*Cannibales*

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Iloé remplissait de noix de coco un gros sac de toile. Quand elle commença à avoir du mal à le porter elle décida de retourner au bateau. Mais avant elle en avertit son coéquipier:

-Mitrak, je retourne au bateau....Mitrak ?

Pas de réponses et il ne semblait pas être dans les parages. Peut-être s'était-elle trop éloignée en ramassant les noix de coco.

-Mitrak ! Répétait elle plus fort encore.

Soudain, elle entendit du bruit. Se souvenant de ce que les pirates lui avaient dit au sujet de cette île, son corps se figea sur place. Le bruit se rapprochait d'elle et elle décida de se tourner lentement. Son regard parcourut la forêt avant de tomber sur un oiseau assez... Étrange. Une petite mouette blanche déplumée à certains endroits et tachée de moisissure. L'un de ses yeux était crevé et purulent, son grand bec cassé en pointe. D'un coup, il poussa un cri aigu à en percer les tympans et Iloé plaqua ses mains sur ses oreilles. L'animal hurla ainsi plusieurs fois, comme une alarme. La jeune femme prit l'une des noix de coco qu'elle avait dans son sac et le jeta sur l'oiseau cauchemardesque qui se le prit de plein fouet et fut projeté à un mètre de sa position.

- Mais c'est quoi ça?! S'esclaffa t-elle.

Elle ne prit pas le temps de l'examiner de plus près et commença à courir mais ses pas la conduirent face a un homme armé. Il était grand et habillé de haillons. Son visage était couvert de peintures noires et blanches qui le faisaient ressembler à un squelette ambulant. Il commença à se rapprocher d'Iloé, tenant sa lance d'une manière menaçante. La jeune femme reculait. Elle prit une noix de coco et la lança sur l'homme. Ce dernier n'eut aucun mal à esquiver et son visage se marqua de colère. Iloé sentit qu'elle devait fuir au plus vite, et lâcha le sac de provision pour partir en courant. Elle retrouva l'oiseau qui s'envola à la hauteur de ses oreilles et se mis à hurler à s'en déchirer les poumons. Ce cri incessant déstabilisa Iloé qui évita un tronc de justesse. Elle essayait de le faire fuir avec des gestes chaotique, mais l'animal restait. Des pas lourd se firent entendre dans son dos. La jeune femme jeta un vague regard à ses arrières pour remarquer qu'il y avait maintenant deux hommes qui la prenait en chasse. Le cœur d'Iloé battait à tout rompre, son souffle se fit plus rapide. Soudain, l'oiseau s'agrippa à son cou et planta ses griffes dans la chaire tendre en donnant des coups de bec sur la tête de la jeune femme. Trop occupée à essayer de s'en débarrasser, Iloé ne fit pas attention au piège qui était face à elle et se retrouva soudainement 3 mètres au-dessus du sol, la tête en bas. Une corde lui lasserait la cheville, et la jeune femme sentit la nausée lui monter à la gorge. Elle se débattait, mais le lien la serrait tellement qu'elle obtenue qu'une vive douleur qui la fit grimacer.

Les deux hommes se mirent en dessous d'elle. Ils passèrent leur langue charnue sur leurs lèvres qui se dessina en un sourire carnassier laissant entrevoir des dents pointues, aiguisées pour déchiqueter la chaire et les os. L'un d'eux la tapa un peu avec sa lance en parlant dans sa langue natale. D'un coup, un cri d'oiseau perçant se fit entendre et les deux hommes partirent en courant. Iloé saisit l'occasion pour essayer de s'échapper. Elle porta sa main à sa ceinture où se trouvait habituellement un petit couteau que Mitrak lui avait donné peu après la bataille. Elle continua à tâter ses poches, mais la petite arme ne s'y trouvait pas. Iloé regarda le sol et aperçut ce qu'elle cherchait. Elle lâcha un juron.

Le sang lui montait à la tête et elle ne sentait plus sa cheville qui tournait au bleu. Une odeur de cadavre lui vint. Après avoir observé les alentours elle put entrevoir entre les branches des corps desséchés, pendus comme elle. L'un d'eux, pourri jusqu'à la moelle, tomba à terre.

- Ils vont me laisser me dessécher au soleil, réalisa-t-elle avec effroi. 

Elle appela à nouveau Mitrak mais sa conscience l'abandonnait. Sa cheville devint noire et un mal de tête se déclara. Quelques minutes plus tard un bruit d'aile se fit entendre. La jeune femme qui luttait contre l'évanouissement aperçut un grand perroquet noir.

Les mers d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant