LE SUJET - CHAPITRE 1

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CHAPITRE 1 : LA CONSCIENCE, L'INCONSCIENT

L'essentiel du cours

L'homme,  dans  la  mesure  où  il  est  conscient,  c'est-à-dire capable  de  se  prendre  lui-même  pour  objet  de  pensée, n'est  plus  simplement  dans  le  monde  comme  une  chose ou  un  simple  être  vivant,  mais  il  est  au  contraire  devant  le monde  :  la  conscience,  c'est  la  distance  qui  existe  entre  moi et moi-même et entre moi et le monde.

Cependant,  avoir  conscience de  soi,  ce  n'est  pas  lire  en  soi comme  dans  un  livre  ouvert; savoir  que  j'existe,  ce  n'est  pas encore  connaître  qui  je  suis.  Davantage  même,  c'est  parce  que je  suis  un  être  de  conscience que  je  peux  me  tromper  sur  ma condition,  m'illusionner  et  me méconnaître  :  un  animal  dénué de  conscience  ne saurait  se  mentir  à  soi-même.

LA  CONSCIENCE QUE  J'AI  D'EXISTER PEUT-ELLE  ÊTRE REMISE  EN  DOUTE  ?

Je  peux  me  tromper  dans  la connaissance  que  je  crois  avoir de  moi  (celui  qui  croyait  être  courageux  peut  s'avérer  n'être  qu'un lâche,  par  exemple),  mais  la  pure conscience  d'être,  elle,  est  nécessairement  vraie.  Ainsi,  Descartes, au terme de la démarche du doute méthodique, découvre le caractère absolument  certain  de  l'existence du sujet : « je pense, donc je suis ». Cette certitude demeure, et rien ne peut la remettre en cause. Descartes  fait  alors  du  phénomène de la conscience de soi le fondement inébranlable de la vérité, sur lequel toute connaissance doit prendre modèle pour s'édifier.

LA  CONSCIENCE  FAIT-ELLE  LA   GRANDEUR OU LA MISÈRE DE L'HOMME ?

Pascal  répond  qu'elle  fait  à  la  fois  l'une  et  l'autre. Parce qu'elle rend l'homme responsable de ses actes, la  conscience  définit  l'essence  de  l'homme  et  en  fait sa dignité. J'ai  conscience de ce que je fais et peux en répondre devant le tribunal de ma conscience et celui des  hommes :  seul  l'homme  a  accès  à  la  dimension de la spiritualité  et  de  la  moralité.
Pourtant,  parce  que  la  conscience  l'arrache  à  l'innocence  du  monde,  l'homme  connaît  aussi  par  elle sa  misère,  sa  disproportion  à  l'égard  de  l'univers  et, surtout,  le  fait  qu'il  devra  mourir.

COMMENT CONCEVOIR  LA CONSCIENCE  ?

Que  je  sois  certain  que  j'existe  ne  me  dit  pas encore  qui  je  suis.  Descartes  répond  que  je suis  «  une  substance  pensante  »  absolument distincte  du  corps.  Pourtant,  en  faisant  ainsi  de la  conscience  une  «  chose  »  existant  indépendamment  du  corps  et  repliée  sur  elle-même, Descartes ne manque-t-il pas la nature même de la  conscience,  comme  ouverture  sur  le  monde et  sur  soi  ?
C'est  ce  que  Husserl  essaie  de  montrer  : loin  d'être  une  chose  ou  une  substance,  la conscience  est  une  activité  de  projection  vers les  choses.  Elle  est  toujours  au-delà  d'elle-même,  qu'elle  se  projette  vers  le  monde,  vers ses  souvenirs  vers  ou  l'avenir,  à  chaque  fois dans  une  relation  –  ou  visée  –  que  Husserl nomme « intentionnelle  ».

L'INTENTIONNALITÉ  DE  LA  CONSCIENCE

Que la conscience ne soit pas une substance mais une relation,  cela  signifie  que c'est  par l'activité de  la  conscience  que  le  monde  m'est  présent. Husserl  tente,  tout  au  long  de  son  œuvre,  de dégager  les  structures  fondamentales  de  cette relation,  à  commencer  par  la  perception.  Il montre ainsi que celle-ci est toujours prise dans un réseau de significations : je ne peux percevoir que  ce  qui  pour moi a un sens.

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