QUARANTE-SEPT

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Lorsque Namjoon fut enfin calmé et sa main bandée, il me fit signe qu'il était prêt et je le suivis au salon, fermant la porte de la salle de bain derrière moi.

Je marchais nonchalamment le long du salon, suivant Namjoon comme son ombre, Taehyung n'avait pas bougé du canapé.

La télé était allumé sur une chaîne matinale pour enfants. Des animaux chantonnaient à l'écran, hypnotisant Tae qui semblait plus concentré que jamais.

Arrivé vers lui, j'imite Nam qui s'assoie à côté de son frère et vient me poser sur la table basse vernie, leur faisant face.

« Tae ~ »

La voix de Nam est maintenant apaisé, complètement différente de la dernière fois que je lui ai parlé. Ses mots sortent Tae de son état second qui se tourne instinctivement vers la source du bruit. À son expression on dirait qu'il vient juste de nous remarquer, comme si l'on était apparu soudainement, par magie.

« Oui ? »

« Approche. »

La tête du maknae se penche légèrement sur le côté, fixant son frère comme un chat qui n'aurait pas compris ce qu'on lui demande. Puis, voyant le manque de réaction de son frère, il finit par décoller son dos du sofa et s'approche doucement de Nam.

Je n'arrive pas à détacher mon regard de ses gestes félins jusqu'à ce qu'il se stop, à genoux. Son corps est à seulement quelques centimètres de celui de Namjoon qui semble lui aussi ne pas l'avoir lâcher une seconde des yeux.

Namjoon : Tu veux bien qu'on parle de Busan ?

La question semble rebuter Tae qui - sans même le vouloir - vient de reculer. Après quelques secondes il ramène ses genoux contre son torse et passe ses bras autour de ceux-ci, comme pour se rassurer. Comme pour se protéger.

Taehyung : Pourquoi... ?

Ses mots étouffés sont à peine audible alors que contrairement, je peux très bien entendre Nam prendre une profonde inspiration.

Il approche ses mains de Tae, posant ses doigts sur les genoux de son petit-frère. Puis, dans un mouvement très doux, il fait pression sur ses mains pour baisser les jambes de Tae qui se laisse faire, ne comprenant pas ce qu'il se passe.

Et Nam finit par ouvrir doucement le gilet de Tae, seul tissu qui lui couvrait le corps. Il descendit la fermeture éclair dans un long bruit métallique jusqu'à ce qu'elle soit complètement ouverte.

Et Tae complètement à découvert.

Le gilet finit par glisser le long de ses épaules alors que Tae garde la tête baissée. La honte et le malêtre se lis dans chacun de ses gestes, dans ses tremblements, dans son silence. Il refuse de lever la tête et de faire face à son frère devenu muet.

Muet devant la vérité qui s'offre à lui.

Cette vérité représentée par le corps de Tae, ce corps parsemé de tâches bleuâtre et violacés, ce corps meurtri par la violence d'un autre.

Ce corps pourtant si beau.
Si vulnérable.

Après de longues secondes insupportable, le plus petit finit par ramener ses bras sur son ventre, essayant de cacher la source de sa honte alors que son dos se courbe encore plus. Ses longs cheveux châtains lui tombe sur le visage, cachant ses traits et chacune de ses expressions.

« Tae j-je... Je suis désolé. Je savais pas j-je te jure. »

Aux mots de son frère Tae éclate en sanglots, ramenant subitement ses mains vers son visage pour essayer d'étouffer ses gémissements. Par instinct je me relève mais me stop net, ne voulant pas m'introduire dans leur discussion.

Mais le voir pleurer sans réagir c'est comme vivre sans respirer.

Et c'est dur, dur de ne pas pouvoir le protéger en cet instant même.

Alors je reste là, debout entre la table basse et le sofa, à attendre je ne sais quoi. Mes yeux son rivés sur le corps tremblant de Tae alors que ma respiration semble s'être coupé.

J'ai mal pour lui.

Nam quant à lui, reste immobile, ne sachant pas comment réagir face à cette douleur, il panique. Et je me décide finalement à bouger lorsque ses yeux croisent les miens, me suppliant de l'aider. De faire quelque chose, de réagir à sa place.

Sans même réfléchir je viens enjamber Tae et me place derrière lui, le faisant sursauter lorsque mon torse se colle à son dos. Doucement, je l'entoure de mes bras alors que je le vois relever la tête jusqu'à ce qu'elle soit en parallèle avec la mienne. Ses yeux peinent à rester ouverts à cause de ses larmes qui continuent de couler, et pourtant, lorsqu'il me voit il vient se blottir contre moi. Ma respiration qui était coupé il y a quelques instants et maintenant beaucoup trop rapide.

Et mon cœur bat tellement vite que je suis sûr qu'il peut l'entendre.

Ses doigts serrent et maltraitent mon t-shirt alors qu'il essaye de ramener ses jambes encore plus près de lui, comme s'il essayait de devenir plus petit.

Devenir invisible. Disparaître.

Alors que d'une main je le colle contre moi, la deuxième vient se faufiler dans ses cheveux que je caresse doucement, essayant de le calmer.

Nam reste impuissant devant la douleur de son frère, alors que Tae essaye durement d'étouffer ses gémissements contre moi, se calmant peu à peu.

« Tae... Je... Je veux juste savoir une chose, d'accord ? »

La voix de Nam me surprend, je ne m'attendais pas à l'entendre et Tae non plus, il a arrêté tout mouvement et semble attendre la suite.

Namjoon : Répond juste à ça et après on en reparlera plus jamais.

La tête de Tae se relève peu à peu, mais au lieu de regarder son frère il vient ancrer ses yeux dans les miens.

Namjoon : Si tu me répond ce sera terminé, tout ça, ce sera fini.

Tae semble perdu, ses yeux sont rouge et sa vision troublée par ses perles d'eau salées.

Namjoon : T'es d'accord ?

Tae continue de me fixer et n'a pas besoin de parler pour que je comprenne qu'il attends mon accord. Son visage est bouffi et sa peau laiteuse a rougi, irritée par le frottement continu de ses poings contre ses paupières.

Namjoon : Alors s'il-te-plaît, dis-moi qui t'as fais ça.

La voix de Nam est devenue suppliante, il est à bout. Moi aussi et je pense que Tae l'est depuis longtemps.

Alors lentement, je viens poser une main dans son dos, essayant de le calmer, de le rassurer. Mes doigts glissent de sa nuque au bas de son dos dans un rythme calme, comme bercé par une mélodie inexistante.

Je lui souris doucement, lui faisant comprendre que je suis d'accord avec son frère. Lui faisant comprendre que c'est la bonne solution et la seule chose à faire.

Et alors que sa respiration frénétique tape encore contre la peau de mon cou je peux l'entendre murmurer.

Deux mots. Trois syllabes.

Un prénom.

𝐒𝐄𝐎𝐔𝐋 | ʲʲᵏ⁺ᵏᵗʰOù les histoires vivent. Découvrez maintenant