LE SUJET - CHAPITRE 5

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CHAPITRE 5 : L'EXISTENCE  ET    LE  TEMPS

L'essentiel du cours

Il est  impossible  de  définir  le  temps  dans  ses  trois  dimensions  (passé,  présent  et  avenir)  ;  définir  le  temps,  ce  serait  dire  :  «  le  temps,  c'est...  ».  or,  on  ne  peut  demander  ce qu'est  le  passé  (qui  n'est  plus)  ou  l'avenir  (qui  n'est  pas  encore)  :  seul  le  présent  est,  mais  le  présent  n'est  pas  la  totalité du  temps. Plus  qu'une  chose  à  définir,  le  temps  est  la  dimension  de  ma conscience,  qui  se  reporte  à  partir  de  son  présent  vers  l'avenir  dans  l'attente,  vers  le  passé  dans  le  souvenir  et  vers  le présent  dans  l'attention  (saint  augustin).

EN  QUOI  LA  CONSCIENCE EST-ELLE  TEMPORELLE  ?

Husserl  montre  comment  la conscience est toujours conscience intime  du  temps.  Si  je  regarde  à l'intérieur de moi, je n'y trouve pas une identité fixe et fixée d'avance, mais  une  suite  de  perceptions sans  rapport  entre  elles  (le  chaud puis le froid, le dur puis le lisse par exemple). C'est alors la conscience du temps qui me permet de poser mon  identité  :  la  conscience  du temps me permet de comprendre que  dans  cette  suite  de  perceptions,  ce  n'est  pas moi qui change, mais  c'est  le  temps  qui  s'écoule. Mon  identité  est  donc  de  part  en part temporelle. Surtout, la perception  suppose  que  ma  conscience fasse  la  synthèse  des  différents moments  perceptifs  :  j'identifie la  table  comme table en faisant  la synthèse  des  différentes  perceptions  que  j'en  ai  (vue  de  devant, de derrière, etc.). Or, cette synthèse est temporelle : c'est dans le temps que  la  conscience  se  rapporte  à elle-même ou à autre chose qu'elle.

SI  LE  TEMPS  N'EST  PAS  UNE  CHOSE, QU'EST-IL  ?

Selon  Kant,  le  temps  n'est  ni  une  intuition  (une perception),  ni  un  concept,  mais  plutôt  la  forme même  de  toutes  nos  intuitions  :  cela  seul  explique  que  le  temps  soit  partout  (tout  ce  que nous  percevons  est  dans  le  temps)  et  cependant nulle  part  (nous  ne  percevons  jamais  le  temps comme tel).
Nous ne pouvons percevoir les  choses  que  sous  forme de temps et d'espace ; et ces formes ne sont pas déduites de  la  perception,  parce que  toute  perception  les suppose.  La  seule  solution consiste  donc,  pour  Kant,  à faire du temps et de l'espace les formes pures ou a priori de  toutes  nos  intuitions sensibles  :  le  temps  n'est pas  dans  les  choses,  il  est  la forme  sous  laquelle  notre esprit  perçoit  nécessairement les choses.

QUELLE  EST   LA  SOLUTION PROPOSÉE   PAR  BERGSON  ?

Ni  le  passé,  ni  l'avenir  ne sont  :  seul  l'instant  présent existe  réellement,  et  le temps  n'est  que  la  succession  de  ces  instants  ponctuels de l'avenir vers le passé. Quand  nous  essayons  de comprendre  le  temps,  nous le  détruisons  en  en  faisant une pure ponctualité privée d'être. Bergson  montre  ainsi  que  notre  intelligence  comprend  le  temps  à  partir  de  l'instant  ponctuel  :  elle le  spatialise,  puisque  la  ponctualité  n'est  pas  une détermination  temporelle,  mais  spatiale.  Le  temps serait alors la succession des instants, comme la ligne est une succession de points. Notre intelligence comprend donc le temps à partir de l'espace : comprendre le  temps, c'est  le  détruire  comme temps.

[Saint  augustin. « Qu'est  donc  que  le  temps ? Si  personne  ne  me  le  demande,  je  le  sais  ; mais  si  on  me  le  demande  et  que  je  veuille l'expliquer,  je ne le sais plus.  »]

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