C6 - J'aurais dû élever des Alpagas au Chili

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Chapter Six | J'aurai dû élever des Alpagas au Chili

Quelques minutes avant le début des cours, je me gare dans le parking du lycée. Mes yeux sont rouges et légèrement cernés à cause de la nuit que j'ai passé à faire des recherches sur le meurtre de vendredi soir. Malgré l'aide des dossiers de la police et des comptes-rendus de mon père, je n'ai pas trouvé de nouvelles informations, sauf, peut-être, une description hypothétique des circonstances de la mort de la fille. Apparemment elle ne serait pas morte instantanément à la suite de tortures. Il y aurait eu une lésion rénale suivi d'une importante souffrance cardiaque qui aurait entraîné la mort.

Il y avait aussi une partie sur le dossier qui stipulait que les gardes forestiers avaient été appelés durant l'enquête pour pouvoir identifier l'animal et, si possible l'éloigner de la ville. L'exploration n'ayant abouti à rien, l'affaire a été conclue.

Les livres que j'avais empruntés sur les mythes urbains il y a quelques semaines de ça à la bibliothèque n'ont pas non plus été d'une grande aide. En réalité, je n'ai rien qui puisse m'orienter sur quelque chose de concret. Le meurtre n'est qu'un cas isolé, rien qui n'alarme réellement. De plus si ça se trouve, le fautif se trouve déjà dans un autre état, ou il est peut-être déjà mort. La frustration de voir mon tableau blanc -excepté le nom de la victime, m'a empêché de dormir le reste de la nuit. Frustration que j'ai laissé s'évaporer dans Call Of Duty jusqu'à six heures du matin.

Les couloirs du lycée sont pratiquement vides lorsque je pousse les portes du lycée. Les élèves présents sont ceux qui se dépêchent de rejoindre leurs cours ou ceux qui traînent des pieds hésitant à sécher la première heure. Je place une main dans la poche qui se trouve à l'avant de mon sweat à capuche, avant de m'orienter vers mon casier. Une fois tous les livres nécessaires pour la journée récupérés, je me dirige vers ma classe d'un pas pressé. Je glisse pratiquement dans la salle de cours avec un sourire en coin avant de m'excuser auprès du professeur qui me regarde avec un sourcil arqué.

Le professeur d'économie, Monsieur Finstock ou Cupcake pour les intimes est aussi notre coach de Lacrosse. Si les cours d'économie semblent être une corvée pour lui, le Lacrosse est tout le contraire. C'est un véritable passionné. Il ne se prive pas d'utiliser son statut de coach pour nous faire exceller en économie et vis-versa. Malgré son attitude un peu limite certaines fois, il reste quelqu'un d'honnête et consciencieux. Il dit ce qu'il a en tête et ce, peu importe l'endroit ou la personne avec laquelle il discute. Et c'est encore plus proéminent lorsqu'il est sur le stade. Il suffit qu'il ait son sifflet autour du cou et que ses chaussures blanches touchent légèrement l'herbe du stade pour qu'il devienne une tout autre personne. Son regard gris brille de malice dans ces moments-là. 

Le coach se déplace dans la salle de cours, une main derrière le dos. Son jogging deux fois trop grand pour lui est taché de rouge et de blanc. Son polo bleu légèrement délavé lui donne un air laxiste qu'on a appris à accepter au fil des années.

« Vous avez quatre heures. Bonne chance. » Dit-il après avoir déposé une liasse de feuilles sur chaque table

Je mâchouille mon crayon avant de gribouiller les réponses sous les questions. Le bruit des crayons qui s'acharnent sur les pages blanches des évaluations et l'horloge sont les seuls sons que l'on peut entendre durant les premières minutes du test. Je fronce les sourcils en essayant de me rappeler de la définition de 'la stratification des classes' donnée en cours avant que je me mette à faire des dessins au coin de la feuille de brouillon. Je bouge nerveusement les jambes et elles percutent parfois la table en bois détournant l'attention du professeur de son journal sportif.

Frottant ma nuque nerveusement je feins d'être captivé par le test avant de croiser mes bras sur ma table et d'y poser ma tête. Je m'assoupis rapidement alors que le manque de sommeil de veille devient plus compliqué à ignorer. De plus l'absence de bruit dans la classe me permet de plonger encore plus rapidement dans le monde des songes. Monde auquel je suis arraché violemment à cause d'une forte douleur au niveau du front. Je me débats dans tous les sens en hurlant afin de ne pas tomber indéfiniment comme me fait croire mon esprit à moitié endormis. Je ne remarque la petite craie blanche au sol que lorsque je me calme. Le professeur porte un sourire narquois sur les lèvres lorsque mon regard croise le sien.

Exit WoundsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant