Chapitre 7.2

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Kaden m'avait fait visiter les différents dortoirs, l'immense cuisine extrêmement moderne et les autres salons et salles à manger. Les pièces étaient toutes plus originales les unes que les autres, chacune dégageant une atmosphère spécifique. Toutes avaient un thème précis suivant l'artiste qui les avait imaginées et décorées. Des néons, des graffitis, des décors, des plantes décoraient chaque espace. Je sautillais de salle en salle. J'avais l'impression d'être une petite fille un jour de Noël tant j'étais émerveillée par cet endroit. J'aurais voulu tout voir, mémoriser chaque détail afin de ne jamais oublier cet immeuble magnifique. Kaden me parlait beaucoup, ce qui me surprenait. Lui qui paraissait si secret. Ici, il était totalement décontracté, comme dans son élément, et saluait amicalement chaque artiste que nous croisions. Je faisais de même, malgré que ces derniers me lançaient quelques regards étranges. Toutefois, je me sentais un peu mieux accueillies que la dernière fois.

Lorsque je me dirigeai à nouveau vers le salon vintage que j'adorais tant, je sus que la visite touchait à sa fin. J'observai le dos de Kaden, ses muscles se contractant à chacun de ses pas. Il avait passé une heure à me raconter de sa voix rauque et envoutante son projet, son commencement, sa mise en place. J'avais été obnubilée par sa voix douce et son odeur si particulière. J'avais à nouveau ressenti ce lien qui nous unissait. J'avais envie de le toucher, de l'embrasser. Mais je n'en fis rien, ne sachant pas comment m'y prendre. Kaden semblait assez détaché et nous n'avions pas reparlé de notre dernière rencontre. Celle où nous avions été à deux doigts de nous embrasser sous cette voûte étoilée.

Je m'apprêtai à m'affaler dans le divan lorsque Kaden attrapa ma main et m'emmena aux salles d'eau qui se situaient non loin. Après avoir traversé quelques pièces et empruntés quelques couloirs, nous arrivâmes dans une salle pratiquement vide que je n'avais pas encore visitée. Les cabines de douche et les toilettes n'y étaient pas encore installées. Le mobilier avait déjà été disposé, mais les portes devaient encore être placées et les murs consolidés. Ici et là, les blocs étaient encore visibles et quelques personnes appliquaient la première couche de plâtre. Certains artistes qui taguaient et peignaient les murs déjà terminés se retournèrent et me saluèrent timidement tout en fixant nos mains liées d'une manière étrange. Je n'avais même pas remarqué que nous avions entrelacé nos doigts. Gênée, j'essayai de me défaire de l'emprise de Kaden, mais ce dernier ne me laissa pas faire, raffermissant sa prise. Il sourit et alla saluer quelques-uns des travailleurs. Il finit par se détacher de moi quelques instants avant de revenir pour me donner un seau et des pinceaux. J'attrapai le tout maladroitement et nous nous dirigeâmes vers ce qu'il me semblait être les toilettes des filles, au vu des sigles qui trônaient sur les portes. Je déglutis difficilement, appréhendant ce moment. Jase et moi n'étions pas très bricoleurs. Avec les nouvelles technologies que la BPP mettait à notre disposition, nous n'avions jamais eu à toucher un seul pinceau. Mais ici, Kaden n'avait pas les moyens de payer des robots ou d'acheter des outils autonomes. Il faisait donc tout à l'ancienne. Et c'était loin de me plaire. J'allais me ridiculiser.

Dans cette pièce, les sanitaires étaient pratiquement opérationnels. Il n'y avait plus qu'à appliquer deux couches de peinture sur les murs. Chaque cabine était séparée de la suivante par un haut mur blanc. Les portes étaient déjà peintes et quelqu'un avait stylisé les différents miroirs en y apposant quelques dessins. Je me retournai et remarquai que les quelques travailleurs présents avaient quitté la salle. Nous étions seuls dans cette pièce élégante et décorée avec goût.

« Tiens, dit Kaden en me tendant un rouleau et en versant de la peinture rose framboise dans mon bac. Je m'occupe de peindre les murs de gauche. Toi, tu dois faire le mur du fond, continua-t-il en me le désignant. Je sais que ces objets datent des années 2130 mais je ne pouvais pas me permettre d'acheter des robots pour la rénovation du bâtiment, c'était complètement hors budget. Tu sais peindre, j'espère ?

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