le patron

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-Étiez-vous satisfait du travail qu'elle fournissait ?

Oui, je l'étais. June était une gamine pétillante. Elle aimait vivre. Enfin, je suppose que ce n'était qu'une apparence. Les gens l'aimaient, elle était la personne qui rapportait le plus de pourboires. Elle aimait son travail.

-Quelle était son attitude au travail ?

Elle était comme toute personne normale. Elle était là pour l'argent, certes, mais son travail et son attitude étaient toujours très professionnels. Elle avait une façon de gérer tous les problèmes. Elle avait un sang-froid immense. Elle ne s'énervait jamais, elle avait toujours l'un des plus grands calmes. Elle gérait parfaitement ce bar même quand elle était seule. Pourtant, dans ce métier, le statut de femme peut être jugé inférieur. Les clients se servent de la faiblesse des femmes pour obtenir ce qu'ils veulent. Mais pas avec June.

-Pourquoi passait-elle autant de temps ici ?

Aucune idée, June, ne s'attardait pas sur sa vie personnelle. Tout ce que je peux vous dire, c'est que, lorsqu'elle a postulé pour le poste son objectif était de mettre de l'argent sur le côté. Elle ne me parlait pas beaucoup, il faudrait parler à Sarah pour avoir des informations sur cela. C'est sa collègue, ici, elles étaient assez proches. Mais si vous voulez mon avis, lorsque l'on reste autant de temps au travail c'est pour oublier notre quotidien.

-Draguait-elle des clients ?

Non, personne. Au contraire, elle évitait de leur parler. Elle leur souriait simplement. Elle ne rentre jamais dans les sujets de conversation. Elle préférait mettre une distance entre elle et les clients. Elle ne voulait pas instaurer un quelconque intérêt pour eux. C'est ce qui la rendait si spécial.

-Pensez-vous qu'elle avait peur chez elle ?

Oui, elle avait peur de quelques choses. C'est sûr tout le monde le savait. June fuyait quelque chose. Mais cette chose n'a pas de nom, on ne sait rien là-dessus. Je le voyais à son regard, lorsqu'un client rentrait, elle tournait la tête brusquement comme si elle s'attendait à voir quelqu'un. Mais cette personne n'est jamais venue, du moins pas dans nos services communs. Il faudrait vous renseigner avec les employés. La mort de June est un sujet tabou, personne n'en parle. On préfère se taire, cela rend les choses moins réelles.

-Son comportement a-t-il changé ?

Non, elle gardait toujours ce même sourire, cette même joie de vivre. Mais je dois dire que les jours avant sa mort ses sourires paraissaient de plus en plus faux. Mais ils étaient assez convaincants pour que l'on évite de poser des questions. On aurait peut-être dû plus se soucier d'elle. On se contentait toujours du positif, mais on essayait jamais de chercher les mauvais côté de sa personne. On aurait peut-être dû. On aurait sans doute pu la sauver.

-Avez-vous remarqué des personnes qu'aurait pu détester June ?

Une fois, un homme est entré en claquant les portes. Il était complètement hystérique. Je n'avais jamais vu quelqu'un autant en colère de toute ma vie. Cela a dû se produit environ un mois avant sa mort. Il la cherchait mais ce jours-là, elle a été en repos. Je n'oublierai jamais son regard, si noir que le charbon. Il m'a fait froid au dos. Il tournait en rond dans le bar jusqu'à qu'il est compris qu'elle était réellement absente. il est alors parti. Depuis, je ne lai jamais revu. Je ne sais pas qui il était. Il n'a donné aucun nom.

Quelle question voudrais-tu poser à Sarah ?

MORTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant