LE SUJET - CHAPITRE 4

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CHAPITRE 4 : LE DÉSIR

L'essentiel du cours

Nous éprouvons  sans  cesse  des  désirs  :  que  le  désir  vise un  objet  déterminé  −  une  belle  voiture  −  ou  un  état  diffus  et  général  –  le  bonheur  −,  désirer  semble  faire  corps avec  l'élan  même  de  la  vie  qui  sans  cesse  nous  entraîne  au-delà de  nous-mêmes  :  vers  les  objets  extérieurs  pour  nous  les  approprier,  ou  vers  ce  que  nous  voudrions  être  mais  que  nous  ne sommes pas.

LE  DÉSIR  EST-IL  ESSENTIEL  POUR   COMPRENDRE  CE  QU'EST  L'HOMME  ?

Si  Spinoza  a  pu  faire  du  désir  l'essence  même de  l'homme,  c'est  que  désirer  n'est  pas  un  phénomène  accidentel  mais  bien  le  signe  de  notre condition  humaine.

C'est  d'abord le signe d'un manque : on ne désire que  ce  que  l'on  n'a  pas.  Il  y  aurait  au  cœur  de l'homme une absence de plénitude et un inachèvement qui aspireraient à se combler et qui seraient à l'origine  de  la  dynamique même de l'existence.

DÉSIR  ET  BESOIN

Le besoin caractérise l'état de l'organisme lorsqu'il est privé de ce qui assure son fonctionnement : on distingue  le  besoin  vital  −  boire  et  manger  −,  qui concerne la conservation de l'individu, et le besoin sexuel,  qui  assure  la  survie  de l'espèce. S'ajoutent à ces besoins physiologiques les besoins dits  «  artificiels  »,  créés  par  la  société.  Dans  les deux  cas,  le  besoin  trouve  son  assouvissement dans  un  objet  qui  lui  préexiste  et  le  complète.  Il en  va  autrement  du  désir  :  il  n'a  pas  d'objet  qui lui  soit  par  avance  assigné.  Quand  je  désire  être heureux,  suis-je  capable  de  définir  précisément ce que j'attends ? L'objet du désir est indéterminé.

LE  DÉSIR  PEUT-IL  ÊTRE  PLEINEMENT SATISFAIT  ?

Dans le désir, il n'est  pas dit que j'aspire vraiment à une satisfaction  qui  fasse  disparaître  tout  désir. Le  désir  est  contradictoire  car  il  veut  et  ne  veut pas être satisfait : que serait, en effet, une vie sans désir,  si  ce  n'est  une  vie  morte ?

Par  ailleurs,  le  désir  sent  confusément  qu'aucun objet n'est à même de le satisfaire pleinement. C'est pourquoi, à la différence du besoin, il est illimité, insatiable  et  sans  cesse  guetté  par  la  démesure, comme le montre Platon dans le Gorgias quand il compare l'homme qui désire à un tonneau percé qui ne peut jamais être rempli.

Selon  Schopenhauer,  la  vie  d'un  être  de  désir  est donc comme un pendule qui oscille entre la souffrance  (quand  le  désir  n'est  pas  satisfait,  et  que  le manque se fait douloureusement sentir) et l'ennui (quand le désir est provisoirement satisfait).



 

[Buste  du  philosophe  grec  Épicure.  Celui-ci  propose  une philosophie  simple  et  soucieuse  du  bonheur  quotidien  : le  sage  se  contentera  de  peu,  vivra  à  l'écart  des  affaires publiques,  goûtera  aux  plaisirs  simples  de  l'existence  et aux joies sans mélange de l'amitié.]

LE  DÉSIR  EST-IL  PAR  ESSENCE   VIOLENT  ?

Dans  le  Léviathan,  Hobbes  montre  que  le comportement  humain  est  une  perpétuelle marche  en  avant  du  désir.  Sitôt  satisfait,  il  se porte sur un autre objet, et ainsi de suite à l'infini ; mais  comme les  objets  désirables  ne  sont  pas  en nombre illimité,  mon  désir  se  heurte  tôt  ou  tard au désir d'autrui.

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