le père

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-Qu'aimait-elle-le plus au monde ?

La mort. De nos jours, tout le monde aime le sang, les entrailles qui tombent du ventre, des gars qui défoncent le crâne des autres à coups de batte de base-ball. Elle aimait le fait que nous soyons impuissants sur cette terre. Elle aimait, le fait que l'on finirait tous de la même façon, enterrée au fond d'un trou. Ce n'était pas un amour fanatique, dû à une série, elle aimait vraiment cela. Elle aimait les tueurs en série, les fantômes, les meurtres. Elle aimait tout ce qui s'y rapportait.

Mais ce n'était pas une tueuse. Je connais ma fille, elle ne se serait jamais impliquée dans une histoire tordue où le psychologue bouffe ses patients. Bien qu'elle n'aimait pas les gens, elle s'en souciait. Elle était généreuse, elle ne supportait pas de voir le malheur dans les yeux des gens. Je pense aussi que c'est l'une des autres raisons de son éloignement envers les gens. Elle ne supportait pas sa supériorité sociale. Nous ne nous sommes pas pauvres si je puis dire. Mais elle n'en profitait pas. Elle n'a jamais été habillée en marque, jamais de téléphone dernier crie. Elle n'avait rien, et cela lui contentait. Elle aimait vivre.

Mais ce n'est pas le sujet. Je me rappelle qu'elle avait une passion pour un certain Jeffrey Dahmer, un meurtrier fou pour vous la faire court. Mais elle, elle ne le voyait pas comme cela. Je me souviensde nos conversations, elle pouvait passer des heures à le défendre. Elle n'aimait pas le fait que je le juge sans le connaître. Ce qui était assez illogique vu qu'elle ne le connaissait pas non plus. Mais je la laissais le défendre. J'aimais la voir s'acharner telles une avocate qui défends son patient.

-Je te dis qu'il est malade.

-La maladie n'explique pas tout.

-Mais ce n'est pas sa faute. Il cherchait désespérément un homme qui lui soit soumis. Il cherchait un amour éternel qui ne le quitterait jamais.

-Oui, il était fou. C'est ce que je te dis.

-Oui, il l'était, mais ce n'était pas sa faute. Si ses parents avaient pris soin de lui, s'il avait remarqué ce qui n'allait pas, il aurait pu l'aider. Ces troubles se soignent avant 5 ans.

-Pourquoi le défends-tu, ça ne sert plus à rien ?

-Donc lorsque les gens meurent, on est censé les oublier ?

-Oui, ou ils hanteront ton futur.

-Donc lorsque je mourrai, tu te contenteras de m'oublier ?

-Tu ne mourras pas avant moi.

-La mort est vite arrivée, Papa, regarde Jeffrey.

-June! Si tu me reparles de lui, je te tue.

Et elle repartait tout le temps en rigolant.

Elle avait raison, on ne peut oublier un mort. On ne doit pas, on ne peut pas. Je ne pourrai jamais oublier ma fille. À chaque endroit où j'irais, à chaque porte que je franchirais, à chaque rêve que je ferais je repenserais à elle. Elle est ma fille et je ne pourrai jamais l'oublier.

Est ce que j'aurai dû me poser des questions face à ce comportement ? Non. Elle n'était pas folle, elle était seulement comme tous les jeunes de nos jours. Elle essayait de s'adapter à un monde cruel qui n'épargne personne. J'aurai dû la protéger. Nous aurions pu, mais nous ne l'avons pas fait. Pas seulement, sa mère et moi. Je parle du monde entier. Elle aimait les gens, elle était pour les gens. Et pourtant c'est une personne de ce monde qui l'a tué.
Vous n'avez pas vu son corps. Vous ne pouvez pas comprendre la colère que je ressens. Lorsque je l'ai vu, mon coeur s'est arrêté. J'avais vu les cadavres de mes parents, mais face à elle, ce n'était rien.

Je ne sais pas dans quelle misère s'est entraîné mais fille. Mais cela ne laisse rien de bon à envisager.

Quelle question voulez-vous poser à mon fils ?

MORTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant