Chapitre 5:

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Après plusieurs minutes de recherche, je trouvais LE piano parfait. Quand j'avais fait mon choix, le chanteur m'avait regardé bizarrement. Dans le magasin était présent une vingtaine de piano tout fraîchement construit, brillant sous les lumières, bien accordé, ... Mais mes yeux s'étaient posés sur un piano dans un assez bon état mais pas du tout poncé, verni et accordé. Au premier regard, il n'avait rien d'attractif mais il avait une place particulière dans mon cœur : c'était le même piano que ma mère. Celui où j'avais appris à jouer mes premières notes.

-Tu es sûre de ton choix ? Demanda le chanteur. Il y en a pleins d'autres dans un meilleur état.

Je secouais la tête, contre son idée. Je voulais ce piano, pas un autre. Je le regardais avec des yeux suppliants. Si je ne l'avais pas, ça ne servait à rien que je continue de jouer de cet instrument. Son regard croisa le mien. Finalement, il soupira avant d'appeler le vendeur, qui se précipita vers nous.

-Oui M. Hallyday ? C'est pour quel piano ?

-Celui-là ! Dit-il en désignant « l'antiquité ».

-Ce... Ce piano ? Bégaya le vendeur devant mon choix.

-Oui, acquiesça le chanteur.

-Très bien. Suivez-moi à la caisse.

On s'exécuta. Il était à 3000€ au lieu de 8000€. Belle réduction mais le prix aussi était toujours pas mal. L'homme nous annonça qu'il nous le sera livré dans l'après-midi. Mon père acquiesça avant de prendre la facture de paiement et sortir du magasin.

Cette fois, pour de bon, on retourna dans le parking. Carl mit tous les sacs de course dans le coffre de la voiture avant de démarrer. Comme par hasard, à la sortie, une horde de paparazzis était présente. Je commençais déjà à en avoir marre d'eux. Instinctivement, mon « père » me prit dans ses bras et je me camouflais contre son torse.

-Fonce Carl ! Ordonna le chanteur.

Je sentis la voiture accélérer. Quand on fût assez loin d'eux, je repris ma place normale. Après une trentaine de minute, on arriva à destination. Carl donna mes sacs à Samantha, qui les monta dans la chambre.

L'après-midi arriva rapidement. J'observais le camion livré mon piano. Mon père avait décidé de le placer dans le bureau au rez de chaussé, qui donnait sur le jardin. Il sera juste à côté de la baie vitrée. Endroit parfait pour jouer et composer. J'allais avoir de l'inspiration. Mais avant de pouvoir jouer, il fallait le réparer. C'était d'ailleurs l'idée qu'eut mon père. En effet, vers 15h, peu de temps après que le camion fût parti, il vint me chercher dans ma chambre.

-Toc, toc, dit-il en passant sa tête dans l'entrebâillement de la porte. Je ne te dérange pas ?

Je secouais ma tête. Non, je ne faisais rien. J'avais observé l'arrivée de mon piano. J'étais plus que pressée d'en jouer.

-J'aurais besoin de ton aide pour réparer ton piano. Tu veux bien ?

Je sautais hors de mon lit, toute contente. J'allais aider pour la réparation de mon piano. Quoi demander de plus ? Peut être d'avoir été là pour sa fabrication mais bon... Au moins, j'aurais un souvenir de ma mère biologique avec moi. Quand on arriva dans la salle, un homme était déjà présent. Il avait une chevelure de sorcier : longue et frisottée de partout. Il me faisait un peu peur mais s'il était dans la maison, c'était qu'il était quelqu'un de confiance.

-Eden, je te présente Yvan Cassar. C'est mon pianiste et il a accepté de venir cet après-midi pour remplacer les fils et accorder le piano.

-Bonjour Eden, déclara ce dernier en me tendant sa main. C'est un plaisir de te rencontrer.

Comme réponse, je lui serrais la main tout en lui offrant un sourire. Puis, nos tâches débutèrent. Pendant que le monsieur à la coupe bizarre s'occupait de l'intérieur du piano, avec mon père, nous avons débuté le ponçage. Il m'avait donné un bout de papier de verre, comme il m'avait expliqué, puis montré comment l'utiliser. Je m'étais ensuite attelée à la tâche. Quand nous terminâmes, nous passâmes au vernis. Ça, c'était plus simple. On acheva la réparation vers 17h. Visuellement, il était comme neuf. Maintenant, essayons l'écoute. Le pianiste de mon père testa toutes les touches une par une. Les sons étaient parfais jusqu'à ce qu'il arrive au « fa# ». Elle produisit un bruit immonde.

-Mal accordé, dis-je en même temps qu'Yvan.

Mon père me regarda à nouveau choqué d'entendre ma voix. Décidément, ce piano arrivait à me faire parler. Quand le pianiste termina sa tâche, il nous salua avant de partir. Mon père me fit signe de tester l'instrument. Je pris place, lui à mes côtés, et entamais « Je te promets ». Quand il reconnut la mélodie, il chanta. Ma mère avait raison. Sa voix était unique. Personne ne pouvait la surpasser. Quand la musique se termina, un silence nous accueillit. Finalement, je fis quelque chose qui allait le choquer : je me mis à parler.

-Je sais que depuis que je suis arrivée chez vous, je n'ai pas été très... agréable. Vous avez pourtant tout fait pour m'accueillir au sein de votre famille. Je vous promets d'essayer de faire des efforts pour la suite. En tout cas, je vous remercie énormément pour le piano. C'est le plus beau cadeau qu'on puisse me faire.

-Tu n'as pas à t'excuser, déclara-t-il une fois remis de son choc. Je comprends parfaitement ce que tu dois traverser avec la mort de ta mère. En aucun cas, nous voulons te brusquer. Prends autant de temps que tu veux, du moment que tu nous considères comme ta famille. Et s'il te plaît, ne me vouvoie pas. Je suis ton père, après tout. En tout cas, tu as une très jolie voix.

-Merci. C'est gentil, répondis-je avec un sourire sincère.

-J'aurais une autre question, qui m'intrigue depuis ce matin. Pourquoi avoir choisi ce piano et pas un meilleur ?

-Ma mère avait le même, expliquais-je après plusieurs secondes de silence. Et c'est sur ce piano là que j'ai appris à jouer. Donc quand je l'ai vu, j'ai su que c'était lui ou rien.

Il acquiesça doucement avant de reprendre la conversation, mais sur un autre sujet.

-Je t'ai inscrite à l'école primaire Maurice Chevalier. Tu commences la semaine prochaine. Mieux vaut que tu retournes rapidement à l'école et que tu te fasses de nouveaux copains.

-Ça me manquait. J'étais la première de ma classe à une époque. Avant que ma mère ne tombe malade, murmurais-je la dernière partie.

-Je suis sûr que tu te feras plein d'amis. Bon, ce n'est pas tout mais après l'effort, le réconfort. Et personnellement, je suis affamé. Pas toi ?

-Si, répondis-je en souriant.

Il rigola aussi tout en se dirigeant vers la cuisine, moi juste derrière lui.

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