*Epée de Damoclès*

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Valerens passa machinalement sa main sur sa blessure. Il jura et s'assit lourdement sur une marche devant la maison. Le capitaine promena son regard noir autour de lui, son corps crispé et sa main gauche refermée sur le manche de son arme à feu.

-Tss, voilà que ce lâche tourne le vent contre moi.

Il se mit à réfléchir. Les ennuis arrivaient et il ne savait pas comment y faire face. À quoi est-ce qu'il pensait? L'épée de Damoclès se balançait au dessus de sa tête. Il était trop tard pour tout prevoir, il allait devoir agir. Vite. Mais par où commencer ? Garder sa place de capitaine était sa priorité, mais il devrait également se protéger de son père et des autre pirates à ses trousses.

Une once d’inquiétude s’immisça en lui. Ses mains étaient moites, son genou droit s'agitait frénétiquement, et sa mâchoire se crispait de plus en plus. Le regard dans le vide il cherchait des solutions qui ne lui venaient pas. S'il échouait maintenant, tout ce qu’il avait fait jusqu’à présent pour atteindre son but serait réduit à néant.

-Adamak...

Ce nom résonna affreusement dans son esprit. Cet "homme" avait prévu cela depuis bien longtemps et il n'avait rien vu venir ! McLéod l’avait pourtant prévenu...
Il lui restait peut être une chance, le moucheur va sûrement procéder à un vote, et pour le moment il était en tête dans les sondages, la majeure partie de l'équipage restant fidèle au capitaine actuel , mais pour combien de temps ? Cann, grâce à sa place, pouvait voté deux fois, ce qui était en soit une chance pour Valerens, mais une seule erreur pouvait le porter en faute et le faire sauter de sa place de capitaine: il avait épargné Iloé, enfreignent ainsi son propre réglement. Et beaucoup sur le navire n'avaient pas apprécier cet excès de faiblesse.

Le grincement de la porte le sortit de ses pensées. Il fit volte-face et son regard rencontra celui d’Iloé.

-L'hiver arrive...dit elle en fermant plus sa chemise.

-Iloé retourne à l’intérieur, la coupa-t-il.

La jeune femme ignora ses paroles et referma la porte. Elle s’apprêtait à s’asseoir près de lui, mais le jeune hommd se leva en soufflant et descendit les marches lourdement. Il voulait réfléchir sans être dérangé mais la pression qu'exerça la main d'Iloé sur la siennesur l’arrêta. Inconsciemment il resserra cette emprise.

-Qu'est ce qu'il t'arrive ? Depuis notre retour...S'inquiète t-elle.

Il soupira d'agacement.

-Je te demande de retourner à l’intérieur, dit-il crispé, alors obéit !

Iloé posa son autre main sur celle de Valens.

-Iloé arrête. Occupe toi de ce qui te regarde !

-Écoute, j'en sais assez pour deviner ce qu'il se passe. Ton équipage et toi êtes dans la même galère, moi aussi d’ailleurs. Alors laisse nous t'aider, peut être qu'on peut réussir.

-Tss...Ouvre les yeux Iloé. Les hommes de confiance commencent à se compter sur les doigts d'une main. Tu ne peux pas te fier à des pirates.

Iloé se crispa. Elle savait qu'elle avait commit une grave erreur en donnant à boire à ce prisonnier, et elle avait eu de la chance que Deker l'épargne... Malgré le mécontentement de certain.

-Tu peux avoir confiance en moi... Tu m'as sauvé la vie à plusieurs reprises....tu m'as épargnée.
Il y eu un léger silence avant qu'elle ne reprenne.
- Apprends moi à me battre... Je ne veux plus être un poids.

Valerens tira un peu sur la main pour la rapprocher de lui. Il prit son menton entre ses doigts et plongea son regard dans celui d’Iloé. Il y retrouva l’espoir qu'il perdait dans ses yeux aciers. Mais combien de temps resterait-il intacte?

-Il en est hors de question, articula-t-il. Je n'ai pas de temps à perdre. Tu n'as aucun muscles tu serais facile à brisé et une femme comme toi se ferait vite ...tuer.
Deker senti la peur s'imposer en lui.
Tu as beau être déterminée ça ne suffira pas. Oubli !

La volonté ne fait pas tout, beaucoup avait cette même envie et pourtant ils n’ont pas vécu vieux...

- Et comment peux-tu le savoir si tu n'essayes même pas ? Je mourais  beaucoup plus vite si je n'apprends pas ! Laisse moi une chance. Tente elle à nouveau.

Deker hésitait. L'un comme l'autre elle était en danger. Mais peut être avait elle raison....ou peut être pas.

-Lors d'un assaut tu sera dans les premières lignes. En face ils ne te feront pas de cadeau, et encore moins à une femme.

Il voyait qu'elle insistait du regard.

-S'il te plaît, je ne suis pas encore prête à mourir. Laisse moi t'aider.

-Tss…Si je t’entend une seule fois te plaindre….Nous commencerons dès demain. Céda t-il.

Iloé acquiesça d’un léger sourire. Elle pensait qu’il allait s’emporter contre elle en lui disant qu’une esclave n’était que de la chaire à canon et qu’elle n’avait pas besoin d’apprendre à se défendre mais entendre cette phrase l'avait agréablement surprise et elle ne put réprimer son sourire.

Valerens s’assit à nouveau sur les marches, s’adossant à la rambarde, bras croisés. Iloé vint prendre place à son tour.

-J'ai entendus ma mère te raconter de nombreuses choses sur moi.  Des choses assez précises en plus de ça. Tu es l’une des seules à savoir ce qui s’est passé dans ma vie.

Un silence assez pesant tomba entre eux. Iloé jouait maladroitement avec la lanière de sa ceinture. Valerens quant à lui regardait vaguement la Lune, songeant encore à de nombreuses choses. Mais une question importante lui brûlait les lèvres. Il se tourna vers elle.

-Comment est ton monde ?

La jeune fille écarquilla légèrement les yeux avant de se plonger dans ses pensées.
-Mon monde….Tu vas être déçu: les bateaux en bois n’existe presque plus, des armatures de fer les ont remplacés et les pirates sont devenu rares.
- Ils ont disparu ? Mais qui pille les mers alors ? Qui empêche les rois de mettre à sang les civilisations?

- Hé bien, il n’y a plus vraiment de rois ni de reines, du moins pas ceux que tu connaît. Des présidents dirigent et protègent leur pays et s'occupent des transactions entre les différents Etats. D'ailleurs, l’esclavage à été aboli en 1848, et nous sommes tous égaux... Du moins dans l'idée.

- Ton monde est ennuyeux, souffla Valerens.

-Je te l'accorde.

Iloé sourit et posa son regard sur Deker qui avait la tête appuyé sur une poutre en bois. Il semblait déjà plus calme mais ce n’était qu'une façade.

Le grincement d’un volet les firent tout deux sursauter. Hanaé, toute vêtu de blanc, posa ses mains frêles sur le rebord en bois de la fenêtre. Son regard pendait dans le vague.

-Vous allez devoir faire face à de nombreux obstacles mes enfants et Morgan n’est pas le plus à craindre. Vous ne devrez pas tarder en mer. Je sens qu’il prépare quelque chose... Mon fils, ne compter que sur soi te menera à l’échec.

Les mot de l'aveugle plongèrent Deker dans des réflexions plus profonde encore.

Les mers d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant