'était pour se défouler principalement. Elle avait besoin de libérer tout ce qu'elle accumulait au quotidien. Je le ressentais à ses coups. Elle frappait fort, très fort. Elle avait la rage, la motivation, l'envie de tout détruire autour d'elle. Cette gamine, je l'aimais bien, elle était douée. En parallèle, je lui apprenais à se défendre, comme ça nos cours avait une utilité d'autant plus importante.

-Vous parlait-elle beaucoup ?

Cela dépendait des cours. Lorsqu'elle parlait, c'était en même temps que ses coups. Mais vous savez, je vois tellement de jeune en difficulté que j'ai appris à ne pas poser des questions. Je déduisais seulement ce qui se passait chez elle. Je la motivais en lui disant d'imaginer ses parents face à elle. June avait l'air en colère contre eux, une colère noire, mauvaise, qui faisait froid dans le dos.

-Avez-vous déjà vu sa famille, ses amis ?

Lorsqu'un jeune s'inscrit ici, j'essaye de préserver une distance avec le monde extérieur. Je ne veux pas qu'il empiète sur la vie privée de mes clients. Ici, c'est comme leur jardin secret, comme un refuge même. Un endroit où il aime être seule. Le potentiel ami de June que j'ai rencontré, c'est James, un gamin qui s'entraîne ici. June et lui étaient souvent en adversité.

-June avait des amis à la boxe ?

Seulement James. Elle ne parlait pas trop aux autres personnes. Disons que tous deux s'étaient trouvé un point commun. Il détestait autant l'un que l'autre leur parent.

-Entreteniez-vous une relation particulière avec June ?

J'étais seulement son coach. Il n'y avait rien de plus entre nous. Je n'étais pas son ami, je n'étais pas de sa famille. J'étais seulement un repère dans sa vie. J'étais une aide, un réconfort. Je l'aidais à surmonter les épreuves de sa vie.

-De quoi parliez-vous ?

Je ne lui parlais pas spécialement. Elle me prononçait simplement quelques petites phrases par-ci par-là. Si elle devait parler à quelqu'un, c'était James. Tous deux se retrouvait dans l'autre. Il partageait les mêmes malheurs, les mêmes peurs.

-Quelle question veux-tu poser à son adversaire James ?

MORTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant