Chapitre 13.2

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Affalée sur le fauteuil du salon rétro, trois paires d'yeux me fixèrent avec incompréhension.

« Attends... Ils veulent tuer tous les habitants de la planète X-Teria ? demanda Jackson, abasourdi. »

Je hochai la tête péniblement et agitai ma main dans les airs pour lui expliquer que ce n'était pas vraiment une nouveauté tout en sondant les sentiments de Kaden. Je le regardai du coin de l'œil, mais son visage semblait impassible. Je ne l'avais jamais vu aussi fermé. J'avais l'impression qu'il était hors d'atteinte. Rien que je puisse faire l'aurait consolé. Ses bras étaient croisés sur son torse, faisant ressortir ses muscles. Il tentait de montrer que cela ne l'atteignait pas, mais je voyais à sa posture fermée que ce n'était pas le cas. Et je le sentais. Des vagues de colère et de désespoir m'assaillaient, de plus en plus fort.

Jase prit sa tête entre ses mains et marcha de long en large. Je lui jetai un regard noir, ce qui le froissa.

« Quoi ? aboya-t-il.

— Tu sembles étonné alors que je t'avais bien dit après mon premier entretien avec Reichd que ses intentions n'étaient pas nettes. Je t'avais prévenue et tu ne m'as pas crue... Et puis, Reichd se doute de quelque chose, j'en suis sûre. »

Ma voix se brisa.

« Putain, Lili ! hurla-t-il. Comment aurais-je pu savoir à ce moment-là que la BPP se foutait ouvertement de nous ? Je t'ai élevée grâce à eux et nous avons survécu grâce à eux. Je ne pouvais pas imaginer que tout cela n'était que des putains de conneries ! »

Je ne répondis rien. Il avait raison. Je me contentai donc d'essuyer les larmes qui coulaient doucement sur mes joues. Je n'arrivais pas à gérer à la fois mes sentiments et ceux de Kaden, mais je me voyais mal lui demander de faire un peu plus attention et de contrôler notre lien. Il semblait déjà assez abattu par mes explications. Après tout, je venais de lui annoncer que la BPP voulait exterminer son espèce. Je ne devais pas m'attendre à ce qu'il saute de joie.

Nous étions pratiquement tous réunis dans cette pièce depuis mon retour. Jesse et Grace étaient parties chercher leurs dernières affaires, ne supportant plus l'atmosphère pesante qui régnait ici. Au fond, elles souhaitaient surtout éviter le sujet. Nous avions tous été conditionnés par la BPP et nous nous sentions coupables d'avoir participé à cet engrenage infernal. La vérité était difficile à encaisser pour tout le monde.

Des vagues de tristesse et de rage pure me frappèrent à nouveau, me faisant écarquiller les yeux. Je souffrais d'un mal-être profond qui ne m'appartenait pas. Les sentiments de Kaden me parvenaient beaucoup trop intensément. Je ne pleurais pas parce que j'étais triste. C'était ses sentiments à lui qui me prenaient à la gorge. Je n'arrivais plus à contrôler mes émotions, tellement celles du Teria m'accaparaient. Je ne parvenais même plus à ouvrir la bouche pour lui demander de faire attention à moi. Kaden m'avait prévenue qu'il était possible de fermer momentanément le lien si on le désirait, mais que, contre de fortes émotions, nous ne pouvions rien faire. Les larmes coulèrent toujours sur mes joues et je semblais incapable d'y remédier. Cet état de vulnérabilité me prit de court. Le pire était que personne dans cette pièce n'était foutu de remarquer mon état alarmant. Jackson semblait trop choqué par la nouvelle que pour prêter attention à autre chose et Jase effectuait toujours les cent pas, arpentant le salon de long en large.

Au bout d'un moment, Kaden releva la tête et vis que je pleurais. Il s'approcha de moi, inquiet. Il posa ses mains sur mes épaules et déposa un doux baiser sur mon crâne, ce qui m'apaisa.

« Ne pleure pas, chaton. Ce n'est pas ta faute, me rassura-t-il par la pensée. »

Si j'en avais été capable, j'aurais éclaté de rire à ce moment précis. La situation était complètement ridicule. Kaden se sentait mal et je devais le réconforter. Or, c'était tout le contraire qui était en train de se passer. Je tentai de parler, mais n'y parvins pas. Je décidai alors d'essayer la télépathie. Je devais bien en être capable. Je me concentrai sur Kaden, comme si je voulais lui envoyer un message.

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