Quand les rêves se mêlent à la réalité [Emmanuel Macron]

Chapitre Dix-Neuf : Point de vue d'Emmanuel

J'attrape mon portable qui venait tout juste de vibrer. Ce doit être un message d'Anna. En tout cas je l'espère, ça m'a manqué de ne pas passer la nuit à ses côtés après ce moment si intime dans l'avion.

Je commence à lire le message, ce n'est pas possible. Tout se passait tellement bien avec Anna. Pourquoi est-ce qu'elle veut tout arrêter ? En plus elle-même dit que cela va être dur pour elle...

Je ne pourrais pas la laisser partir et encore moins la laisser aller bosser pour Valls ! Jamais de la vie ! Mais j'ai peur. Comment vais-je faire pour travailler avec elle ? Et si je dois aller en déplacement avec elle, comment vais-je me concentrer ?

Serais-je assez fort pour me contenir ? Je ne pense pas. Mais il va falloir car si je ne suis pas capable de me contenir, elle va partir et je ne pourrai rien faire pour la retenir cette fois-ci...

Il faut que je la voie, je sais que j'ai le conseil des Ministres à tenir avant d'aller en déplacement en école d'ingénieurs mais là c'était une urgence et je n'avais pas le choix.

Je me dépêche pour aller à son studio, j'espère qu'elle y est encore et qu'elle n'a pas décidé de tout plaquer.

Rien que d'y penser j'avais envie de pleurer. J'arrive devant la porte d'Anna et je frappe. Pas de réponse. J'essaie de l'appeler, pas de réponse.

Où est-elle ? Je prends mon portable et je commence à rédiger un message :

Anna. Je suis triste. Non triste n'est pas le mot. Je suis vidé de tous mes sens et de toutes mes émotions depuis que j'ai lu ton message. Je ne sais pas si je pourrais tenir sans t'avoir près de moi. Mais je ne veux pas prendre le risque de te laisser partir travailler pour Valls. Ça voudrait dire qu'il a gagné la chance de travailler avec la personne la plus incroyable que j'ai jamais connue. Je m'en voudrai de te laisser quitter l'Elysée. Je préfère te garder près de moi quitte à ne pas pouvoir te prendre dans mes bras, quitte à souffrir car je risque de te voir dans les bras d'un autre. Je ne peux pas t'en empêcher. Je ne peux que comprendre pourquoi tu prends cette décision même si celle-ci me rend triste et vide. Tu es mon soleil Anna. Je t'aime et je ne cesserai jamais de t'aimer. Mais je crois que si je t'aime, je dois te laisser poursuivre ta route. Ton Emmanuel.

Je ne sais pas comment j'ai pu lui écrire un tel message mais c'est exactement ce que je ressentais à ce moment-là. Elle va me prendre pour quelqu'un de faible alors que je suis le Président de la République. J'ai toujours été fort, tout ce que j'ai fait dans ma vie, je me suis battu pour y arriver mais là avec Anna, je ne me reconnaissais plus. J'étais perdu car pour la première fois de ma vie, une personne m'avait transformé.

J'appuie sur envoyer et je repars dans mon bureau, je ne sais pas comment j'allais présider le conseil des Ministres ce matin. Je n'ai pas la tête à ça. Je suis perdu et pourtant je me dois de me montrer fort pour les Françaises et les Français. Ils comptent sur moi.

Comment vais-je faire ?

Je marche dans les couloirs de l'Elysée, j'ai l'impression que ce palais est trop grand pour moi. Maintenant qu'Anna et moi ne sommes plus ensemble j'ai l'impression d'être redevenu un gamin de 8 ans perdu dans la forêt sans ses parents...

J'arrive à mon bureau et je croise Estelle. Elle s'approche de moi et me dit :

-Monsieur Macron, vous venez ? On vous attend pour le Conseil des Ministres ?

-Je sais, j'arrive, donnez-moi un instant.

Estelle attendait devant mon bureau, j'avais l'impression qu'elle se doutait que si elle partait sans moi, je ne viendrai pas au Conseil des Ministres car je n'avais la tête à rien. A vrai dire elle avait raison sur ce point-là.