Partie 45

5.7K 867 39
                                    

Plutôt que de se morfondre sur son sort, Dieyna avait décidé d'accepter ce qui lui était tombé sur les épaules et de faire comme lui avait dit Mouha, c'est à dire passer à autre chose. Malgré le mal qui la brûlait intérieurement quand il lui arrivait de se remémorer son passé proche, force était de l'admettre que cet homme dont elle ne voulait pas prononcer le nom ainsi que toute sa famille n'en valaient pas la peine.

En même temps il y avait autre chose des plus urgentes car son père n'avait toujours pas '' refait surface ''. D'habitude c'était lui qui bordait les enfants jusqu'à ce qu'ils s'endorment avant d'aller se coucher à son tour. Mais cette soirée, rien, Dieyna lui avait tellement laissé de messages et avait à maintes reprises essayé de le joindre qu'elle s'était par la suite résignée. Pas une ombre de El Hadj ne se voyait. Moussa et Ahmed s'endormirent donc grâce à leur soeur. Et ils ne s'en plaignirent point puisque les deux petits adoraient leur soeur. En elle ils voyaient aussi bien cette figure paternelle que la présence maternelle à leurs côtés. Et même lorsque leur défunte mère les avaient quitté à jamais, il avait suffit que Dieynaba leur fasse croire qu'elle était en voyage pour qu'ils ne s'en focalisent plus. L'innocence et l'insouciance appartenaient à l'enfant même. Rien ni personne ne pouvait le faire sortir du monde sans soucis et du monde de rêves qu'il s'était construit. Être enfant c'est ne pas se focaliser sur les problèmes de la vie, c'est vivre dans sa propre bulle. Quand on est enfant la ''DOULEUR'' sous ses formes les plus atroces nous est quasiment inconnue. L'enfant efface et élimine la douleur, l'enfant ne pense pas à de quoi demain sera fait. Il vit sa vie, son moment présent, son rêve. L'enfant ne sait pas ce qu'est la déception encore moins la trahison. L'enfant a ce don, cette facilité et cette faculté extraordinaire d'oublier mais également de s'adapter à la situation. Plutôt c'est la situation qui s'adapte à lui car il ne change pas ses habitudes et sa manière de faire et de penser. Être enfant c'est vivre l'utopie même dans toute sa splendeur. Être enfant c'est la plus belle partie d'une vie...

Cette nuit-là Dieynaba avait décidé de lire une histoire à ses petits chenapans. Mais pas de ces histoires occidentales qui n'étaient pas de leurs réalités. Cette fois ci elle avait opté pour une des mésaventures de '' Bouki '' l'hyène et de '' Leuk '' le lièvre.  Et elle avait bien réussi car ils n'avaient pas tardé à rejoindre le pays des rêves. Elle leur mit à chacun sa couverture, déposa un baiser sur leurs fronts et sortit. Puisque leur père n'était pas ce soir dans la chambre d'à côté, elle ne voulait pas laisser ses petits frères seuls. Aussi emménagea-t-elle son lit dans leur chambre pour l'occasion.

À présent tout était calme et elle allait bien s'endormir et n'arrêtait pas de se retourner dans son lit mais des bruits assez bizarre avaient décidé de l'en empêcher. La jeune fille jeta un coup d'œil à son téléphone pour savoir quelle heure il faisait et se rendit compte qu'elle s'était endormie depuis presque trois heures. Il ferait minuit dans dix minutes. Mais alors qu'est-ce qui était à l'origine de ce bruit ? A cette heure aussi tardive de la nuit en plus. La jeune fille décida de s'enquérir de la situation mais la paralysie était le meilleur mot pour décrire son arrêt brusque à la vue du spectacle devant ses yeux. Mais peut-être était-elle toujours en train de dormir se convainquit-elle. Mais si c'était l'option choisie alors elle faisait un atroce cauchemar...

Ce qu'elle avait vu c'était son paternel, accoudé à la rampe de l'escalier car n'arrivant pas à marcher correctement. Plutôt il avait tout l'air de quelqu'un qui titubait. Dieyna accourut pour l'épauler mais elle ne pût retenir les larmes qui s'étaient échappé de ses yeux.

- P.. Papa qui est celui qui t'a fait ça ? Mais que t'arrive t-il voyons ? Parles moi

Mais rien, rien mis à part des paroles incompréhensibles ne sortaient de la bouche du père de famille. On aurait dit qu'il en avait perdu son vocabulaire car il ne faisait que murmurer des incantations d'après ce que Dieynaba pensait, ou alors était-ce du pur charabia qu'elle entendait. Il y avait également une odeur assez particulière et nauséabonde qui émanait de la bouche de ce dernier.

Ma vie avant et après toi [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant