LA REFLEXION PHILOSOPHIQUE - CHAPITRE 2

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LES GRANDES INTERROGATIONS PHILOSOPHIQUES

INTRODUCTION

La philosophie en tant que discours rationnel et critique s'intéresse à trois grands domaines : la métaphysique, l'anthropologie et l'axiologie. Ces questions nous renvoient aux principaux thèmes d'études des philosophes. En effet, lorsqu'on parcours l'histoire de la philosophie, on voit que les penseurs ont réfléchit sur des thèmes qui touchent l'Homme, la nature ou l'existence en général.

I - LA MÉTAPHYSIQUE

Le terme métaphysique est formé à partir du préfixe méta qui veut dire au-delà et de physique (phuisis) qui renvoie au monde physique ou à la nature. La métaphysique s'intéresse aux réalités qui échappent au cinq sens (réalités suprasensibles, l'âme, Dieu, la mort,...). Le terme vient de l'interprète Andronicos de Rhodes. Ce dernier voulait classer certaines oeuvres d'Aristote. La métaphysique renvoie également à l'étude des fondements de la connaissance.

1 - La métaphysique comme science qui étude les réalités suprasensibles.

Depuis l'Antiquité grec, les philosophes se sont intéressés à l'étude des réalités métaphysique. Les métaphysiciens vont se lancer dans une quête de l'essence des choses. Ils vont tenter d'étudier les réalités suprasensibles par le biais de la raison. Chez Platon, cette quête de l'essence des choses renvoie à une élévation de l'esprit vers le monde intelligible. Il faut préciser que chez Platon, nous avons deux mondes : l'intelligible avec idées pures, éternelles, incréées, impériales et le sensible avec des copies ou représentations. Pour Platon, la mission du philosophe est de se libérer des apparences du monde sensible pour accéder à l'essence des choses. C'est par le biais d'une dialectique ascendante que le philosophe réussira à se départir du monde sensible.
Chez Aristote, la métaphysique renvoie à la « science de l'être en tant qu'être ». Elle s'apparente ainsi à une ontologie (étude de l'être). Aristote tente de saisir l'essence primordiale de chaque être. Pour lui, il existe une première cause qu'il nomme premier moteur. Au moyen âge, la métaphysique est au service de la religion, elle va renvoyer à une sorte de théologie rationnelle. Voilà pourquoi Descartes la définit plus tard comme « la connaissance de Dieu et de l'âme par la raison naturelle ».

2 - La métaphysique comme science qui étude les fondements de la connaissance.

La métaphysique renvoie aussi à l'étude des principes qui fondent la connaissance. Certains métaphysiciens vont tenter de répondre à la question : A quelle condition la connaissance est-elle possible ?
La métaphysique nous apparaît comme une connaissance première. Ainsi, pour Descartes, elle constitue le socle à partir duquel nous pouvons bâtir l'édifice du savoir. Descartes va comparer la métaphysique aux racines de l'arbre.

3 - Les limites de la métaphysique

C'est à partir du XVIIème siècle que nous allons assister à une première critique à l'encontre de la métaphysique.

Ce sont les Empiristes qui vont d'abord rejeter la métaphysique comme science des réalités suprasensibles. Les penseurs anglais tels que David Hume et John Locke considèrent que l'expérience sensible constitue la seule source valable pour bâtir une connaissance. Pour Hume, l'esprit humain risque de se perdre lorsqu'il veut explorer certains domaines. Les Empiristes pensent qu'il faut se focaliser exclusivement sur l'expérience sensible.
Plus tard, le philosophe allemand, Emmanuel Kant, va s'intéresser à la question métaphysique. Chez Kant, la métaphysique nous permet d'étudier les fondements de la connaissance. Seulement, il va critiquer le sens primitif de la métaphysique. Dans sa Critique de la raison pure, il tente de répondre à la question : Que puis-je connaître ?
Il va identifier deux sources principales : la sensibilité et l'entendement. Il reconnaît avoir subit l'influence des Empiristes. Pour lui, l'expérience sensible est une source importante mais elle n'est pas la seule. Kant va établir une distinction entre le monde des phénomènes et celui des noumènes. Le champ du connaissable s'arrête aux phénomènes. Par contre le noumène, c'est-à-dire la chose en soi ne peut mas faire l'objet d'une étude. Ainsi, la raison ne peut mas étudier des réalités tels que Dieu, l'âme ou la mort.

