Partie 48

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Cela devait à présent faire environ un mois et demi que Babacar s'en était envolé pour le Texas. Sa présence dans la demeure ainsi que ses nombreuses blagues pas toujours drôles venaient à manquer à Mouha parfois. Et les discussions avec sa mère aussi, celles dont il ne se lassait pas. Heureusement que chaque jour, depuis leur départ, ils communiquaient à travers les appels vidéos et les réseaux sociaux. Le jumeau de Mouhamed était donc parti vers d'autres cieux à la recherche de cette chose qu'est la connaissance. Ne dit-on pas souvent que cette dernière s'étend à l'infini ? À vrai dire on pourrait la représenter tel un océan, ou alors un fleuve intarissable, elle n'a de limites que notre imagination et notre envie d'en découvrir plus.
Et d'ailleurs William Shakespeare avait l'habitude de dire que le vrai pouvoir c'est la connaissance. Le jeune homme était en même temps à la quête d'expérience dans son domaine de prédilection. Il voulait faire une spécialisation afin de pouvoir exercer le métier qu'il souhaitait.

Son jumeau par contre avait choisi de rester dans son pays natal. Et par chance il avait reçu une proposition de travail qu'il allait accepter sous peu. Son objectif avait toujours été d'obtenir un emploi dès la fin de sa formation. Mais si jamais cela ne se produisait pas, il serait contraint de rejoindre son frère pour éviter le temps perdu. Mais qui l'aurait cru ? Une autre raison l'avait retenu au Sénégal. Et cette raison n'était nulle autre que Dieyna. Dieynaba Aïcha Kane, il avait parfois l'impression que toute sa vie tournait autour d'elle. Et d'ailleurs n'était-ce pas le cas ? Sinon comment expliquer le fait qu'il ait tout le temps envie de la voir, de savoir si tout allait bien pour elle...

Et en parlant de cette dernière, Dieyna reprenait calmement le cours de sa vie. Lentement mais sûrement dirait-on. Elle était parvenue à ne montrer aucun signe de tous les évènements qu'elle avait traversé à ses proches. Et oui même le viol avait été gardé secret, nul n'était au courant excepté Mouhamed. Et sans doute n'eut été lui à ses côtés, elle aurait sombré dans une dépression totale. Mais il avait su user des bons mots pour la maintenir. Et donc malgré tout elle avait obtenu son diplôme haut la main. Bien vrai qu'elle avait été perturbée à un instant de son parcours, mais maintenant elle rendait grâce au bon Dieu. Elle était parvenue à rendre son père El Hadj Rassoul Kane fier d'avoir une aînée aussi dévouée et motivée comme il le disait. Même si elle n'avait encore aucun projet en tête, elle restait quand même sereine. Tout vient à point à qui sait attendre...

Il devait faire aux alentours de vingt et une heure et la jeune fille n'ayant rien de particulier à faire, était assise en tailleur sur son lit, les mains croisées sur la poitrine à réfléchir à tout en général. En effet sa réflexion n'était pas axée sur un sujet précis, les idées allaient et venaient comme bon leur semblait. Elle eût derechef envie de continuer la lecture de la lettre de Anta. Cela faisait un bon moment qu'elle n'y avait pas touché et l'appétit de dévoiler d'autres secrets commençait à se faire tenace. Elle se leva, s'empara de la liasse de papiers et reprit :

<< Après la bonne nouvelle de sa grossesse que son épouse venait de lui annoncer, El Hadj s'endormit tout aussitôt. Anta elle ne dormait pas, elle n'y arrivait tout simplement pas. Quelques minutes après elle se retourna et le vit qui dormait à poings fermés, un léger sourire sur les lèvres. Elle le regarda longuement, se disant qu'elle n'avait pas le droit de lui empêcher de vivre tout ce bonheur. Vu comment il était ce soir, elle ne laisserait sans doute rien lui gâcher ce bonheur. Mais à quel prix...?

Les neufs mois de grossesse de Anta furent les plus beaux de toute sa vie. Jamais son époux n'avait été aussi heureux, il souriait tout le temps. Et même il était persuadé qu'elle attendait un magnifique garçon, raison pour laquelle il faisait tout pour que son épouse ne manque de rien. Il lui disait tout le temps que leur maison avait besoin d'un autre homme pour le seconder et l'assister dans ses plans...
Et Anta se mettait à rigoler à l'entente de ces mots. Ils avaient décidé de ne pas connaître le sexe du bébé, El Hadj se disait être totalement sûr que c'était un sexe masculin mais néanmoins il préférait qu'on ne le lui dise pas.

Ma vie avant et après toi [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant