ÉPISTÉMOLOGIE - CHAPITRE 12

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LE PROBLEME DE LA VERITE

Dès lors que nous voulons aborder la notion de vérité, nous devons éviter un piège assez fréquent : la confusion entre vérité et réalité. En effet, tandis-que la réalité est un fait, la vérité, quant à elle, est un discours, un énoncé ou un jugement. A cet effet, les choses ne sont ni vraies ni fausses : soit elles existent, soit elles n'existent pas, car étant des réalités et non des vérités. C'est plutôt ce que nous disons qui peut être vrai ou faux.
Par conséquent, la vérité est en nous et non dans les choses. Mais puisque la vérité n'est pas uniforme, elle se présente sous différentes formes, conceptions ou critères.

1 – La vérité formelle

Il faut entendre par vérité formelle, l'accord de la pensée avec elle-même : elle est énoncée par la logique et les mathématiques. Dans la vérité formelle, ce qui est important, c'est que la proposition émise soit conforme au système initial de référence. Autrement dit, on pose des hypothèses de départ (des prémisses), des postulats et, par une déduction logique, cohérente et rigoureuse, on aboutit à des conclusions ou résultats.

2 – La vérité expérimentale

Ici, la vérité correspond à l'accord de la pensée avec la réalité. Cela veut dire que pour qu'il ait une vérité expérimentale, il faut que ce que nous disons soit conforme à ce qui existe. Cette forme de vérité est celle des sciences de la nature ou sciences expérimentales et elle est le résultat d'expérience ou de vérification scientifique. La vérité expérimentale semble être la plus proche de la réalité d'où l'objectivité de la science de la nature.

3 – La vérité historique

Vouloir parler de vérité historique peut, à première vue, sembler paradoxale. En effet, la question qui se pose ici est la suivante : « comment l'histoire peut-elle dire la vérité alors qu'elle raconte des faits passés et irrépétibles ? ». Or, l'historien est à même de reconstituer le passé et pour ce faire, il procède par des enquêtes, fait recours à des documents ou à des témoignages, et surtout fait des recoupements. A partir de ces recoupement, l'historien peut bel et bien reconstituer la vérité historique.

4 – La vérité pragmatique

Pour le pragmatisme, la vérité n'est rien d'autre que ce qui est avantageux, ce qui est utile, ce qui est réussi. De ce point de vue, la vérité correspond à ce qui est rentable, ce qui nous renforce ou nous tranquillise. Cette conception de la vérité est donc préconisée par le pragmatisme anglo-saxon dont le plus célèbre représentant est William James.

Au sens de ces différentes conceptions de la vérité, nous sommes donc tentés de dire qu'il existe plusieurs vérités. Pourtant, l'idée d'une vérité plurielle n'est pas plausible selon Simone De Beauvoir qui considère que « la vérité est une erreur multiple ». Cependant, l'existence d'une vérité unique manque de fondement rigoureux selon certains philosophes d'où les critiques de la vérité.

5 – Critique de la vérité

En faisant de l'homme « la mesure de toute chose » Protagoras et les Sophistes prônaient un relativisme absolu. Pour eux, rien ne peut être vrai absolument et par tout le monde. Ainsi, ils défendent l'idée selon laquelle il y a autant de vérités que d'hommes, c'est-à-dire à chaque homme sa vérité. Or, si chaque homme à sa vérité, cette dernière peut-elle avoir de sens ?

Pour répondre à cette question, les sceptiques considèrent qu'il n'y a même pas de vérité. En effet, les scepticisme – courant de pensée philosophique selon lequel la vérité n'existe pas – affirme que même si la vérité existait, elle serait impossible à l'atteindre. Les sceptiques partent du principe selon lequel tout doit être prouvé à l'infini. Or, non seulement tout n'est pas prouvable, mais aussi nos croyances, mœurs, nos opinions, nos conceptions et nos valeurs sont différentes. Les sceptiques considèrent ainsi que tout jugement doit être suspendu définitivement. Ainsi, la science s'est constituée en se distinguant des connaissances préscientifiques. Aussi elle se veut rationnelle et universelle, objective et neutre, sure et certaine. C'est pourquoi l'on a tendance à dire qu'il n'y a de connaissance vraie que la connaissance scientifique. Mais l'idéale de certitude et d'objectivité pose de plus en plus problème dans la science. Car, plus la science progresse, plus l'incertitude s'accroit. C'est sans doute ce qui justifie l'expression suivante : « la fin des certitudes ».

De plus, l'objectivité de la science est loin d'être totale et absolue, ce qui a poussé Robert Blanche à dire : « la science n'est pas entièrement scientifique ». En tout état de cause, la science demeure importante pour l'homme en ce qu'elle lui rend d'énormes services. Seulement, la question est de savoir si l'on ne devrait pas rationaliser et moraliser l'usage et l'orientation que nous donnons à la science. Car la science, comme toute œuvre humaine, ne nous montre pas la voie à suivre, mais se limite à nous donner des moyens. C'est à nous de savoir comment nous servir de ces moyens pour atteindre des fins qui nous seraient plus bénéfiques. En revanche, ce qui est constat c'est qu'il n'y pas de science sans technique ; ce qui nous invite à réfléchir sur les rapports entre science et technique.

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