𝐒𝐄𝐎𝐔𝐋 | ʲʲᵏ⁺ᵏᵗʰ

DEUX

« Vos gueules putain. »

Tous les regards se braquent subitement sur moi : Ils ont que ça à faire peut être ?

Ça fait déjà vingts minutes que je supporte les deux filles devant moi qui échangent les ragots de tout le lycée et de la vie de chaque élève.

Je déteste ce genre de personne.

Le genre qui jugent les gens rien qu'avec leur tête et leur nombre d'amis. Le genre qui font des réputations à tout le monde, et en invente pour certains. Pour ma part je ne vais pas me plaindre, la réputation que j'ai c'est moi-même qui me la suis créer et imprimer sur le front. Tout le monde me connaît ici et pour je ne sais quelle raison je possède une sorte d'autorité sur les autres élèves, comme si mon nom véhiculait une sorte de domination, d'autorité.

Et c'est tant mieux parce que je déteste qu'on vienne me chercher des emmerdes. C'est pour ça que je finis souvent par me battre avec Nam, car lui aussi a le sang chaud. Hoseok et Jiminie sont plutôt du genre pacifiste et Jin... Heureusement qu'il n'est pas dans notre lycée parce qu'il nous empêcherait toujours de nous battre, il serait même capable de se mettre entre nous pour nous calmer et empêcher les coups de partir.

Puis je ne parle même pas de Yoongi car lui c'est surtout un : « Grouille toi de lui casser la gueule pour qu'on aille s'asseoir. »

On se rejoint tous instinctivement à la pause et alors qu'on reprend nos places sur ces escaliers, je me rends compte qu'on a toujours la même complicité. En même temps je ne sais pas comment on aurait pu trouver le temps de la perdre puisqu'on passe toutes nos journées ensemble au lycée, et toutes nos soirées à sortir, à boire et à recommencer.

Les sujets de conversations fusent, et les rires s'ensuivent. Yoongi s'étale sur trois marches, Hoseok foudroie du regard Namjoon qui vient de sortir une énième cigarette et je peux sentir le cœur de Jiminie qui accélère à chaque nouvel élève qui passe devant lui.

Alors que je porte à mon tour une cigarette entre mes lèvres, je me souviens de ce matin et mon fou rire recommence sans attendre. Et alors que Yoongi me dit « gentiment » de la fermer je me tourne finalement vers lui, un sourire aux lèvres.

Je sors mon portable de la poche de mon sac, seule chose que ce dernier contient avec mes écouteurs, un paquet de Marlboro et un peu d'argent. Je le déverrouille et fouille rapidement dans mes photos récente jusqu'à trouver la source de mon bonheur. Après un dernier regard provocateur envers ma future victime, un rictus naît sur mon visage et je tourne l'écran de mon portable vers les yeux impatients d'Hoseok qui sautillait sur place.

Alors que je pouvais sentir Yoongi se décomposer sur place, le rire d'Hoseok contamina rapidement Jimin et arracha un gémissement à Namjoon qui ne pouvait pas rire à cause de la cigarette entre ses lèvres. Quelques secondes plus tard je me retrouve à dévaler les escaliers sur le dos, les genoux de Yoongi se retrouvant de part et d'autre de mon corps alors qu'il me secoue dans tous les sens pour réussir à attraper le portable que j'agite en l'air comme un gosse.

Ses efforts inutiles accentuent encore plus mon rire qui commence à me faire mal au ventre. Et alors que je commence presque à avoir du mal à respirer, je sens Yoongi se décoller peu à peu de mon corps jusqu'à se retrouver complètement suspendu en l'air. Je me relève lentement avec mes crampes au ventre et dirige mon regard vers Namjoon qui se trouve derrière Yoongi, le soulevant sans le moindre effort alors que ce dernier se débat dans tous les sens au plus grand plaisir de son ami. « Du calme petit sauvage, tu va t'épuiser sinon », il ricane à sa propre phrase alors que Yoongi lui crache des insultes en essayant de desserrer la prise qu'il exerce sur sa taille.

Je décide alors de supprimer la source de cette violence inattendue, au plus grand plaisir de Yoongi qui avait retrouvé sa place sur les marches, l'air encore plus dépressif que d'habitude pendant que Namjoon lui ébouriffe les cheveux. La sonnerie nous ramène enfin à la dure réalité du lycée : Dure réalité qui prendra bientôt fin.