Sans une larme

Chapitre 1:

12/02/1999

-Ne pleure pas ma chérie, déclara finalement ma mère en levant son bras avec peine pour essuyer mes larmes. Je t'avais dit qu'un jour je te quitterai. Malheureusement pour moi, ce moment est arrivé plus tôt que prévu. Je ne veux pas te voir pleurer. Tu es une fille forte Eden, je serai toujours avec toi.

-Je veux pas que tu partes maman. S'il te plaît ! Ne me laisse pas seule.

-Tu ne seras jamais seule, rétorqua-t-elle à bout de souffle. Je serai là avec toi pour toujours, déclara-t-elle en pointant son doigt sur mon cœur.

J'attrapais sa main dans la mienne, essayant de mémoriser les derniers instants que j'allais passer avec ma mère. Une fillette de huit ans ne devrait jamais avoir à vivre ça. Voir sa seule et unique famille mourir à petit feu d'une tumeur au cerveau. Je l'avais soutenu depuis le début il y a six mois. Elle m'avait garanti qu'elle allait se battre parce que c'était une guerrière. J'avais d'ailleurs hérité de ce côté-là de sa personne.

C'était, à dire vrai, une des seules choses. J'étais blonde aux yeux bleus alors que ma mère avait les cheveux noirs et les iris marron. Elle m'avait dit un jour que je ressemblais énormément à mon père. Je ne le connaissais pas. Il était parti avant même de savoir que ma mère était enceinte. Elle m'avait dit de ne pas lui en vouloir, c'était un homme d'action pas familial. Mais je ne devais surtout pas douter de son amour envers ma mère. Ils avaient eu une vraie alchimie. La seule chose qu'elle ne voulait pas me dire était son nom.

-Eden, il faut y aller, intervint la meilleure amie de ma mère Ellen, en entrant dans la chambre d'hôpital.

J'habitais chez elle depuis un mois. L'état de ma maman avait empiré à une telle vitesse que depuis son entrée à l'hôpital, je vivais chez Ellen. Je n'avais pas vraiment le choix. Je n'avais pas d'autre famille. Je pris ma mère dans les bras une dernière fois. C'était difficile avec toutes ces machines branchées à elle. J'eus énormément de mal à contenir les nouveaux pleurs qui firent leur apparition.

-Promets-moi d'être forte ma puce et de continuer à t'entraîner au piano ! Murmura-t-elle dans mon oreille.

-Je te promets maman.

-Je t'aime tellement ma chérie.

-Moi aussi.

Je ne voulais plus lâcher ma mère. Je n'eus pas le choix quand Ellen me tira en arrière. Je commençais à me débattre mais elle était beaucoup plus forte que moi. Elle quitta la salle suivie par ma personne. Je réussis à me calmer qu'une fois dans la voiture. Pendant tout le chemin jusqu'à l'appartement de la meilleure amie de ma mère, je sanglotais silencieusement. Je savais que j'allais la revoir demain après l'école mais je voulais passer le plus de temps possible avec elle.

-Je suis désolée de t'avoir sorti de la sorte, expliqua soudainement Ellen. C'est juste que... tu ne devrais pas être témoin de ça à un âge aussi jeune. Tu devrais garder de meilleurs souvenirs que ceux à l'hôpital pour te rappeler ta mère. Je sais que tu es triste, moi également. Je perds une amie, une sœur. Mais te voir sourire rendrait Gabrielle (la mère d'Eden) heureuse. J'aimerais que demain, quand on ira la voir, tu affiches ton plus beau sourire. Ça lui redonnera des forces, crois-moi.

-C'est vrai ? Demandais-je en essuyant mes larmes.

-Oui. Alors maintenant, je veux que tu me fasses un énorme sourire.

Je m'exécutais rapidement. Tout le monde adorait mon sourire. Dès qu'ils le voyaient, c'était comme si leur vie s'égayait. J'avais hérité ça de ma mère aussi. J'adorais voir son sourire. Quand j'étais triste, il me redonnait le moral. Quand je me sentais seule, un sourire de sa part et je me sentais soutenue.

-C'est parfait, annonça-t-elle.

Après quelques minutes, nous arrivâmes à destination. Je sortis de la voiture et me dirigeais vers ma chambre. J'avais une tonne de devoirs à faire vu que je passais presque tout mon temps libre à l'hôpital avec ma mère. Je les fis donc rapidement avant d'aller prendre ma douche. Une fois fini, je suivis l'odeur de la nourriture jusqu'à la cuisine. J'étais affamée. Je commençais à saliver en voyant les frites et les hamburgers sur la table. On ne mangeait pas que ça, je vous rassure. Il fallait garder la ligne quand même.

-Je peux regarder la télé ce soir ? Il y a les Gremlins.

-Tu ne vas pas avoir peur ?

-Ellen, j'ai huit ans. Je suis plus un bébé.

-D'accord, mais tu ne te couches pas trop tard. Je crois me souvenir que tu as une interrogation sur les tables de multiplication demain.

-J'ai appris. Promis !

-Très bien jeune fille.

Je courus en direction de la salle de bain et me brossais les dents. Je pris ensuite place dans le canapé et attendis le début du film. J'adorais vraiment ce film. Au début, il me faisait peur mais à force, c'était devenu un de mes films préférés. Néanmoins, sûrement dû à la fatigue, je m'endormis en plein milieu. Je fus réveillée en sursaut par le téléphone. J'entendis la voix d'Ellen répondre et pendant plusieurs secondes je n'entendis rien. Quand elle raccrocha, je l'entendis pleurer. Je me levais du canapé avant de me diriger vers elle. Elle était contre le mur, sa tête dans ses mains.

-Qu'est-ce qui se passe ? Demandais-je paniquée, ce qui la fit sursauter.

Quand son regard croisa le mien, je compris tout de suite ce qui se passait. Ma mère avait rendu son dernier souffle. Elle m'avait abandonné. Des larmes se mirent à couler le long de mes joues. Ellen se précipita vers moi et me prit dans ses bras. J'éclatais finalement en sanglots. Cette fois, c'était sûre. J'étais seule au monde.

-Tout va bien se passer ma puce, me murmura-t-elle. Tout va bien se passer.

Si seulement ça pouvait être vrai.

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Plus de 60 lectures, je n'arrive pas à y croire. Merci beaucoup de lire cette fiction. Je pensais pas qu'elle serait lue. Ça me fait vraiment plaisir. Dîtes-moi ce que vous en pensez et si certaines choses doivent être changées. Merci. Bigbang93 :)