Enfin, les penseurs matérialistes et positivistes vont critiquer la métaphysique. Le positivisme considère qu'il n'y a de connaissance que scientifique. Auguste Comte va formuler la loi des trois états. Pour lui, l'esprit humain passe successivement par trois états : l'état théologique enfance de l'esprit, l'état métaphysique l'adolescence de l'esprit et enfin l'état positif, la maturité de l'esprit. Cette loi va permettre a Comte de décréter la mort de la métaphysique et le règne de la science.
Pour les matérialistes tels que Nietzsche et Marx, la métaphysique nous  éloigne du réel. Pour Marx, la métaphysique fige le réel et elle contribue à l'exploitation de l'homme par l'homme.
Il faut noter que la plupart des critiques conservent la définition de la métaphysique comme étude des réalités suprasensibles.

4 - La métaphysique est-elle indépassable ?

Au sortir de notre étude, nous retiendrons que la métaphysique, comme étude des réalités suprasensibles, ne peut pas être une science comme les autres. Ainsi, nous pouvons nous accorder avec Kant qui disqualifie la métaphysique du champ de la connaissance. Cependant, la question métaphysique ne peut pas disparaître, elle se présente sous de nouvelles formes. Dans cette perspective Kant affirme : « Que l'esprit humain renonce une fois pour toute aux recherches métaphysiques. Voilà à quoi on ne doit pas s'attendre, pas plus qu'à nous voir pour ne pas toujours respirer un air corrompu, préféré suspendre totalement notre inspiration ». Le philosophe allemand compare la métaphysique à la respiration, qui est un besoin naturel. La métaphysique devient ainsi une préoccupation indépassable. Pour Arthur Schopenhauer, « l'homme est un animal métaphysique ». C'est parce que l'être humain est souvent confronté à certaines réalités telle que la mort ou la souffrance qu'il ne peut s'empêcher de se poser certaines questions. Certains existentialistes conçoivent la métaphysique comme un effort du dedans pour embrasser la condition humaine. Ainsi, Jean Paul Sartre précise : « la métaphysique n'est pas une discussion stérile sur des notions abstraites qui échappent à l'expérience ». C'est-à-dire que la métaphysique n'est pas une simple spéculation mais elle aide l'homme à mieux comprendre son sort existentiel.
D'autres penseurs parmi lesquels nous pouvons citer Georges Gusdorf considère que la préoccupation métaphysique s'est démultiplier aujourd'hui.

II - L'ANTHROPOLOGIE ET L'AXIOLOGIE

L'anthropologie peut être définit comme la science qui étudie l'homme en général. Il s'agit de saisir l'essence de l'homme. Cependant, il faut distinguer l'anthropologie philosophique et l'anthropologie scientifique. L'anthropologie scientifique étudie « l'homme concret ». Elle s'intéresse à la spécificité de l'homme en utilisant des méthodes scientifiques. Nous pouvons citer plusieurs branches de l'anthropologie scientifique : l'anthropologie physique, l'anthropologie politique, l'anthropologie économique, l'anthropologie sociale,....
l'anthropologie philosophique s'intéresse à « l'homme abstrait ». Elle tente de saisir l'essence de l'homme au moyen d'une démarche critique et rationnelle. Les philosophes vont proposer plusieurs théories afin de définir l'homme. Par exemple, Descartes considère que l'homme est un animal doué de raison. Pour Hume, ce sont les passions qui nous permettent de comprendre l'homme. Rousseau va définir l'homme à partir de la perfectibilité.

Le terme axiologie vient du grec « axios » qui désigne « ce que ça vaut ». L'axiologie nous renvoie donc à la science qui étudie les valeurs humaines. Celles-ci sont éthiques ou esthétiques. La valeur renvoie à un idéal vers lequel on tend mais on ne peut posséder effectivement. Les valeurs sont relatives, elles varient d'une société à une autre. Elles sont également évolutives, elles changent d'une période à une autre. Au cours de l'histoire de la philosophie, les penseurs se sont intéressés à cette question axiologique. Les valeurs servent à déterminer un mode de vie, une conduite à tenir.

CONCLUSION

L'activité philosophique se déploie ainsi à partir de ses trois grandes interrogations. Nous pouvons même établir un lien entre ces trois grands domaines. En effet, l'axiologie nous apparait comme l'aboutissement logique et la justification de la métaphysique et de l'anthropologie. Les trois interrogations forment un système. Ce dernier nous conduit vers la sagesse.

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