Les mers d'un autre monde

*Souquez ferme ! *

-Souquez ! Souquez ! Hurlait Gibs à ses rameurs.

-Plus vite bande de rats ! Gronda le bourreau des mers avec son fouet tandis que les matelots sérinaient en coeur:

-Ho hisse... Ho-hisse !

McLéod, près de la barre, surveillait les matelots qui pagaillaient depuis maintenant trois bonnes heures.

Le feu qui s'était propagé sur le navire avait brûlé les voiles et affaiblis le bois. Dans les cales, l'eau s'installait et alourdissait la corvette. Deker et Nell par un dernier effort avaient réussi à échoué le Black-Send sur un banc de sable. Seulement une peur les avait animées pendant ces jours de cale sèche forcée: si une nouvelle attaque survenait, il ne pourrait pas y faire face. Valens avait donc ordonner à ses matelots de rafistoler la coque et de sortir les pagaie.

-Vous le tirerez à bout de bras sur l'île noir s'il le faut !

Après avoir écopé les cales et éteint le feu qui s'était transformer en un brasier, les mousses descendirent dans les cales et commencèrent à pagayer.

- Faîtes un p'tit effort mauviettes ! Beugla Gibs.

Le temps était gris, mais le vent chaud chassait peu à peu les nuages et libérait le soleil:

« Ho-hissez haut ! Pavillon haut !

C'est pour boire a notre victoire une coupe de vin rouge.

Combattre pour les richesses, combattre pour la gloire.

Les premières, je les méprise et la seconde n'est qu'un nom.

Je me bats par vengeance ! J'aime voir s'écouler la vie de mon ennemi a la pointe de mon sabre.

Ho-Hissez haut !

Ho-Hissez haut !

Je me bats en mémoire des longues années perdues,

je verse le sang-là ou d'autres versent des larmes. 

Je frappe, telle la foudre rouge d'en haut,

sur la race que je déteste, 

pour la bataille que j'aime. »

-Ils commencent à chanter... 

Le capitaine Deker leur avait promis des femmes et du rhum à foison pour satisfaire leur envie, on peut dire que ça a marché.

 -Vous pourrez boire sans soif et vous amuser jusqu'au matin quand nous arriverons sur l'île ! Avait t-il ajouté.

Ugly John paraissait nettement plus enthousiaste. McLéod observait le capitaine du pont principal: Valens semblait impatient de rentrer sur son île sauveuse, où le sable était noir comme la nuit.

-Eh oui mon vieux, tu portes le nom d'une île. Fit le second maître en tapotant la rambarde du navire. Tu vaux mieux que ça pourtant...

- Chien !

McLéod écoutait parler le capitaine. Il échangeait de vives paroles avec ce prisonnier nommé Abadias, ou Abdias... Il ne s'en souvenait plus. Deker lui avait simplement dit que s'était le second de ce lâche de Bolt.

-Ma foi, je me demande s'ils ont réellement le même père. Songea le vieux.

-Más  bien, ¡muere! Sucio hijo de gato ! Hurla l'espagnol captif.

-Attachez-moi ce rat en haut du mat ! Il nous servira d'étendard humain. Cracha le capitaine.

Cinq mousses s'emparèrent de lui, ils l'entourèrent avec une corde et le hissèrent jusqu'en haut.