10 | La convocation

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      L'homme nous jeta un regard condescendant.

« Vilhame », salua froidement mon prétendu bien-aimé.

« Dave », répondit d'un même ton le dénommé Vilhame.

      Il rapprocha de nous tout en conservant un bon mètre de distance, comme si être proche de l'infiltré l'horripilait à un point incommensurable, puis demanda :
« Qui est-elle ? »

      Dave ouvrit la bouche pour répondre, mais je le pris de court, agacée que l'on parle de moi comme si j'étais absente.

« Je m'appelle Thalia. Je suis la compagne de Dave. »

      L'homme eût un sourire faux à l'encontre dudit Dave.

« Ainsi, tu as trouvé chaussure à ton pied ? Ce n'est pas trop tôt. Nous commencions à nous inquiéter pour toi. »

      Mon coéquipier rétorqua par un sourire encore plus hypocrite.

« Il vaut mieux prendre son temps et trouver ce qui nous sied le mieux que de se précipiter sur la première paire de chaussures disponible, comme certains le font, n'est ce pas ? »

      Vilhame plissa les yeux.

« C'est un point de vue. Jusqu'au revoir, collègue. »

      Et il partit, tentant de conserver un semblant de dignité. Dave se pencha à mon oreille et murmura :
« Sa femme est un vrai thon. »

      Je ne pus m'empêcher de rire.

« Je suis flattée d'être plus belle qu'elle, alors.
— C'est pas bien compliqué, en même temps », sourit-il.

      Je lâchai un vague "c'est cela, oui", et je commençai à monter les marches sans attendre mon guide attitré.

« Hey! s'écria-t-il. Wait for me! »

      Je haussai les sourcils et continuai seule. Il me rattrapa rapidement, et passa son bras autour de ma taille. Je faillis encore une fois le repousser mais je me repris à temps. Un homme fit un signe de tête à mon compagnon, et je me mordis les lèvres ; je n'avais plus droit à l'erreur. Il ne fallait pas que je me dénonce. Afin de paraître plus proche encore de lui, je laissai ma tête tomber sur son épaule.

      Nous avançâmes au milieu de longs couloirs qui ressemblaient à ceux des hôpitaux, passant au moins une cinquantaine de bureaux. Finalement, Dave ralentit l'allure devant une porte boisée, semblable à toutes les autres à l'exception près qu'elle portait la pancarte :

BUREAU DES GRANDS FACTIONNAIRES
Veuillez procéder à l'inspection bionique.

     Dave se détacha brièvement de moi, se tint droit face à la porte close, et écarta légèrement les bras, faisant remonter les épaulettes de son costume. Le même bruit strident que dans l'entrée retentit, et la porte s'ouvrit sur une pièce spacieuse d'où trois hommes nous regardaient étrangement.

« Dave ?! »

L'homme le plus à droite de la grande table en acajou s'était exclamé avec une intonation surprise en voyant la main du blond posée fermement sur ma taille.

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