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Premier jour. Je ne vois pas comment ils comptent faire cette rééducation. Mais bon, c'est leur métier et pour l’instant je n'ai rien à faire. Ils font juste des espèces de pressions pour empêcher que mon muscle devienne similaire à de la compote si j'ai bien compris. Je pourrais le stimuler moi-même mais comme je ne peux rien leur dire, je les laisse faire. Après chaque séance de rééducation, je vais la voir. Il semble qu'elle aille de mieux en mieux. Mais je n'ose pas vérifier pour garder espoir. Et puis, c'est peut-être vrai, après tout ce temps elle va enfin se réveiller. Il faut bien croire en ce peu de chance sinon je ne la maintiendrais pas en vie et moi je sais que son cerveau n’est pas mort. Si elle se réveille, ce ne sera pas en état de mort cérébrale.

Quand je retourne dans ma chambre,je suis toujours un peu déprimée de me retrouver seule et de rester coincée. Mais apparemment je pourrais sortir dans une semaine si ma rééducation se passe bien. Bien évidemment, je ne serai pas guérie. Mais au moins je n'aurai plus besoin de me vider de mon énergie constamment pour ne pas être découverte.

Le temps est long, les séries défilent et les séances de kinésithérapie aussi, ainsi que mes visites dans la chambre de ma sœur. Le jour de ma sortie est prévue et me paraît venir de plus en plus lentement. Mais le voici ; Matthew est accompagné de Foggy et Karen quand il vient me chercher ; un aveugle poussant un fauteuil ce n'est pas fréquent donc il ne pouvait pas venir seul. Il me présente en bonne et due forme et explique mon “accident de voiture” à ses amis. Je ne peux pas habiter seule donc je vais devoir rester chez Matthew mais je ne sais pas quelle explication il a pu donner pour justifier que aveugle s'occupe d'une handicapée. Karen récupère mon sac tandis que Foggy pousse mon fauteuil. Je signe les papiers de sortie et nous nous dirigeons vers l'appartement de Matt.

Je sais qu'une fois que j'y serai, je n'en bougerai plus alors je me permets de leur demander de nous y rendre à pied pour que je puisse profiter un peu de l'air frais… pollué de New York. Mais le trajet me paraît très court, même si ce n'est pas le cas. Je suis installée dans le canapé, ils discutent un peu de quelques affaires avant qu'on me rende finalement mon ordinateur portable au moment où ils s'en vont. Je me retrouve à nouveau toute seule car Matt les accompagne au bureau, donc je retourne de nouveau à mes séries. J'ai vu toutes les séries et tous les films sur les super-héros et justiciers, je crois bien. Il y a une série sur un gars qui court super vite, une autre qui raconte l'enfance d'un homme qui se prend pour une chauve-souris et encore beaucoup, que je ne peux pas toutes citer.

Le soir arrive et je veux cuisiner pour le remercier de se soucier autant de moi, malheureusement, je n'ai toujours qu'un bras donc je me décide à commander à manger. J'hésite quelques instants entre les sushis et la pizza pour finalement jeter mon dévolu sur le plus gras ; je commande donc. Après un long moment, le livreur sonne et je réalise que je ne peux pas aller lui ouvrir. Et je me rappelle que le fauteuil a des roues partiellement faites de métal. Je le ramène près du canapé à l'aide du magnétisme et je m'aide des métaux présents dans mon corps et des parties qu'il me reste de valides pour m'installer dedans, ce qui me semble extrêmement fatigant et douloureux. Je dirige ensuite le fauteuil vers la porte, j'ouvre et je récupère les pizzas tout en transmettant un petit message nerveux au jeune homme qui lui fait croire que seule ma jambe et dans le plâtre. Je me rends également compte de l'utilité que peuvent avoir les nouveaux moyens de paiement, particulièrement le paiement sans contact en utilisant le téléphone.

Peu de temps s'écoule avant que Matt rentre et se rende compte que je ne suis plus dans le canapé mais dans mon fauteuil et que je suis très fatiguée. Il me réinstalle là où j'étais un peu plus tôt dans la soirée et me demande comment je me suis retrouvée là ; je lui répond honnêtement et il semble que je le désespère. Il me rappelle que je n'étais pas obligée de faire cela mais il me remercie néanmoins. Nous mangeons et il m'installe ensuite dans le lit. Je veux profiter de mon retour dans le monde réel mais il souhaite que je me repose. Alors, toujours dans cette position inconfortable d'être allongée sur le dos, j'attends patiemment de m'endormir. Mais je trouve le temps vraiment long alors je lance de la musique même s'il a posé mon téléphone loin de moi.

Peu de temps après, il vient s'allonger à côté de moi et dit : 

“Je te sentais fatiguée.

- Essaie de dormir dans une position que tu détestes et tu comprendras.”

Il me prend dans ses bras et fais en sorte de poser ma tête sur son torse. Je ressens toute l’énergie présente dans son corps ; depuis tout le temps où j’étais à l’hôpital et où je m’empêchais de contenir trop d’énergie, je n’avais plus eu cette sensation. Celle de ressentir l’énergie d’autrui et celle du monde qui m’entoure. La sensation que cela me procure me fait tant de bien que je peux enfin m’engouffrer dans le royaume du marchand de sable.

Durant une semaine, je ne bouge plus de l’appartement, même le kinésithérapeute vient ici. Mais maintenant cela fait un mois que j’ai ces plâtres donc je vais recommencer à faire des mouvements. Pour cela, je suis emmenée dans une piscine. Une fois plongée dans l’eau, je dois bouger. Deux semaines plus tard, je change encore de méthode. Maintenant je dois remarcher avec appui et on commence à me refaire porter du poids pour le bras. C’est un soir alors que j’approche de la fin de ma rééducation avec le plâtre que l’état de ma sœur change.

STAR - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant