Les roulis que subissait le navire donnait la nausée à Iloé. Recroquevillée dans un coin, la tête enfouis dans ses bras, elle attendait nerveusement devant cette porte. Ça faisait maintenant quelques heures qu'elle patientait ainsi dans cette sombre cale à peine éclairée par une lampe à huile. Ces planches goudronneuses ne laissaient pas entrer un seul rayon de soleil. D'ailleurs, elle ne savait pas si le soleil s'était levé ou si la Lune éclairait toujours l'océan de sa lumière argentée.
Les pas lourds de Deker se firent entendre. Iloé releva la tête et le vit descendre les escaliers en bois. Lui aussi attendait, mais toutes les demi-heures il remontait sur le pont afin de s'assurer que tout était en ordre et qu'aucune mutinerie ne se mettait en place en son absence.
« Si tu veux prendre l'air vas-y mais ne tarde pas trop sur le pont. McLéod est dans ses quartiers et Pax à l'infirmerie, fit-il en s'adossant à une poutre."
Douloureusement, elle se redressa et s'étira de tout son long, son corps engourdit laissant résonner des craquements d'os, et d'un pas titubant elle se dirigea vers les escaliers. Avant qu'elle ne grimpe les marches, Valerens la prévint une dernière fois :
« Ne reste pas longtemps là-haut, ces rats sont sur les nerfs et je te rappelle qu'ils en ont toujours contre toi. »
Elle acquiesça d'un léger mouvement de tête et monta les deux étages éclairés par une simple lueur blanchâtre et aveuglante. Une fois à l'air libre, elle sentit ses poumons se remplir d'air marin, un air pur qu'elle avait appris à apprécier. Les odeurs immondes dans les cales, rats mort et cadavres de matelots tués par la gangrène, et les mouvements incessant du bateau lui avait retourner l'estomac.
Aveuglée par le soleil, la jeune femme s'avança lentement près du bastingage et s'y pencha, observant l'eau et les vagues. L'avant du navire déchiraient ces dernières laissant échapper de l'écume bien plus pure que les voiles ternies.
Iloé n'aurait jamais pensée que sa plus grande peur deviendrait la chose qui l'interrogerait le plus. Elle savait que des êtres chimériques vivaient dans les profondeurs de l'océan, mais quels genres de créature et avec quelles sortes de pouvoirs ? Le kraken existait-il vraiment dans ce monde illusoire ? A cette idée, elle se recula vivement du bastingage. Tout était possible à cette époque, plus rien ne l'étonnait maintenant.
Attiré par un bruit de porte, elle porta son regard vers les quartiers du capitaine. McLéod, visiblement inquiet, inspectait le pont. Ses sourcils se froncèrent méchamment et un long soupire se dégagea de sa bouche crispée. Lorsqu'il croisa le regard de la jeune femme, la colère s'intensifia légèrement. Il lui fit signe de monter sur le pont supérieur.
« Où est-il encore ?! Il ne voit pas qu'ils se posent des questions. Ce n'est pas bon ça, s'emporta-t-il à voix basse. Et en plus de ça il te laisse seul sur le pont !
- Du calme MacLéod, essaya-t-elle dans une tentative de raisonner le vieil homme.
J'ai l'impression qu'en ce moment il tourne en rond sans savoir quoi faire. Adamak sourit depuis tout à l'heure, je n'aime pas ça. »
Iloé suivit son regard et observa le moucheur de loin.
« Effectivement il a l'air de bonne humeur...
-Cette femme est morte, elle ne va pas se réveiller ! Elle a beau être une sirène elle n'a pas les pouvoir de résurrection d'un dieu ! Ce n'est pas comme dans une histoire, il se borne à dire que ces légendes sont vraies mais plus je le vois plus je me dis qu'il perd complètement la tête ! La peur de ne plus rien maîtriser le ronge et même s'il n'en dit rien, la mutinerie le rend fou d'inquiétude. »

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Les mers d'un autre monde
FantasyIloé Harper, jeune adulte désabusée, se fait arracher de son monde moderne et est envoyée des siècles en arrière où la piraterie est à son apogée. Son bracelet la lie à une légende des plus troublante mêlant malédiction et richesse. C'est en compagn...