Chapitre 15.1

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Une pression sur ma poitrine me sortit de mon sommeil profond et réparateur. Cela faisait longtemps que je n'avais pas dormi aussi bien. Avant, avec les missions, les traques, les dossiers à analyser, les questions, les mystères, j'avais l'habitude de dormir peu, voire pas du tout. Je n'étais pas insomniaque, loin de là. Mais je ne prenais jamais le temps de me reposer. J'avais toujours quelque chose à faire. Ici, avec Kaden, j'avais enfin pris du temps pour moi.

Je m'étirai délicatement, ressentant les bienfaits d'une bonne nuit de sommeil salvatrice. Dormir autant m'avait fait un bien fou. Je regrettais toutes ces nuits où je m'étais contentée de me reposer quelques heures, enfoncée dans un sommeil agité. Je prenais maintenant conscience de la fatigue accumulée au cours de ces dernières années. J'avais envie de rester ici, dans cette chambre, sous cette couette, pour l'éternité.

Je baissai doucement la tête et vis Kaden, à moitié allongé sur moi. Dans cette position, la bouche légèrement entrouverte, il paraissait enfin serein. Ses traits durs étaient détendus et son souffle régulier m'apaisait. Je ne pus m'empêcher de passer une main dans ses cheveux en bataille. Il semblait si calme, contrairement au Kaden préoccupé et toujours sur ses gardes que j'avais connu jusqu'ici. Je souris, caressant sa joue ornée d'une barbe de quelques jours. Mes doigts glissèrent sur sa peau lisse, le chatouillant au passage. Il gigota quelque peu dans son sommeil en fronçant les sourcils. Je ris et sa tête suivit les soubresauts de ma poitrine, ce qui le fit grogner de mécontentement. Il ouvrit faiblement les yeux et m'observa longuement avant que ses lèvres ne s'étirent en un lent sourire. Il se redressa, frottant ses yeux au passage, et s'allongea sur le côté près de moi, ses doigts jouant sur mes côtes dénudées. Je fermai les yeux, appréciant son toucher délicat. Je me souvenais de ses mains sur mon corps, de sa bouche sur la mienne, de cette sensation d'être entière. C'était définitivement la plus belle nuit de mon existence.

J'ouvris finalement les yeux et tournai la tête sur le côté pour mieux l'observer. Sa joue était marquée par les draps et ses petits yeux tentaient désespérément de percer les brumes du sommeil. Je ne pus m'empêcher de rire devant son air ensommeillé et insouciant.

« Arrête de te moquer de moi dès le matin. C'est agaçant, marmonna-t-il, plongeant sa tête sous les grands coussins, son bras entourant ma taille. »

Je ris de plus belle. Je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse être aussi susceptible dès le matin. Je soulevai les coussins sous lesquels il s'était réfugié et embrassai délicatement sa joue. Il ne pipa mot. Je décidai alors de me lever et le poussai doucement pour pouvoir m'extirper de la chaleur des draps fins et soyeux. Un bruit sourd ainsi qu'un petit cri de surprise me fit tourner brusquement la tête. J'écarquillai les yeux en voyant Kaden à terre, les quatre fers en l'air. Il grommela et se frotta le haut du crâne, mécontent. Je pinçai mes lèvres, me retenant de rire, mais, en voyant son regard noir et sa mine renfrognée, je ne pus m'empêcher d'exploser. Je venais de l'éjecter hors du lit en bonne et due forme. Kaden se leva aussitôt et fit rouler ses épaules en grommelant. Je parvins enfin à me calmer et m'excusai, la mine contrite. Je n'avais pas encore appris à contrôler mes nouvelles capacités. Ma force, mes sens, ma vitesse... Tout me dépassait pour l'instant. J'observai mes mains. Je l'avais pourtant à peine touché...

Je lui lançai un énième regard désolé et m'enroulai dans les draps pour cacher ma nudité, me dirigeant vers la salle de bain pour me préparer. Tandis que je contournai le lit, j'aperçus Kaden, toujours debout, mais le visage fermé et les traits tirés. Il ne semblait pas être du matin. Ou alors, il n'aimait pas vraiment se faire propulser hors de son lit sans raison, ce que je pouvais comprendre. Je mordis ma lèvre inférieure pour effacer le sourire qui se dessinait sur mon visage et tentai de m'échapper rapidement. Je courus sur la pointe des pieds, faisant attention à ne pas emmêler mes jambes dans les draps. Je ne souhaitais pas non plus me retrouver à terre.

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