X-Teria

Chapitre 18.1

Je regardai David de mes yeux bleus, épuisée par notre précédent combat. Mon cerveau tournait toujours à plein régime, digérant les informations que je venais de recevoir. Je grimaçai. Je sentais déjà une migraine poindre le bout de son nez. David, qui se tenait toujours près de moi, me tendit la main pour m'aider à me relever. Je la fixai. Je comprenais pourquoi David avait agi ainsi. Il avait tout fait pour me pousser à bout, pour me faire sortir de ma léthargie. Et cela avait fonctionné. Mais étais-ce pour autant que je devais le pardonner et accepter son attitude méprisante ? Je n'en étais pas certaine... Toutefois, je n'avais plus envie de me battre. Tout en dévisageant durement David afin de lui faire comprendre que je n'acceptais pas pour autant son comportement, je me redressai pour saisir sa main. Mais alors que mes doigts étaient à quelques centimètres des siens, une douce chaleur m'envahit. Je fermai les yeux, appréciant cette sensation réconfortante, puis comprit d'où elle provenait. Kaden.

Ouvrant les yeux, terrifiée, ma main se referma dans le vide. David avait disparu. Bon sang, Kaden ! J'avais complètement abaissé mes défenses. J'avais totalement oublié de contrôler notre lien. Il avait dû ressentir toutes mes émotions lors de mon altercation avec David. Il avait tellement dû s'inquiéter... Je me concentrai sur notre lien et une rage pure me frappa. Qu'allait-il faire ? Me redressant d'un bond, je perçus des bruits de lutte dans un coin de la pièce, une lueur verte arrosant les murs.

« Eh merde, marmonnai-je en clignant des yeux, chassant les points noirs qui y dansaient. »

Je m'étais redressée trop vite. M'appuyant contre le mur, je repris mes esprits. Des grognements effrayants et des bruits horrifiants me sortirent de ma léthargie. Je balayai la pièce du regard, à la recherche du combat qui semblait se dérouler. Alors, je les aperçus. Bouche-bée, je regardai les deux hommes qui se battaient dans une lutte acharnée. Bon sang, ils allaient se tuer ! Cette pensée suffit à me remettre de mes émotions. Je fus frappée par les bruits, les odeurs, les sons. Mes sens étaient en alerte et je sentis l'adrénaline courir dans mes veines. Il fallait que je fasse quelque chose. Il fallait que Kaden comprenne que j'allais bien car il semblait perdu dans une rage folle.

Je me concentrai, sentant l'énergie crépiter sous ma peau. Maintenant que Kaden était dans la pièce, il était bien plus facile de contrôler mes pouvoirs, comme si sa simple présence suffisait à les amplifier. J'analysai alors la situation et je souris en voyant Kaden prendre le dessus. Même si je ne souhaitais pas qu'ils s'entretuent, une partie de moi était heureuse que David soit un peu remis à sa place. Ça leur fera du bien, à lui et son égo surdimensionné. Mais mon plaisir fut de courte durée. Il fallait les séparer.

Je tentai de communiquer avec Kaden à travers notre lien, mais un silence pesant me répondait. Impossible de lui parler. Un tourbillon de colère avait élu domicile au fond de mon estomac et je savais que cela ne provenait pas de moi. Kaden avait perdu le contrôle. Et si David s'y mettait aussi... Je n'osai même pas imaginer ce qui arriverait si ces deux-là se déchiraient. Le Repaire entier serait détruit. Et nous aussi.

Je tentai de me calmer, faisant abstraction des sentiments de Kaden qui faisaient rage en moi. Je devais intervenir. Mais comment ? Les deux hommes bougeaient tellement vite que je ne voyais qu'un ballet coloré, étrange mélange de pourpre et de vert. Mon cœur battait à tout rompre et je me figeai face à la puissance qui me percuta. Je reculai d'un pas, la poitrine comprimée.

« C'est pas vrai, grimaçai-je. »

David venait de perdre le contrôle. Alors que je luttais contre leurs deux auras écrasantes, je les aperçus enfin. Kaden et David étaient sous leur forme originelle. Et mon cœur se souleva. Kaden était magnifique, sous sa forme humaine comme originelle. Mais David était... Ce qu'il était semblait indescriptible. Sa peau difforme luisait d'une couleur pourpre, parsemée d'éclats violets. Je ne parvenais pas distinguer sa tête ou ses bras tant son corps était tordu dans des angles improbables. Il était monstrueux. Monstrueusement puissant. Je fléchis lorsqu'une nouvelle vague d'énergie me percuta de plein fouet. Les murs se mirent à trembler. Nous étions cuits.