Chapitre 21.2

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Je me retrouvai, les bras tendus de part et d'autre de mon corps, essayant de retenir deux mâles bourrés de testostérone. Ils se toisaient en chien de faïence, le torse bombé et les muscles gonflés. Jase et Clay ne semblaient pas me voir, trop préoccupés à jouer les mâles dominants. Je soupirai. On ne pouvait pas dire que la famille Clark ne provoquait jamais de problèmes. Nous étions même au sommet d'une montagne d'ennuis, les pieds en équilibre sur une corde instable, à deux doigts de se briser. Une étincelle et tout dérapait.

Je baissai la tête de justesse, évitant une boule de feu projetée par Clay. J'écarquillai les yeux, effarée. Jase ne pouvait pas survivre à une attaque pareille. Si Clay continuait ainsi, cela allait très mal se terminer. Je les repoussai encore une fois, à bout de force. La chaleur qui irradiait du corps de Clay était impressionnante. Je ne savais toujours pas ce qu'il était, mais une chose était sûre : nous n'avions jamais eu affaire à un alien aussi puissant.

On m'asséna une claque. Ma tête partit sur le côté et je la secouai, sonnée. Je fronçai les sourcils et toisai mon frère. Était-il à ce point préoccupé par son honneur qu'il me frappait sans retenue ? Je grognai, impuissante face à ce combat de coqs. Pourquoi Clay s'en prenait-il à mon frère ? C'était moi qu'il provoquait depuis le début. C'était moi qui répondais à ses menaces. C'était moi et moi seule qui avais marmonné sans réfléchir ces dernières paroles qui nous avaient amenées jusqu'ici, au beau milieu d'une lutte sans merci.

Évitant un énième coup, je reculai et regardai le combat, dépassée par les évènements. Je jetai un coup d'œil autour de moi. Carly semblait désemparée. Jackson et Jesse ne savaient plus quoi faire et Kaden restait immobile, le visage impassible, ses bras croisés sur sa poitrine. Il paraissait lassé. Je fronçai les sourcils, mais n'eus pas le temps de me soucier plus longtemps de lui. J'évitai de justesse une seconde boule de feu. Je vis rouge. Tout ceci commençait sérieusement à m'énerver.

Depuis que j'avais compris que la BPP nous menait en bateau, j'étais désemparée. À cela s'était ajouté ma nouvelle condition de Teria, mes tatouages, l'assaut du Repaire, notre fuite et notre accueil catastrophique ici. Pas un seul instant, Clay n'avait cessé de se pavaner et de nous provoquer. Pas un seul instant, il n'avait réellement eu l'intention de nous aider. J'en avais plus qu'assez de son air arrogant et condescendant.

Je me dirigeai vers lui, furieuse, et tendis mon bras vers Jase pour l'empêcher d'avancer. Je manquai de me faire empaler par un couteau qu'il avait lancé. Malgré tout, je me tins à nouveau entre eux et, à bout de nerf, je m'écriai :

« Ça suffit maintenant ! »

Je tapai un bon coup sur leur torse, excédée par leur manège. Je voulais qu'on en finisse. Une guerre se préparait, là, dehors. Et tout ce que nous faisions ici, c'était de nous provoquer pour asseoir notre autorité. J'avais moi-même ma part de responsabilité, je le concédais. Mais maintenant, cela devait cesser. Nous devions agir en adultes responsables et mettre nos différends de côté. Nous avions une crise planétaire à gérer et des milliers de vies à sauver. Plus nous restions ici à nous narguer, plus des vies extraterrestres étaient mises en danger.

Mes pensées me surprirent moi-même. Jamais je n'aurais agi avec autant de maturité quelques mois plus tôt. Ce pouvoir... Il me changeait, c'était indéniable.

« J'ai agi comme une gamine, je le concède, déclarai-je de but en blanc. Mais je ne suis pas la seule. Alors chacun prend sur lui et fait au moins semblant d'accepter l'autre. On a des vies à sauver et une crise intergalactique à éviter. Réveillez-vous un peu ! »

Je sentis Clay et Jase se calmer, ce qui me soulagea. Soufflant un bon coup, je baissai les bras, les mains tremblantes. Je relevai la tête et fus surprise par le silence de mort qui régnait sur la place. Tous me dévisageaient. Je repris contenance et souris timidement avant de me diriger vers l'estrade d'un pas mal assuré, estimant que le problème était réglé. Après tout, les deux hommes s'étaient calmés. Nous pouvions enfin reprendre la réunion où on l'avait arrêtée.

X-TeriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant