Chapitre 14.2

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Je fermai les yeux et tentai d'effleurer son esprit. Je fis comme il me l'avait appris un peu plus tôt. J'inspirai profondément et visualisai sa conscience. Je visualisai une énergie dévorante qui se tenait non loin de moi et j'y envoyai des ondes douces et apaisantes. Je ne savais pas exactement ce que je faisais et n'avais aucune idée de si ça l'atteignait réellement. Toutefois, en ouvrant les yeux, je vis les épaules de Kaden se détendre et je sus immédiatement que ma tentative d'apaisement télépathique avait fonctionné. Je souris, fière de moi. J'avais réussi à lui communiquer des sentiments. J'avais su utiliser le lien à mon avantage ! J'apprenais vite et me faisais de plus en plus à l'idée que je n'étais plus tout à fait comme avant. J'étais aussi Teria à présent. Je passai une main dans mes longs cheveux blonds et m'avançai pour me plaquer tout contre lui. Je chatouillai sa nuque à l'aide de mon nez. Il rit. Mais je vis dans ses yeux qu'il n'était pas tout à fait convaincu par mon discours.

« Je n'ai pas dit tout cela pour te culpabiliser, commençai-je d'une voix douce. Tu as fait ce que tu devais faire, depuis le début.

— Où veux-tu en venir ? me demanda-t-il, sur ses gardes.

— Kaden, tu n'es pas le seul dans l'histoire ! m'exclamai-je. Mon frère et moi avons passé des semaines à récolter des informations sur toi dans le but de te livrer à la BPP. Alors oui, dans notre cas, nous n'avons pas trouvé grand-chose. Mais l'intention était la même. Nous étions tous méfiants. Alors, tu ne dois pas t'en vouloir de t'être méfié de moi. »

Il souffla et je sentis la tension quitter son corps.

« Et puis, il faut dire que, au début, je ne pensais qu'à te tuer tant cela m'énervait que tu sois introuvable, avouai-je en riant. »

Il rit aussi et je sus que j'avais réussi à l'apaiser. Soudain, je me figeai. Une drôle de sensation m'assaillit et j'eus l'impression d'entendre des murmures. Je fronçai les sourcils. Qu'était-ce ? Lorsque je le fixai, j'écarquillai les yeux, comprenant enfin. Il m'offrait un libre accès à ses pensées. J'inspirai fébrilement. Il avait laissé tomber ses murs, me permettant de lire en lui comme je le laissais lire en moi. Une envie irrépressible d'en savoir plus me saisit, surtout depuis que j'avais vu tous ses souvenirs défiler devant moi tout à l'heure sans avoir le temps de les comprendre. Mais je ne voulais pas l'espionner. S'il devait me révéler des choses, il le ferait de lui-même. Pourtant, ce nouveau sentiment m'intriguait. J'étais totalement connectée à lui, à ses pensées, à son ressenti. Il avait osé baisser ses défenses parce qu'il me faisait confiance. Pouvais-je m'introduire dans son esprit maintenant, alors qu'il venait de faire tomber ses dernières barrières ? Et s'il réagissait mal ? D'un autre côté, s'il l'avait fait, c'était qu'il acceptait l'idée que je puisse lire en lui.

Je penchai ma tête à droite et à gauche, pesant le pour et le contre tandis que Kaden semblait perdu dans ses pensées. Ce serait tellement plus simple d'avoir les réponses à mes questions sans en poser aucune. J'avais accès à tant d'informations. Je me triturai l'esprit un bon moment, me mordillant la lèvre et jouant nerveusement avec mes mains. Il avait confiance en moi. Non, je devais lui parler et exprimer ce que je ressentais. Je ne pouvais pas profiter de lui ainsi. Nous devions communiquer. Mais l'attirance était trop forte. J'étais si curieuse. Je souris. Kaden aussi espionnait chacune de mes pensées à longueur de journée. Il ne m'en voudrait sûrement pas. Je résistai encore quelques secondes avant de me connecter totalement à lui.

Je me lançai et quelque chose d'incroyable se produisit alors. Je me sentis quitter mon corps et me faire projeter dans celui de Kaden par l'intermédiaire de notre lien, sans que j'aie le temps de réagir. Je voulais savoir ce qu'il se passait dans sa jolie petite tête. À aucun moment je n'avais pensé faire... ça ? C'était comme si la partie extraterrestre qui sommeillait en moi s'était soudainement éveillée. J'avais l'impression de faire partie de lui. Je ne me trouvais plus dans un état physique, je n'étais pas non plus dans mon corps. Je flottais. J'étais lui en quelque sorte. Cette sensation d'apesanteur me fit penser à ce fameux jour où j'avais failli y rester. Je grimaçai et tentai de me rassurer tandis que je me retrouvai plongée dans la pénombre.

X-TeriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant