*À la poursuite d'un frère*

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(à bord du Santa Victoria )

Le jeune capitaine était paisiblement étendu dans son lit, se reposant dans sa cabine lorsqu'un homme entra dans ses appartements.

-Debout gamin ! Votre père a-t-il donc mit à la tête de la plus grande flot espagnole un incapable?... Allez debout !

L'homme attrapa le capitaine Bolt par les vêtements et le jeta à terre.

Ce dernier grommela comme un gamin que l'on aurait disputé.

- Vos hommes sont indisciplinés! Dehors il n'en branle pas une ! À ce rythme, jamais on ne rattrapera ce maudit pirate !

-Oooh lâchez moi un peu Abdias. Pleurnicha Bolt. Je n'ai que faire de vos pronostics. À vrai dire je n'ai pas hâte de rencontrer mon frère.

-Votre frère vous fait tant peur que ça ? Parfois, je me demande si le monde n'est pas fait à l'envers...

Abdias, le second du capitaine, le força à se lever. Bolt, ivre, rouspéta puis chancelât jusqu'à la porte de sa cabine.

- Capitaine, vous ne voulez pas vous rhabiller avant de sortir ? Demanda Abdias quelque peu gêné.

Le capitaine enfila rapidement une lourde veste rouge puis sortit. Il constata que ces matelots ne faisaient rien d'autre que jouer aux cartes et parier, ce qui était évidemment interdite sur un navire.

-Au travail bande de scélérats !

Les matelots espagnols le regardèrent puis retournèrent à leur petite partie. Faisant mine de ne pas avoir entendu ou même remarquer le capitaine.

-Je suis le capitaine ! Vous vous devez de m 'écouter !

Un rire général se propagea sur le navire.

Soudain, une voix caverneuse retentit.

- Remuez-vous un peu bande d'incapable !

Les soldats firent un bond.

-Oui second maître !

Les cartes volèrent et les mousses se mirent au boulot rapidement. Bolt souffla.

- Allons capitaine ne vous lamentez pas pour si peu. Si vous mettez du votre, un jour, ils vous obéiront. Regardez votre père. Aucun matelot ne le regarde dans les yeux.

-Je suis comme mon père cruel et...Et.

- Vous êtes l'inverse de votre père. Vous êtes fainéant, sot, criard, couard...

- Vous serez pendu pour ces paroles !

- Vous n'êtes pas très persuasif lorsque vous êtes ivre comme un truand. Et vue que vous l'êtes souvent... Cela n'arrange rien. Même vos menaces me font sourire.

Bolt rouspéta puis retourna s'allonger dans ses appartements en demandant à ne pas être dérangé.

-Dire que ce morveux est à la tête d'une des plus grandes flottes espagnole... Face à son frère, il ne va pas tenir longtemps.

Ça faisait maintenant deux ans que son père l'avait attitré à ce poste. Le jeune homme, élevé dans la luxure, était un vrai gamin immature autant mentalement que physiquement. Abdias n'avait jamais vu Valerens Deker, mais il se demandait si Sir Bolt Deker avait une quelconque ressemblance avec ce dernier. Si ce qu'on disait était vrai, il avait du souci à se faire. Même si son envie de le tuer était telle qu'il n'en dormait pas la nuit, sont envie de fuir était plus grande encore.

- Pourquoi Morgan n'a t-il pas eu comme second fils ce Valerens. Ça nous aurai évité bien des problèmes...

Abdias faisait le tour du navire, criant de temps à autres sur les soldats paresseux. Il se demandait pourquoi il se retrouvait là aujourd'hui, à bord d'un galion espagnol. Il repensa à sa vie six années en arrière, lorsqu'il demeurait dans une maison de noble et vivait la parfaite vie d'un homme riche et sans réel problème. Puis ne se souvenant pas de la raison de ce soudain changement de vie, il dégagea de ses pensées cette question futile. Tout ce qu'il savait, c'est qu'aujourd'hui, il se retrouvait à voguer sur l'océan pour traquer les pirates.

En ce moment même, il en traquait deux, les plus recherchés du globe, Valerens Deker et Mathéo Salinas, les assassins du roi d'Espagne.

- Dire que ces gredins se haïssent au point de se tirer une balle dans le dos.

Abdias, remplaça le capitaine à la barre le temps que ce dernier décuve. Il jetait des regards sur les côtés pour garder une certaine distance avec les deux caraques alliés( type de bateau), placées à droite et à gauche du Santa Victoria.

Quelques heures plus tard, le capitaine décida de sortir de sa cabine et de monter sur le pont supérieur pour prendre l'air.

- Nous avons pris de la vitesse. Le vent souffle en poupe et fait gonfler les voiles.

-Bien, garde le cape.

-Comment votre père à t-il su que ce pirate se rendait sur l'île Ilthan ? Demanda curieusement Abdias au capitaine.

-Le bâtard cherche à retrouver la fille de l'océan. Celle qui est mentionnée dans la légende de « l'Être et la grotte ». Une vielle sorcière nous à dit que cette fille avait été aperçue pour la dernière fois sur cette île. Du coup, père pense qu'il se rend là-bas en espérant la trouver.

- Votre père a toujours eu de bonnes sources. Je pense que nous le retrouverons bien assez tôt.

-Si nous le trouvons, je doute qu'il ait une chance de s'échapper. Fit Bolt un sourire aux lèvres.

Le capitaine regarda fièrement les deux navires à ses côtés.

Soudain, quelque chose heurta légèrement la coque.

-Jetez un œil. Peut-être que nous nous sommes échoués sur un banc de sable. Ordonna le maître d'équipage, Mr Roy.

Les soldats se penchèrent par-dessus le bastingage, la surprise se lisait sur leur visage.

-Mr Abdias, il y a une épave...

- Des corps flottent à la surface !

Le second maître, étonné, se pencha à son tour. Il fut stupéfait de voir un Cotre(type de bateau) au fond de l'océan. C'est un bateau de pêche utilisée aussi pour le transport de marchandises.

- Ohé du bateau ! (terme réellement utilisé ) Appela un membre d'un Caraques allié. Nous avons un survivant !

Abdias et le capitaine descendirent sur le pont principal, montèrent dans une chaloupe avec deux matelots et ramèrent jusqu'à l'autre bateau. Une fois à bord, le commandant du Caraques les interpella.

- On a récupéré une chaloupe avec un homme à l'intérieur. Il est assez amoché, on ne sait pas si on va réussir à le sauver.

Le second et Bolt se rendirent auprès de l'homme.

-Que s'est t-il passé mon ami ? Demanda Abdias.

- Des pirates nous ont attaqués... Ils m'ont laissé envie pour que je transmette un message.

L'homme commençait à partir. Abdias le secoua.

- Allons! Parlez! dites nous ce message !

- « Deker... vous passe ses salutations ».

L'homme ferma ses yeux et lâcha un dernier soupir avant de mourir paisiblement.

Bolt pâlis sévèrement.

- Il n'y a plus de doutes. Nous sommes sur la bonne voix. Souffla Abdias.

Les mers d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant