LA POLITIQUE, LA MORALE - CHAPITRE 20

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CHAPITRE 20 : LA LIBERTÉ

L'essentiel du cours

«Être libre, c'est faire ce que je veux » : telle est notre définition courante  de  la  liberté. je  ne  serais  donc  pas  libre  lorsqu'on contraint  ma  volonté  par  des  règles,  des  ordres  et  des  lois. Être  libre  serait  alors  la  condition  naturelle  de  l'homme,  et  la société  la  marque  de  son  esclavage.  Pourtant,  cette  opinion  ne semble pas tenable.

PEUT-ON DIRE QUE  L'ANIMAL EST LIBRE  ?

Si  la  liberté  est  l'absence  de  toute  règle  et  de  toute contrainte, alors l'animal est libre. Mais ce raisonnement  n'a  qu'une  apparence  de  vérité  :  le  comportement  d'un  animal  est  en  fait  dicté  par  son  instinct, de  sorte  que  l'animal  ne  peut  pas  s'empêcher  d'agir comme il agit. L'instinct commande, l'animal obéit : loin  d'être  le  modèle  de  la  liberté,  l'animal  est l'incarnation  d'une totale servitude à la nature. On ne  peut  parler  de  liberté  que  pour  un  être  qui  s'est affranchi du déterminisme naturel.

DE QUELLE MANIÈRE  L'HOMME CONQUIERT-IL LA LIBERTÉ  ?

Pour  être  libre,  il  faut  pouvoir  choisir  de  faire  ou  de ne pas faire. Seul donc un être qui s'est débarrassé de la  tyrannie des instincts peut remplir les conditions minimales  de  l'accès  à  la  liberté.  Kant  soutient  que c'est  précisément là le rôle de l'éducation : elle a pour but  premier  de  discipliner  les  instincts,  c'est-à-dire de  les  réduire  au  silence  pour  que  l'homme  ne  se contente pas d'obéir à ce que sa nature commande. C'est  aussi,  et  plus  largement,  le  rôle  de  la  vie  en communauté  :  la  société  civile  nous  libère  de  la nature en substituant les lois sociales aux lois naturelles.  C'est  donc la culture au sens large, c'est-à-dire la  façon que l'homme a de faire taire la nature en lui, qui nous fait accéder à la liberté.

À QUELLES CONDITIONS PUIS-JE ÊTRE LIBRE  ?

« Je  suis  libre  quand  je  fais  ce  que  je  veux  »...  Certes, mais  à  quelles  conditions  suis-je  libre  de  vouloir ce  que  je  veux  ?  Le  plus  souvent,  ma  volonté  est déterminée  par  ce  que  je  suis  :  il  n'y  aurait  aucun sens  à  vouloir  être  plus  grand  si  je  n'étais  pas  petit. Ma  volonté  n'est  alors  pas  libre  ;  bien  au  contraire, elle  est déterminée : je ne choisis pas plus de vouloir être grand que je n'ai choisi d'être petit.

Ma  volonté  n'est  donc  libre  que  quand  elle  s'est libérée de toutes les déterminations qu'elle a reçues, c'est-à-dire  quand  elle  s'est  affranchie  de  tout  ce qui  en  fait  ma  volonté.  Pour  être  réellement  libre, il  faudrait  que  ma  volonté  veuille  ce  que  toute volonté peut vouloir, donc que ce qu'elle veuille soit universellement valable.

QU'EST-CE QU'UNE VOLONTÉ UNIVERSELLE  ?

Kant  affirme  que  ma  volonté  est  universelle  quand elle  veut  ce  que  tout  homme  ne  peut  que  vouloir  : être  respecté  en  tant  que  volonté  libre.  Pour  être libre,  ma  volonté  doit  respecter  la  liberté  en  moi-même comme en autrui :  elle  doit  observer  le  commandement  suprême  de  la  moralité  qui  ordonne de considérer autrui toujours comme une fin en soi, et jamais comme un moyen de satisfaire mes désirs. La  liberté  se  conquiert  donc  en  luttant  contre  les désirs  qui  réduisent  l'homme  en  esclavage  et  en obéissant à l'impératif de la moralité.

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