Les mers d'un autre monde

*Traîtresse*

-Souquez souquez ! Hurlait toujours Gibs.

A peine venait-il de lever l'ancre que le navire voguait sur les eaux troubles de cette région, dont le fond était aussi noir que la roche volcanique. Le capitaine ainsi que bon nombre de matelots savait que L'île au sable noir n'était pas loin. D'ici quelques heures, ils mouilleraient au port de commerce. A eux la bière et les femmes ! L 'idée de poser les pieds sous une table et de prendre du bon temps donnait du courage aux rameurs.

-Maintenez la cadence !

-Ho-Hisse....Ho-hisse...Soufflaient-ils épuisés.

Nell, tenait d'une seule main le gouvernail. L'autre bras étant dans un foulard, elle craignait ne plus retrouver la motricité de son membre et ainsi perdre son emploi. Sur un navire pirate, il fallait entre entier ou du moins avoir une bonne motricité.

La timonière grimaça, son bras le lançait.

-Ce foutu mat m'a complètement broyé le bras en tombant...Aha, je n'ai pas à me plaindre, ce chien galeux souffre encore plus. J'en remercie Dieu que le temps soit clair ! S'esclaffa t-elle.

Iloé qui était au côté de la jeune rousse porta son regard sur le mat. L'homme était brûlé, des plaques boursouflées recouvraient son torse rouge. Il devait être trempé de sueur. Elle ressentit de la peine pour cet homme. Il devait être assoiffé. Elle vit Abraham, le prêtre du navire et se souvint qu'il était contre ce châtiment beaucoup trop cruel. Elle vit en lui un espoir pour aider ce pauvre homme. L'esclave descendit rapidement les escaliers et l'accosta.

-Oh ma fille, que veux tu ?

-Mon père, il doit mourir de soif. Est-ce un pêcher que de donner à boire à un ennemi ? Murmura t-elle pour que personne ne l'entende.

Le prêtre fit non de la tête.

-Dieu est le seul maître à bord, avant le capitaine. Tu seras récompensé pour ta bonté si tu agis. Tiens...J'ai justement du pain et une gourde remplie d'eau. Je comptait lui donner mais gravir ces échelles n'est plus de mon age mon enfants.

Iloé s'empara de la nourriture.

-Je peux te protéger de Dieu, mais prends garde, je n'ai aucune emprise sur le Démon qui nous dirige, prévenu t-il en désignant Deker.

Iloé le remercia et se dirigea vers l'échelle de corde. Dans un premier temps, elle hésita à se hisser sur la toile de peur de tomber à l'eau, mais elle ne pouvait pas abandonner. Elle attrapa les premières cordes et monta sur le mat, un pied dans chaque trou, elle se hissa agilement. Arrivée à la poutre en bois, une rafale de vent souffla et lui fit perdre équilibre. Elle se cramponna bien fermement à la poutre lisse et vernie. Son regard se posa soudain sur les mousses qui pagayaient plus bas. Le sifflement du vent frôlait ses oreilles et soulevait sa chemise en toile crasseuse. Iloé lâcha un soupir de soulagement et monta encore quelques mètres pour arriver au-dessus de la grande toile. Une fois sur le marche pied, elle se sentit plus à l'aise. La jeune brune put apercevoir le captif ligoté. Il était dans un état déplorable. Ses yeux étaient enflés et des traces de coup de bec apparaissaient un peu partout sur son corps brûlé. Les yeux clos, il respirait à peine, le seul son de sa respiration était un sifflement atroce. Iloé sortie la gourde et glissa le bec dans la bouche entrouverte du mourant. Il déglutit puis avala goulûment le liquide de peur qu'on lui retire.

-Doucement... Doucement, ça peut vous tuer une eau aussi fraîche.

L'homme ouvrit lentement les yeux.

-G-Gracias... Bégaya t-il.

-Je prends un risque en faisant ça. Je ne pense pas pouvoir revenir. Finissez la gourde.