Les mers d'un autre monde

*Cann, le bourreau des mers*

*Capitaine Valerens Deker*

***

   Le capitaine regardait sa main. Il ressentait encore la chaleur dégagé par celle d'Iloé. Un sentiment doux s'empara de son cœur de pierre sans qu'il ne puisse l'identifier.

-Qu'est-ce qui m'arrive... Chuchota-t-il.

-Valens ?

Deker se retourna surprit.

Il n'était pas comme d'habitude. Jamais il ne se serait fait surprendre ainsi par McLéod, l'homme le moins discret du navire. Avec l'âge, il devenait de plus en plus bruyant dans ses gestes et sur le bateau, on l'entendait souvent arriver de loin. Deker se demandait parfois s'il gueulait pour se faire entendre par les mousses ou pour s'entendre lui-même.

-Ça fait une bonne demie heure que tu es enfermé dans ta cabine. Dit-il d'un air amusé. Tu ne semblait pas très bien tout à l'heure sur le pont.

Le second paraissait s'amuser dans cette situation. Il aimait se moquer du capitaine, mais les occasions étaient rares et mal venues. Le voir dans cet état, si troublé et ne comprenant pas ce qui lui arrive, fit sourire le vieil homme jusqu'aux oreilles. Mais il ne l'aiderait pas à trouver la réponse à sa question, il devait le faire seul ; le vieux du navire resterait à sa place pour une fois.

-L'alcool te joue des tours mon ami. Dit-il sur la défensive.

-Tu ne pensais pas à cette esclave par hasard ? C'est la première fois que je te vois rougir devant une femme. D'habitude, c'est l'inverse.

Ses paroles lui firent de l'effet, ce que cherchait à faire McLéod qui sourit de plus belle. Cette attitude aurait été sévèrement punie si un matelot se l'était permise, mais Deker fermait les yeux quand il s'agissait de son ami.

-Tss.... Boucle là ! Gronda t-il.

Deker se retourna subitement et marmonna dans sa barbe des jurons en espagnole, sa deuxième langue natale. McLéod s'assit sur une chaise et prit une des bouteilles de rhum qui traînait sur le bureau de Valens.

  -Le capitaine se doit de retourner sur le pont. Les mathurins commencent à se laisser aller. Fit-il en buvant une grande gorgée.

-Je n'ai pas besoin de toi pour savoir ce que je dois faire. Grommela t-il.

Le capitaine prit sa bouteille de rhum des mains du vieux mousse.

-Vas taper dans tes réserves.

Deker sortit de sa cabine en titubant, il avait décidément trop bu. En remettant son tricorne une légère douleur, le fit tiqué et il décida de se rendre dans la salle des soins. Il descendit les escaliers du pont principal. Son regard se posa sur une bande de matelots endormi et saoul et il se maudit d'avoir quitté son poste de capitaine. En si peu de temps ces fumiers ont su profité..Arg ! Certains plus ivres que d'autre décuvaient, d'autres encore dormaient avec la bouteille à moitié vide sur le ventre. Je sais où passe tout le rhum, pensa t-il.

Deker s'avança sur le pont, furieux.

-Debout bande de gredins ! Mettez-vous au boulot et que ça saute ! Des fainéants n'ont rien à faire sur mon navire, alors au travail si vous ne voulez pas passer par-dessus bord comme tout les autres ! Cria sévèrement le capitaine.

Les mousses, surpris, se relevèrent en vitesse et coururent se mettre au travail. Deker grommela puis partit dans les cales toujours en hurlant ses ordres. Il arriva à une porte derrière laquelle se trouvait "l'infirmerie". C'est l'endroit où l'on soignait tous les blessés, même les plus graves, et c'est également le lieu où Pax passait le plus clair de son temps.