Chapitre 4

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En feuilletant mon carnet, j'avais le cœur lourd. Rien de ce que j'avais écris n'arrivait à me remonter le moral. Maman m'avait dit " Tout va bien, rien n'est grave, il y a du bon dans toute situation. "

Mais là, très franchement, j'avais beau chercher, je ne voyais rien de positif dans ce qui nous arrivait.

C'est au moment où je m'apprête à le ranger dans mon sac que j'entend une voix qui attire mon attention.

Délicate, douce, apaisante, elle m'interpellait. Je me redresse afin de localiser d'où elle provenait. Puis, quelque note à la guitare accompagnait ce timbre mélodieux.

Au loin, je perçu enfin d'où cela venait. Je ne voyais qu'une silhouette de dos. Des épaules larges et carrées et des cheveux bruns en bataille. Il était assis à la première rangée de siège devant la baie vitrée.

Ma sœur n'était pas loin, le fixant.

J'étais installée une dizaine de rangées derrière lui et pourtant, je ne perdais pas une miette de ce qu'il chantait.

C'était sublime, sa voix vibrait tout autour de nous. Un petit attroupement se formait près de lui pendant que je cherchais vite après un crayon dans mon sac.

Je ressors mon carnet et me précipite comme une furie pour y écrire les paroles que j'arrive à saisir. Je tend l'oreille comme je peux, je ne me contrôle plus vraiment, comme si ses mots dansaient tout autour de moi et m'envoutaient, comme si je n'avais plus la maitrise de mes propres gestes.

Des frissons me parcouraient au fur et à mesure que j'écrivais, mon cœur tambourinait si fort dans ma poitrine que bientôt, je n'entendrai plus sa voix, mon cœur faisant presque plus de bruit qu'elle.

" You'll never be alone..."

- Eleanor, tu vas chercher ta sœur? Il faut qu'on aille faire la file, maintenant, me demande ma mère.

Non, non, non, NON ! Je ne peux pas là maintenant tout de suite parce que je ne l'entend presque plus, entre la voix de mes parents qui s'entremêlent à celles des gens autour de nous et l'appelle micro pour prévenir que notre avion est prêt pour l'embarquement, je ne l'entend quasiment plus.

- Eleanor, s'il te plait, s'impatiente mon père en se dirigeant vers la file.

Je me sens frustrée.

J'ai mon carnet dans une main, le crayon dans l'autre et je galère à tirer ma valise en même temps. Je me dépêche de noter les fragments de paroles dont je me souviens plus ou moins tout en marchant, puis, j'entends par miracle la suite et me précipite sur mon carnet pour tenter de l'écrire;

" When you fall asleep...
... tonight.... just remember that...
... we lay under... the same stars..."

Je lève les yeux, surprise de ne plus rien entendre, il s'est arrêté brusquement. Je le cherche dans toutes les directions mais je ne vois que ma sœur qui fend la foule autour d'elle et accourt vers moi.

Le garçon à la voix d'ange a disparu.

- Eleanor, regarde ! Regarde ce qu'il m'a donné ! se réjouit-elle.

Encore confuse, je pose mon regard sur sa main tendue, elle tenait fièrement un médiator.

- C'est trop bien, non? Tiens, colle-le dans le carnet. Ca nous fera un souvenir génial, tu l'as entendu aussi toi, d'où tu étais? C'était vraiment trop trop bien, ...

Ma sœur continuait de s'extasier pendant qu'elle me fourrait le médiator dans la main. Il était simplement noir et lorsque je le retournais de l'autre côté, il y avait comme des initiales gravées dessus, un peu à l'arrache. On aurait dit qu'il les avait gravé lui-même tant la finition n'était pas parfaite et maladroite.
" S.M " Tout simplement. Deux lettres. Sur un médiator noir. Une voix d'ange envoutante.

- Eleanor, tu viens? m'appela ma sœur.

Je fourrai en vitesse le médiator dans la pochette intérieure de mon sac avec mon carnet puis m'engagea dans la file derrière mes parents. Il fallait montrer le passeport et le billet d'embarquement mais j'étais un peu étourdie, je n'avais qu'une envie, regarder tout autour de moi pour le revoir et découvrir son visage.

Je n'ai vu que son dos, sa nuque et ses cheveux. J'ai besoin de connaître ses traits, ses yeux, sa bouche,...

- Merci, bon voyage !

La voix de l'hôtesse me sortit de mes rêveries, j'avais tendu mes papiers et marché jusqu'à bord de l'avion sans même m'en rendre compte. Ca ne me ressemblait vraiment pas de me mette dans cet état pour si peu...

Une fois installée, ma sœur du côté fenêtre, évidemment, j'ai ressorti mon carnet pour y caler le médiator.

- Domage que tu ne sois pas venue me rejoindre pour l'écouter jouer de plus près, il était beaucoup trop beau.

- Je l'ai entendu d'où j'étais, hein. C'est vrai qu'il avait une belle voix, rêvassai-je de nouveau.

Elle se pencha  sur mon carnet.

- T'as écris les paroles qu'il chantait?
- Ouais, plus ou moins.

- Trop cool ! Vas-y, colle le médiator.

- Je le ferai quand on sera dans notre chambre, maline. Est-ce que tu vois que j'ai du scotch sous la main, là?

- Ah oui,... Mais, oh, tu aurais vu ses yeux, Ele', et son sourire.

Je la fusillais du regard. Est-ce que j'étais jalouse de ma petite sœur de 12 ans parce qu'elle avait vu ce garçon alors que moi, je n'avais que son dos qui me revenait en mémoire? Je ne me reconnais plus, sur le coup.

- D'ailleurs, comment ça se fait qu'il t'a donné son médiator? Tu lui as fait tes yeux de chiens battus? la taquinai-je.

- Même pas! Enfin bon, peut-être un peu. Mais c'était trop sympa de sa part, il aurait pu le donner à n'importe qui mais il me l'a donné à moi!

- T'emballe pas non plus, hein, il surement capté que tu le fixais avec un peu trop d'insistance et il te l'a donné pour que tu déguerpisse, riais-je.

- Oh, comme t'es mauvaise, rétorqua t-elle en me donnant un coup de coude.

- Chers passagers, n'oubliez pas que tout appareils électroniques doivent être éteints lors du décollage de l'avion, les dossiers de vos sièges redressés, vos ceintures de sécurités attachées jusqu'à ce que le signal s'éteigne ainsi que vos sacs rangés dans le coffre ou sous le siège devant vous. Toute l'équipe d'Air Canada vous souhaite un agréable vol.

Après d'autres démonstrations de sécurité et vérifications en tout genre avant le décollage, je me rappelais vite d'éteindre mon portable.

J'eu un pincement au cœur en constatant que j'avais plusieurs notifications Facebook de Blake. En fait, nous avions échangé quelques messages depuis une semaine.

Same Stars - [Shawn Mendes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant