LA CULTURE - CHAPITRE 8

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CHAPITRE 8 : LE TRAVAIL

L'essentiel du cours

Toute société humaine est fondée  sur  un  partage  du  travail entre  ses  différents  membres.  La  nécessité  du  travail  est pourtant  vécue  comme  une  malédiction  pénible.  n'est-il pas  cependant  une  condition  de  l'accomplissement  de  l'humanité  ?  En  outre,  chacun  produisant  quelque  chose  de  différent, comment mesurer la valeur relative des biens que l'on échange ?

EN QUOI LE TRAVAIL EST-IL UNE NÉCESSITÉ ?

L'étymologie  même  du  mot  «  travail  »  renvoie  à  un  instrument  de torture  ;  Dieu  condamne  d'ailleurs Adam  au  travail,  qui  est  le  châtiment du péché originel. Le travail est donc  une  nécessité  vitale  à  laquelle l'homme  semble  condamné,  car, contrairement  aux  animaux,  il  ne trouve  pas  dans  la  nature  de  quoi satisfaire  immédiatement  ses  besoins : les vêtements ne se tissent pas tout seuls, la terre doit être cultivée. L'invention  des  machines  ne  résout pas le problème puisqu'il faut encore des  hommes  pour  les  concevoir  et les réparer.

TRAVAILLER  EST-IL  UN   OBSTACLE  À  LA  LIBERTÉ  ?

Si  le  travail  est  vécu  comme  une contrainte  pénible,  il  n'en  est pas  moins  le  moyen  par  lequel l'homme s'affranchit  de  la  nature et  conquiert  sa  liberté  et  son humanité.  C'est  ce  que  montre Hegel  :  en  m'apprenant  à  retarder  le  moment de la satisfaction de mes désirs, le travail  m'oblige à  me discipliner.

Dans  l'effort,  l'homme  se  rend peu  à  peu  maître  de  lui  :  il  se libère  ainsi  de  la  nature  en  lui (les  instincts)  en  transformant la  nature  hors  de  lui.  Faire  taire la  tyrannie  des  instincts,  n'est-ce  pas  là  précisément  être  libre, n'est-ce  pas  là  la  marque  propre de l'humanité ? Le travail est donc nécessaire  en  un  second  sens  : sans  lui,  l'homme  ne  peut  pas réaliser son humanité.

LA  NÉCESSITÉ  DU  TRAVAIL  N'EST-ELLE QU'UNE  CONTRAINTE  ?

Le  travail  ne  doit  pas  être  pensé  dans  l'horizon  de  la survie : par son travail, l'homme cultive et humanise la nature (Marx) et se cultive lui-même. Tel  est  le  sens  de  la  dialectique  du  maître  et  de l'esclave  chez  Hegel  :  le  maître,  c'est-à-dire  celui  qui jouit  du  travail  d'autrui  sans  avoir  rien  à  faire  de ses  dix  doigts,  est  finalement  le  véritable  esclave  ; et  l'esclave,  qui  apprend  à  se  discipliner  lui-même et  acquiert  patiemment  un  savoir-faire,  devient maître  de  lui  comme  de  la  nature.  Alors  qu'il  était une  contrainte  subie  et  la  marque  de  l'esclavage,  le travail devient moteur de notre libération.

LE  TRAVAIL  FONDE-T-IL  LA  PROPRIÉTÉ  ?

Le champ appartient à celui qui l'a défriché et qui le laboure  :  c'est,  selon  Locke,  le  fondement  même  de la  société  civile.  Je  possède  ce  que  je  travaille,  sans avoir pour cela besoin du consentement des autres ;mais  comme  je  ne  peux  pas tout  travailler,  ma  propriété est  naturellement  limitée  :  le droit  naturel  répartit  donc équitablement  la  propriété entre les hommes. Rousseau  ajoute  cependant que  ce  droit  naturel  n'est pas  le  droit  positif  :  dans  un corps  social  organisé,  c'est  la loi,  et  non  le  seul  travail,  qui fixe  la  propriété  de  chacun. Lorsqu'il  passe  de  l'état  de nature  à  l'état  civil,  l'homme abandonne  le  bien  dont  il jouissait  seulement  pour  en être  le  premier  occupant  : désormais,  n'est  à  moi  que  ce dont  la  loi  me  reconnaît  légitime  propriétaire.  L'État  doit-il  alors  simplement  constater l'inégalité  des richesses et de la propriété de chacun, ou doit-il chercher à les répartir entre ses membres ?

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