𝐒𝐄𝐎𝐔𝐋 | ʲʲᵏ⁺ᵏᵗʰ

SOIXANTE-QUATRE

« Nam je suis vraiment désolé, je savais pas qu'il était revenu. »

« T'inquiète je m'en doute bien, c'est juste que... Le laisse pas avec Taehyung, ok ? J'ai pas confiance en lui. »

« Je te promet, il lui arrivera rien tant que je serais là. »

« J'ai remarqué oui... »

« H-hein ? Comment ça... ? »

Un léger sourire naît sur le coin de ses lèvres alors que j'ai du mal à déglutir, ne sachant pas comment interpréter ses quelques mots.

Taehyung : C'est bon je suis prêt !

Je me retourne vers Taehyung, emmitouflé sous plusieurs couches de vêtements alors que son écharpe recouvre la moitié de son visage comme lors de notre première rencontre. Je peux seulement apercevoir ses yeux sombres et quelques unes de ses mèches plus claires qui s'échappent de son bonnet, retombant sur son front.

Namjoon : Eh, tu me dis pas au revoir... ?

Nam laisse gonfler ses joues en imitant son frère pour le faire culpabiliser alors que Taehyung se dandine jusqu'à lui comme un enfant qui refuserait d'embrasser sa mère devant ses amis. Arrivé devant Nam, il s'appuie sur le rebord du lit et viens tendrement embrasser la joue de son frère, faisant claquer ses lèvres contre la peau du plus vieux.

Namjoon : Ah je me sens beaucoup mieux !

Taehyung : Aish n'importe quoi !

Le rire de Taehyung résonne dans la petite chambre alors que je dis au revoir à Yoongi d'un geste de la main, encore affalé sur sa chaise.

Mon dos s'appuie sur l'encadrure de la porte, attendant que Taehyung me rejoigne.

Jungkook : C'est bon ?

Taehyung : Oui !

Je lance un dernier regard à Nam et attrape les doigts de Tae entre les miens, serrant sa paume contre la mienne comme par habitude, ne me rendant même pas compte moi-même de mon propre geste.

C'était naturel, instinctif. Comme reprendre sa respiration ou cligner des yeux. Comme manger ou dormir. Le voir, lui parler, le toucher, prendre sa main, tout ça est devenu nécessaire. Vital.

Mais c'est seulement lorsque je me suis retourné vers lui, vers Tae, que je me suis rendu à cette évidence, l'évidence que cette habitude n'en est pas une. C'est tout nouveau, que ce soit pour l'un ou pour l'autre, et le fait que ce soit naturel pour moi ne veux pas dire que ça l'est forcément pour lui aussi.

Je le comprends parce qu'il n'as pas bougé, lorsque j'ai pris sa main dans la mienne. Ses yeux étaient tournés vers nos doigts entrelacés alors qu'il semblait s'être bloqué, comme paralysé sur ce simple détail.

Simple pour moi mais tellement complexe pour lui.

Malgré le tissu épais qui recouvrent les traits de son visage j'ai l'impression que ce contact lui fait quelque chose. Comme si c'était la première fois que la chaleur de nos deux peaux se rencontraient.

Je ne peux pas voir la couleur de ses joues mais je pourrais jurer que son cœur bat vite, assez vite pour que je puisse le sentir, comme pulsant à travers la peau de son poignet.

Après quelques secondes qui semblent me durer des heures à essayer de comprendre ce qu'il se passe dans sa tête, il relève finalement ses yeux vers moi, très lentement, tellement lentement que les secondes semblent s'être cette fois-ci complètement stoppées.

Et ses yeux se plantent dans les miens d'une façon qu'il ne l'avait encore jamais fait. Je ne saurais même pas l'expliquer, mais c'est différent. Il me regarde comme si d'un coup tout était clair, comme s'il avait compris.

Mais compris quoi ?

Je me perds dans ses prunelles sombres, quasi noires, me noyant presque alors qu'il prends son souffle et entrouvre ses lèvres. Je m'attends au mieux comme je m'attends au pire, en fait venant de lui je m'attends à tout.

Mais ce n'est pas sa voix qui finit pas résonner dans mes oreilles mais celle de mon frère, râlant qu'il voulait rentrer.

Pour moi ça ne représentait rien, absolument rien, c'était seulement quelques mots craché à l'autre bout du couloir, mais pour Taehyung ça voulait dire beaucoup plus que ça.

En tout cas c'est ce que j'ai compris lorsque sa main s'est brutalement détaché de la mienne et qu'il s'est avancé dans ce couloir la tête baissée, me laissant derrière lui, seul et complètement perdu.