Chapitre 33

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Chapitre 33

*PDV Liam*

Je me retournais une centième fois sous ma couette, la blottissant contre moi. Cette maison était tellement froide qu'on aurait dit un réfrigérateur géant. Mes yeux se refermèrent, et je me sentais partir encore pour un profond sommeil.

Une sonnerie me sortit des bras de Morphée, dans la précipitation. Je regardais l'heure, la vision encore trouble : il était trois heures du matin. Quelle plaie. Moi qui pensait passer une nuit complète.

Je décrochais en soupirant, alors que j'entendais le plafond grincer sous les pas de Nina qui apparemment avait le sommeil léger.

«Imbécile ça fait déjà trois fois que je t'appelle! Tu es sensé être disponible! m'hurla une voix féminine.

- Désolé Lucie, je dormais, répondis-je alors qu'elle râlait de l'autre côté du fil. Explique moi le cas, le temps que je parte de chez moi.

- La petite fille de la 104, son opération a été avancé car il y a eu des complications. Liam, une greffe de rein sur une gamine, ton retard va peut-être l'entraîner directement au ciel, m'expliquait Lucie alors que j'enfilais un sweat et un jean correct.

- Lucie tu as encore passé ton temps libre dans les chambres des patients, soupirais-je en voyant Nina descendre de la mezzanine.»

Je raccrochais et lui fis une mine traduisant un désolé. Elle me sourit, encore un peu dans les vappes et déposa un baiser sur ma joue avant de me chuchoter «bonne chance». Je claquais finalement la porte et dévalais les escaliers. Il fallait vraiment que je me dépêche. Je sautais sur ma moto et démarrais, faisant chaque chose plus rapidement les uns que les autres, sans doute à mes risques et périls.

J'arrivais en trombe dans le parking et couru sans m'arrêter jusqu'à l'étage du bloc opératoire où m'attendait Lucie, l'air inquiète et fâchée.

«Liam, elle s'enfonce! s'écria-t-elle. Dépêche toi de les aider!»

J'hochais la tête, enfilant un masque et me passant les mains au savon. Je rentrai finalement dans le bloc, sous l'ai rassuré mais agacé de tout le monde.

>3h plus tard, l'opération terminée<

Je sortais, laissant un soupir de soulagement sortir de ma bouche. Finalement tout s'était parfaitement bien déroulé, les complications du début s'étaient vite dissipées. Mais sa vie n'avait tenu qu'à un fil pendant quelques minutes.

Je déteste cette sensation, qu'une vie soit soudainement entre vos mains et qu'au moindre faux mouvement, la mort soit si proche comme répercussion.

Je marchais jusqu'à la cafétéria où je pris un café. Lucie y était et elle se fut un plaisir de venir me faire la morale. Ça avait beau m'énerver, elle avait raison. J'étais complètement irresponsable.

«Mais mon dieu Liam, qu'est-ce qu'il te passe par la tête ces temps-ci? soupira-t-elle.

- Tu fais référence à Nina? Si c'est ça, on peut éliminer ce sujet de nos discussions dès maintenant.

- Nina, c'est pas mon problème mais apparemment ça affecte ton travail, et le travail, ça me concerne. Tu te rends compte qu'une gamine aurait pu mourir? Que des parents auraient pu perdre leur enfant, la prunelle de leurs yeux? Je ne juge pas ce que tu fais de ta vie privée, ce sont tes choix. Mais réfléchis, réfléchis si tu as fait les bons car ta vie actuelle joue sur ta carrière, et on ne peut pas le nier, tu es un très bon médecin, même un excellent. Encore ce matin tu as sauvé une vie, tu l'as rendu meilleure. Liam je t'admire pour ça, mais regarde comment les gens te toisent depuis quelques jours, tes retards, tes absences. On te prend plus au sérieux.

- Il est quelle heure?

- Six heures et quart. Mais tu m'as entendu?

- Parfaitement.

- Et tu dis rien? C'est ça maintenant? Le nouveau Liam ne dit plus rien?

- Lucie. Premièrement, il n'y a pas de nouveau Liam, je suis toujours le même. Et deuxièmement, je ne dis rien car ton discours suffit. Tu as raison, ma vie influence ma carrière, mais une vie, c'est ce qu'il me manquait depuis des mois. Alors je préfère la garder, même si je risque mon travail.

- Liam c'est inconscient...

- C'est humain.»

Au retour vers la maison, je m'arrêtais sur la route. Il était encore tôt alors la route était vide. J'arrêtais la moto sur le bord du chemin. J'aimais bien emprunter ce chemin. Au final il me retardait légèrement mais c'était un si beau paysage.

Je m'asseyais sur le bord graveleux du chemin de béton, enlevant mon casque. Je faisais face à un somptueux lac qui s'étendait sur plusieurs centaines de mètres. Sa couleur bleuté éblouissait et les vaguelettes jouaient avoir les reflets des rayons du Soleil.

On entendait un doux chant d'oiseau, sûrement blottit dans son nid en haut d'un arbre. Le vent se glissait dans les grands arbres et remuait les feuilles, provoquant des petits bruits. Si le calme était parfait, on pouvait même entendre les poissons gigoter près de la surface de l'eau.

C'était mon paradis.

Personne ne pourrait m'embêter à propos de Nina mais je ne cessais d'y penser pour autant. Lucie avait peut-être raison, on ne devait pas se laisser emporter dans une vie privée trop poussée. Je devrais probablement demander à la jeune fille de trouver quelque part d'autre où aller. Certes ça me ferait mal au coeur, un certain temps, puis ma vie reprendrait son cours à l'hôpital. Oui, c'est sûrement le mieux à faire.

Je me relevais finalement et chevauchais la machine qui bordait la route. Ma décision était prise, je devais virer Nina de l'appartement avant que tout devienne trop serieux. Je démarrais le moteur en trombe, rompant le long silence de ce paradis.

Mes yeux suivaient la route, se perdant dans le gris du béton. La vie fait souffrir quand même.

J'arrivais en bas de l'immeuble, puis quelques minutes après, j'insérais les clés dans la serrure. J'étais déterminé à m'imposer et imposer ma loi : Nina devait partir.

Je refermais et découvris une petite boule blonde sur le sofa. Nina était recroquevillée sur elle même, endormie. Je m'approchais d'elle, elle avait cet air si enfantin et innocent, c'est terriblement craquant. Je remarquais qu'elle tenait ma veste entre les bras, comme un enfant garde un vêtement de son parent quand celui-ci lui manque et qu'il a besoin de son odeur. C'est si adorable. Comment je peux la virer alors que je suis si attachée à elle?

Je la levais délicatement du sofa et la portai jusqu'à sa chambre. Elle ne s'était même pas réveillée. Je l'étendais, telle un ange sur le lit où elle reprit rapidement possession des draps. Un sourire m'échappa, mais aussi un bâillement, me poussant finalement à retourner dormir.

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~ You're my downfall, you're my muse, my worst distraction, my rhythm and blues ~

John Legend # All Of Me.

Good Liar (2014)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant