C5 - Hale le grincheux

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Chapter five | Hale le grincheux

Un cadavre a été retrouvé dans les bois.

C'est la première phrase que j'entends après être arrivé une demie heure après l'heure convenue. Elle me nargue dès que je franchis la porte. Je reste figé pendant une seconde ou deux avant de retrouver la faculté de bouger. Si la première phrase a eu le don de me paralyser, celles qui suivent me glacent le sang. La voix de Derek s'élève dans la pièce comme lors d'un sacrement divin. Elle remplit toute la salle avec une telle force qu'on ne peut rien faire d'autre que de l'écouter. Principalement lorsqu'il dévoile que le crime n'est pas banal – l'auteur n'est probablement pas humain.

La lumière tamisée du loft de Derek amplifie l'ambiance sinistre qui plane au-dessus de ces mots en rajoutant quelques penchants dramatiques. Toute la meute reste silencieuse autour de la grande table du salon en regardant les feuilles disposées devant eux. Personne ne nous porte attention lorsque Malia et moi nous incrustons dans le cercle formé autour de la table.

La voix de Derek ne fléchit pas : elle est stable, dure, grave. Ses mains sont posées à plat sur la surface lisse de la table du salon. Ses biceps dansent sous les manches de son t-shirt lorsqu'il bouge légèrement tandis que la faible lumière de la pièce joue paresseusement entre les énormes veines qui entoure ses bras comme des vignes. À chaque fois qu'il prononce un mot, il prend soin de regarder chacune des personnes présentes autour de la table. Comme s'il voulait faire prendre conscience du poids de ses dires, malgré la façon dont il les articule. Leurs platitudes me rendent tellement mal-à-l'aise que je détourne les yeux avant de me mettre à gesticuler pour cacher mon inconfort.

Ma main glisse sur un des comptes-rendus que je commence à lire presque instantanément. Une lycéenne a été retrouvée dans les bois de Beacon Hills samedi au crépuscule. Selon les rapports, tout pense à croire qu'elle ait été tuée la veille aux alentours de vingt-trois heures. La police a tout de suite clamé une attaque animale par rapport à l'étendue de ses blessures. Son visage est complètement défiguré. À la place de la peau lisse se trouve une façade, rêche, lacérée et asymétrique. La couleur mate est remplacée par un vermillon noirâtre et des tâches violacées en relief. Des lignes longiformes surplombent chaque parcelle de sa peau dans un art abstrait rouge et colérique. Des morsures viennent compléter le tableau gore qu'offre la jeune fille d'âgée d'à peine quinze ans.

« OK » Mes yeux quittent lentement les clichés alors qu'un long frisson me parcourt l'échine « On a quelque chose ? Piste, hypothèse, intuition ? »

« Rien » Scott secoue la tête négativement tout en répondant d'une voix basse

« Pourquoi j'entends cette histoire que maintenant ? » J'appuie dramatiquement sur les derniers mots pour marquer mon irritation. Mes yeux naviguent entre mes amis avant de retomber sur la liasse de feuilles posées devant moi « Personne n'a trouvé malin de m'informer que quelqu'un du lycée s'est fait tuer par quelque chose qu'on ne- ». Je passe une main furieusement dans mes cheveux avant de faire les cent pas dans la pièce « Fantastique ! Vous le savez depuis quand ? »

« Stiles » souffle Scott d'un air coupable

« Depuis quand ? » Mon intonation est bien plus forte que je voulais. Je serre les dents en ne quittant pas mon meilleur ami des yeux. Je peux sentir la colère s'épandre en moi comme une gangrène au fur et à mesurer que les secondes passent.

« Samedi matin » Intervient Lydia lorsque mes pupilles croisent les siennes « On le sait depuis hier matin, mais on ne voulait pas te mêler à ça. »

« Parce que je ne suis pas du tout mêlé au surnaturel » claquais-je sarcastiquement « Flash info, mon meilleur ami est un loup-garou et mon ex est une coyote-garou ! »

Exit WoundsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant