J'essaye de fuir mais tout me ramène à toi.

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Je me tiens devant lui ne sachant pas quoi faire

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Je me tiens devant lui ne sachant pas quoi faire. D'un côté j'ai envie de lui sauter dans les bras, d'un côté j'ai honte parce qu'il y a tout le monde, d'un autre j'ai envie de tout casser parce que personne ne m'a prévenu de son retour !

Je le regarde comme une conne et c'est là que je me rends compte qu'il est vraiment beau avec son bronzage. L'Espagne ça avait l'air pas mal à ce que je vois.

Ses lèvres s'étirent pour laisser voir ses dents blanches et c'est là que je n'arrive plus à résister. Je me rue littéralement dans ses bras, et quand il resserre ses bras autour de ma taille, un sentiment inconnu fait battre mon cœur très rapidement.

Les garçons se mettent à crier comme des enfants en nous voyant comme ça, mais je ne leur prête pas trop d'attention. Son odeur m'avait manquée, cette sensation d'être en sécurité quand je suis dans ses bras m'avait manquée. Je niche ma tête dans son cou, histoire de profiter le plus possible du moment.

..Jusqu'à ce que je me souvienne que tout le monde doit être en train de nous regarder et que ça va faire un bon moment que je suis dans ses bras. La gêne reprend le dessus très rapidement et je me détache de lui. J'en profite pour le regarder en détail, encore une fois.

On se rassoit sur les canapés, le son Introspection de Nabil tourne en boucle. D'ailleurs celui-ci commence à rapper par dessus, les garçons le suivent dans son délire et c'est comme un mini concert.

Tarik - Je t'ai manqué ?

Il se tourne vers moi, je suis la seule à pouvoir entendre ce qu'il me dit avec le boucan que font les autres.

— Non, j'ai à peine remarqué ton absence.

Je me retiens de rire, s'il savait que j'étais limite en dépression..

Tarik - C'est pour ça que tu t'es jeté sur moi et que tu voulais plus me lâcher ?

Putain, il l'a remarquer alors ? Je deviens rouge en un battement de cils.

— Je t'ai dis non, force pas. Et moi alors ? T'étais pas trop occupé avec les espagnoles ?

Tarik - Il rigole, non même pas. Ça me ressemble pas d'ailleurs, j'crois bien que tu m'as piqué ptite tête.

Bien sûr qu'il rigole en disant ça, mais au fond de moi ça m'a rendu heureuse. Faut vraiment que j'arrête de me faire des faux espoirs avec lui. On continue à parler comme si de rien n'était, on ne calcule personne d'autre, c'est comme si on était seul dans la pièce. Il me raconte comment il paissait ses journées en Espagne, et moi je lui raconte mes journées passaient ici.

Tarik - On va sur le toit ?

Le toit ou le tout dernier étage de leurs bâtiments, c'était juste un toit plat avec une vue sur toute la cité. On y allait souvent en été, parfois même pour y faire des barbecues.

Je hoche la tête timidement pendant qu'il prévient les gars de notre sortie. Je stresse un peu de me retrouver seule avec lui après tout ce temps. Sûrement parce que mes sentiments envers lui ont changé, ce qui me fait peur d'ailleurs. Dans quoi tu t'es embarqué Habibe ?

On s'installe quelques minutes plus tard sur le toit, presque sur le rebord avec nos pieds qui se balance dans le vide. Il regarde la vue en silence et j'en profite pour le regarder. Il s'est laissé pousser la barbe d'avantage, ce qui lui rajoute un charme.

Tarik - J'ai écrit un truc en Espagne.

Je l'interroge du regard pendant qu'il regarde encore le vide. Il sort une feuille de sa poche, elle est abîmée et c'est gribouiller de partout mais je distingue quelques phrases.

J'suis de la jungle appelle-moi Mowgli
J'ai le seum, j'ai pas le seumi
J'étais jeune je coupais un demi
Pas d'ami j'étais comme Rémi
Dans le 94 ou bien à Beriz
Dans mon zoo tu connais la pata-tate

Je continue à lire et il me prévient que les couplets sont dans le désordre. Ça me surprend, je savais qu'il avait quelques sons de sorties et qu'il voulait percer dans le rap avec Nabil et ce texte était tellement bon.

— C'est.. Lourd.

Il se retourne vers moi.

Tarik - Dit wAllah ?

— wAllah ! Faut que tu l'enregistres et j'achète direct.

Je peux le voir sourire, il range la feuille dans sa poche.

Tarik - J'ai des gros projets pour le futur. On va se lancer sérieusement dans le rap avec Nabil.

— C'est une bonne idée, je crois en vous.

Tarik - Et ça pourrait nous permettre d'arrêter la bicrave inchAllah.

Je détourne mon regard du sien. C'est tout ce que je leur souhaite car j'ai vu trop de frères tomber à cause de cette merde. Ça gâche leur vie même si je sais qu'ils le font par obligation, je ne peux m'empêcher d'avoir peur pour eux à chaque fois qu'ils traînent dans le hall. Au bon-char tu connais, je la vends pour nourrir la mif.

Tarik - En Espagne j'me suis senti grave seul.

Ça m'fait tout drôle d'entendre Tarik se livrer comme ça.

Tarik - J'sais pas ce qui m'es arrivé, j'connaissais personne là-bas et j'sortais pas. C'est un peu comme la prison, c'est de l'isolement. Les moments comme ça ça te permet de prendre le temps de cogiter. Et c'est ce que j'ai fait, comme un malade. C'est pour ça que j'ai écrit ça et d'autres morceaux aussi.

— C'est bien de laisser tout sortir des fois.

Tarik - Au début j'y arrivais pas, c'est comme si j'avais un blocage. Après j'me suis dit que c'est comme si j'parlais à quelqu'un. J'me suis imaginé en train de te parler, comme si je voulais t'expliquer tout ce que j'ai vécu dans ma vie.

Il a vraiment écrit tout ça en pensant à moi ? C'est le flou dans ma tête, je reprends la feuille pliée et relis ses phrases, qu'est-ce qu'il voulait dire par ça ? M'expliquer son vécu ?

J'm'en sortais en coupant des douze
Jure pas la vie de ta mère
Tu crois m'aimer ? Laisse faire le temps
La vie, un goût amer
Je la sucre avec une paire de gants
J'dis à papa pas le choix
T'façon peut-être qu'on nous a maudit

Je le regarde droit dans les yeux, ne sachant pas quoi dire. Est-ce qu'il parle vraiment de moi et de mes sentiments ? Pour seule réponse, il me fait un clin d'œil.

Tarik - Viens on rentre, les autres doivent sûrement nous attendre.

Je me sens tellement perturbée que pour une fois, je n'ai pas envie d'aller les voir. Ni eux, ni lui, ni qui que ce soit. J'ai juste besoin de me retrouver seule.

— Je dois rentrer. Le hlel de ma sœur Delya est samedi, soit là.

Je rentre chez moi rejoindre ma petite famille pour essayer de penser à autre chose.

La vie n'est pas tout rose, la vie n'est pas tout simple. J'ai cru quoi ? Que Tarik allais éprouver les mêmes sentiments que moi ? Non, ça serait trop facile. Il n'est pas comme ça, je le connais et pourtant je n'arrive pas à me défaire de tout ce que je ressens pour lui. La vie m'a laissé un « goût amer » comme il l'a si bien dit.

« Tu crois m'aimer ? Laisse faire le temps »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant