Chapitre 2:

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-Tu es prête Eden ? Demanda Ellen en toquant à ma porte.

Je ne pris pas la peine de répondre. Depuis la mort de ma mère, je n'avais plus parlé. J'en étais incapable. Je l'entendis donc s'éloigner de ma chambre. Moi, j'étais toujours figée devant mon miroir. Je n'arrivais toujours pas à digérer le fait que j'allais à l'enterrement de ma mère. Que j'allais devoir lui dire définitivement au revoir et la laisser reposer dans le sol. Je n'arrivais pas à me faire à l'idée que je ne la verrais plus sourire, me faire de câlin, me rassurer quand j'aurai peur,... J'essuyais mes larmes avant de regarder si j'étais présentable. Pas comme s'il y allait avoir foule à l'enterrement. Ma mère était fille unique et ses parents étaient morts. Ça avait toujours été elle et moi uniquement. Elle et moi jusqu'à la fin. Du moins, c'était ce que j'avais espéré mais mon monde s'était écroulé en quelques mois.

Finalement, après plusieurs minutes, je sortis de ma chambre. J'enfilais mon manteau et mes chaussures avant de rejoindre Ellen, qui était à l'entrée.

-C'est bon ?

J'acquiesçais avant qu'on ne sorte. Je montais dans sa voiture et regardais le paysage défiler devant mes yeux. Je ne savais pas ce que j'allais devenir. Ellen m'avait annoncé qu'elle ne pouvait pas me garder. Qu'après l'enterrement, l'avocat de ma mère allait me placer dans une maison d'accueil. Avec des personnes que je connaissais pas. Ma valise était dans le coffre, j'avais pris toutes mes affaires. Enfin, le peu que j'avais. J'allais changer d'univers. Et ça me faisait paniquer. En plus j'étais assez timide comme personne alors là, j'étais servie. Après plusieurs minutes, on arriva à l'église.

Je ne me considérais pas comme chrétienne. J'avais été élevée dans cette religion et aussi baptisée à mes six mois mais je n'allais pas à l'église, ni ne faisais le carême ou autre. Certes, j'avais une croix autour du cou mais c'était parce qu'elle appartenait à ma mère. Elle se passait de génération en génération. Toutes les Leroy filles la donnaient à leur progéniture.

Comme je vous l'avais dit précédemment, il n'y avait presque personne. Nous étions cinq au total. Moi, Ellen et trois autres personnes que je ne connaissais ni d'Adam, ni d'Eve. Il y avait deux hommes et une femme. Je pris place sur le banc tout devant, qui se trouvait près du cercueil de ma mère. Le prêtre commença rapidement la cérémonie. De temps en temps, des larmes se mettaient à couler sur mes joues pendant qu'Ellen essayait de me réconforter.

L'office se termina rapidement. Quatre hommes travaillant pour les pompes funèbres vinrent prendre le cercueil pour l'emmener au cimetière. On les suivit toujours en silence. Je les regardais mettre en terre ma mère, le cœur déchiré. Je n'avais plus aucune émotion. Pour moi, ce moment dura une éternité alors que ça n'avait pris que quinze minutes. Petit à petit, les personnes venues partirent. Il ne restait que moi, Ellen et un des messieurs. D'ailleurs, j'entendis la meilleure amie de ma mère me dire qu'elle revenait avant qu'elle ne se dirige vers l'individu inconnu. Je restais immobile devant la tombe. Comme elle savait qu'elle n'allait pas battre la maladie, elle avait tout planifié à l'avance. Comme sa personnalité, elle avait choisi une tombe toute simple avec seulement son nom et les dates gravés dessus.

-Eden, je te présente M. Lambert. C'est l'avocat de ta maman et c'est lui qui va te conduire dans ta nouvelle maison.

-Bonjour Eden. Je suis ravi de te rencontrer, dit-il en tendant sa main.

Je regardais sa main puis son visage avant de tourner ma tête pour lui montrer que je m'en fichais de lui. Il toussota gêné avant de ranger sa main. Ce n'était pas contre lui mais je ne voulais parler à personne. Je voulais rester dans ma bulle, seule, pour oublier temporairement cette douleur. Cette douleur qui me rongeait de l'intérieur. Finalement, j'embrassais la tombe de ma mère avant de me diriger vers la voiture d'Ellen pour récupérer ma valise. Quand je terminais, je retournais auprès des deux individus. L'avocat salua l'ancienne meilleure amie de ma mère avant de se diriger vers son véhicule. J'en fis de même mais sans lui adresser un regard. Je partis sans un au revoir de ma part.

Une fois dans la voiture de M. Lambert, je passais le chemin en silence à regarder le paysage. Je pouvais voir ma petite campagne à moi disparaître petit à petit pour laisser place à d'immenses bâtiments austères. Les plaisirs de la ville. Notez l'ironie, évidemment. Après plus de deux heures de trajet, nous arrivâmes à destination. Son cabinet était dans un immeuble Haussmannien de la capitale. Il m'aida à sortir de la voiture puis prit ma valise. On monta jusqu'au troisième étage. L'intérieur était beaucoup plus beau que l'extérieur. C'était simple, voir un peu rustique. Le bois était proéminent et ça j'aimais bien. Le style ancien.

-Tu vas m'attendre dans cette salle, déclara-t-il soudainement. Je reviens dans dix minutes. Tu trouveras des jeux, du dessin et même une télévision. Je veux que tu fasses comme chez toi.

« Je n'ai plus de chez moi, monsieur », pensais-je dans ma tête tout en acquiesçant. Je pris ma valise et me dirigeais vers la salle. Elle était immense. D'un côté, il y avait un canapé avec une télé, en face de moi, une grande bibliothèque, avec dans certaines étagères des jeux de société, au milieu de la salle, une table en verre et à ma droite, un piano Pleyel. C'était une grande marque de piano que j'avais toujours rêvé d'avoir mais c'était beaucoup trop cher pour le petit salaire de ma défunte mère. Ni une ni deux, je jetais ma valise au sol et courus dans sa direction. Jouer du piano était une des seules choses qui me permettait de tout oublier.

Je pris place sur le siège devant le clavier. J'appuyais sur une des touches et un son merveilleux en sorti. Il était accordé, Dieu merci !! Je craquais mes doigts avant de jouer le tout premier morceau que ma mère m'avait appris : Le Printemps de Vivaldi. Certes, ce n'était pas une mélodie facile à jouer mais comme j'étais bornée et déterminée à apprendre toujours des choses compliquées avant des simples, elle avait cédé. A peine les premières notes jouées, je me sentais déjà mieux. J'étais transportée dans un autre monde où toute souffrance était inexistante.

Quand le morceau se termina, j'entendis quelqu'un applaudir derrière moi. Je sursautais avant de me lever et de tourner mon visage vers la source de ce bruit. Et là, quand je reconnus qui se tenait devant moi, je beugais.

-Tu as bien le talent de ta mère.

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Sans une larmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant