*La sirène*

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Le soir tard, après avoir bu quelques gorgées de Grog, Iloé décida de sortir sur le pont afin de se rafraîchir un peu les idées. Suite à la partie de cartes, elle avait été entraînée dans les cales pour boire et chanter en compagnie des matelots, Asha, Cann et tant d’autres. Ce n’est qu’après quelques heures, passées en compagnie de matelots ivres dans cet endroit où régnait fumée et puanteur, qu’elle décida de se rafraîchir avec l’air marin.

La fraîcheur lui fit le plus grand bien, le tabac froid commençant à lui donner la nausée. Ses yeux se perdaient entre les vagues de l’océan. Le navire avait jeté l’ancre il y a deux jours et la relèverait demain pour voguer à nouveau sur ces eaux azur. Soudain elle vu quelque chose sauter hors de l’eau. Une sorte de poisson dont les écailles reflétaient les rayons de la Lune. L’animal fit à nouveau un plongeon, puis quelque chose de plus gros encore fit surface, créant des vagues massives qui tapèrent sur le navire. Iloé curieuse se pencha un peu plus :
-Tu pensais m’éviter toute la nuit ?
On l’attrapa soudainement et elle se sentit hissée sur une épaule. Surprise, elle cria.

-Tss Boucle la ! Je t’ai ordonné de ne plus te promener seul sur le pont. Sermonna Deker.

- Lâchez moi ! La jeune femme tapait avec ses poings le dos du capitaine.

Ce dernier gravit les marches du pont supérieure sans problèmes avant d’ouvrir la porte de sa cabine et de la jeter dedans. Il entra à son tour et s’appuya sur l’ouverture. Un sourire espiègle apparut sur son visage mate. Ses yeux était illuminé d’une étincelle de malice et d’amusement. Iloé, en revanche, recula de quelques pas. Sa gorge était sèche. Elle n’aimait pas la façon dont il la regardait. Elle ne comptait pas rester ici toute la nuit en compagnie d’un sadique. Tout était détestable chez lui ; ses manières, son caractère, son habitude hautaine et méprisante...La jeune femme savait que sur un navire la parole était sacrée et respectée, surtout celle du capitaine et que si un homme ne la respectait pas il était battu avec un fouet. Iloé n’était pas non plus pour cette solution…

Deker commença à s’approcher. Iloé recula encore mais se retrouva bientôt coincée contre le bureau du capitaine. Il s’approchait toujours, d’un geste Iloé sortit le pistolet à silex que Mitrak lui avait légué. Valens s’arrêta et s’esclaffa d’un rire forcé.
-Tu oses pointer une arme sur ton maître ? Tu peux être tuée pour ça.

Iloé releva la languette en fer qui servait à armer le pistolet. Elle tremblait face au regard , devenu sévère, du capitaine.

-Tu es bien sotte comme femme. Ton arme n’est même pas chargée en poudre.
Iloé se mordit la lèvre inférieure. Il l’avait cernée.

-Tire, mais ne me rate pas. Lança Deker d’un air de défi.

Voyant qu’elle hésitait, il lui attrapa la main et l’attira vers lui. Il lui saisit le menton et approcha son visage du sien. Iloé de peur étouffa un cri de surprise et ferma les yeux. Elle pouvait sentir son souffle chaud, son odeur.

-Tu es faible. Si un jour, tu dois tirer sur une personne n’hésite pas un instant. Sinon, c’est ta vie qui sera prise.

Il relâcha un peu son emprise puis s’écarta d’elle. Il se dirigea vers la porte et d’un geste machinal rajusta son tricorne, d’un air sérieux si habituel chez lui.

-Ne sort sous aucun prétexte. Tu vas m’attendre bien sagement ici. Je ne serais pas long, je finis mon quart de ronde et je te rejoins.
Un sourire malicieux passa sur son visage sévère.

Il ouvrit la porte puis sortit. Iloé patienta quelques minutes. Ses mains tremblaient encore, mais elle était bien décidée à quitter cette pièce. Elle se dirigea vers la porte et l’entrouvrit… tombant nez-à-nez avec Valens qui l’attendait les bras croisé.

Les mers d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant