SOIXANTE-NEUF

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Je suis pas arrivé à me rendormir après ça, enfin, j'ai pas vraiment essayé.

Je suis resté un long moment debout dans la cuisine, à l'endroit exact où mon frère m'avait laissé. Je ne faisais rien, ne bougeant presque pas, respirant à peine. Je me contentais simplement de détailler avec une précision extrême le petit individu encore endormi sur le canapé.

Son sommeil avait l'air d'être agité, comme il l'es toujours. Je pensais que maintenant que son beau-père serait loin et cet épisode de sa vie finit alors tout s'arrangerait, tout irait mieux.

Mais j'avais tords.

Tout ce qui s'est passé ne peux être effacé, pas aussi facilement en tout cas. Il ne peut pas oublier son passé, il peut simplement apprendre à vivre avec chaque jour, et je me sens, sans aucune raison, dans l'obligation de l'aider. De le soutenir. De le faire avancer.

De le rendre heureux, tout simplement.

Sa respiration était quelque peu désordonnée, ses souffles étant aléatoirement plus lents ou plus rapides. Son torse se soulevait au même rythme alors que son visage se tordait parfois d'un sentiment qui m'étais inconnu. Ses sourcils se fronçaient parfois, ses lèvres remuaient comme s'il voulait prononcer quelque chose mais aucun mot ne sortait. Rien à part quelques gémissements insignifiants et plusieurs râles chaotiques.

Après de longues minutes mon corps s'était finalement avancé vers lui, marchant lentement pour ne pas risquer de faire craquer le parquet sous mes pieds. Puis je me suis accroupis, là, juste en face de lui, à seulement quelques centimètres de son visage transpirant.

Même comme ça il est beau.
Je le trouverais toujours beau.

Je ricanais silencieusement à mes propres pensées, ce que je pouvais être niais avec lui, c'était impressionnant. Comme si j'étais quelqu'un d'autre en sa présence, une personne complètement différente, ou au contraire, moi-même.

J'avais d'abord commencé par ramener son bras ballant sur son torse, puis, j'avais passé mes mains sous son corps. Je l'avais soulevé sans aucune difficulté, ôtant délicatement son corps du cuir abimé du canapé alors que mes jambes remontèrent doucement les escaliers que j'avais traversé en courant il y a quelques minutes.

Après avoir ouvert la porte de sa chambre d'un poussement de pieds, je m'étais engouffré dedans alors que mon odeur était maintenant mélangé à celle du petit être inconscient entre mes bras.

C'est seulement après de longues secondes que j'avais fini pas me détacher de lui, allongeant Taehyung dans le lit qu'il avait quitté la veille à cause de moi et remontant le draps jusqu'à ses oreilles.

Je suis pas arrivé à me rendormir après ça, enfin, j'ai pas vraiment essayé.

J'avais simplement remplacé le corps de Taehyung sur le canapé, alors que le soleil commençait doucement à se lever, illuminant la ville.

𝐒𝐄𝐎𝐔𝐋 | ʲʲᵏ⁺ᵏᵗʰOù les histoires vivent. Découvrez maintenant