C30- Vous devriez écrire un thriller

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Thirty– Vous devriez écrire un thriller

Je gare ma jeep sur le parking du poste de police, mais ne coupe pas le moteur. Je bouge la tête en rythme avec la musique qui se propage dans ma voiture. Je laisse mes mains tapoter sur le volant, suivant la cadence de l'instrumental puis, je frappe l'air comme si je faisais de la batterie.

Ma voix se joint quelques minutes plus tard à l'orchestre. J'accompagne le chanteur sur une note particulièrement haute. Cependant, je me vois obligé d'arrêter avant lui lorsque je n'ai plus assez de souffle pour continuer. Je fixe mon poste d'un air incrédule : je n'ai aucune idée comment les chanteurs arrivent à faire ça.

Néanmoins, étant novice, j'estime que ma prestation n'est pas si horrible que ça. Je passe mon doigt sur chacun de mes sourcils en me regardant dans le rétroviseur intérieur avant de faire un clin d'œil. Un sourire est encore sur mes lèvres lorsque je remarque que la personne qui se trouve dans la voiture à côté de la mienne, est entrain de me fixer. 

Il s'agit d'une femme d'une quarantaine d'années environ.

Ses cheveux rouge vif lui donnent un air particulièrement strict. Elle ferme sa palette de maquillage en ne détournant pas des yeux avant de secouer la tête négativement. Le rouge à lèvres mate de la femme met l'accès sur ses lèvres tirées -signe de son jugement.

Un rire nerveux quitte la barrière de mes lèvres lorsque je tente de couper le moteur en tremblante légèrement. Je lui fais un signe de la main, pour tenter de cacher mon embarras. Elle y répond par un regard noir.

Je m'empresse de sortir de la voiture, les joues en feu. Alors que je cours pratiquement vers le bâtiment principal, j'évite soigneusement de croiser une fois de plus le regard de la femme.

Il y a des officiers à l'extérieur qui discutent en fumant une cigarette. Certains me font un signe de tête en guise de salut et d'autres m'ignorent. Cette dynamique dure maintenant depuis des années.

Certains officiers m'apprécient ; ils me connaissent depuis que je suis petit, car je passais des heures au poste lorsque mon père n'avait pas d'autres choix que de m'amener avec lui. D'autres sont juste courtois. Cependant, il y en a qui me détestent, parce que je suis le fils du shérif et que j'ai réussi à passer outre la loi plus d'une fois.

L'officier Haigh en est le parfait exemple. Pour lui, je suis la pire chose qui soit sur terre, et il saute à chaque opportunité pour me faire couler. Ses échecs répétés le frustrent profondément et sa haine ne fait que s'accroître. C'est l'une des raisons pour laquelle je fais tout pour l'éviter.

Évidemment, depuis qu'il est en arrêt maladie à la suite de notre évasion -je suppose que Jackson et Derek ne sont pas allés de main morte avec lui, c'est plus facile. Personne n'a envie d'être le personnage principal dans les fantaisies de meurtres de quelqu'un.

« Hey salut Parrish » dis-je en levant deux doigts en l'air lorsque j'arrive en face du bureau de Parrish.

Un des officiers me bouscule légèrement en passant rapidement près de moi. Il ne se retourne pas pour s'excuser, trop occupé à courir dans l'office avec une montagne de dossiers dans la main. 

Ce n'est pas le premier que je vois courir dans tous les sens depuis que j'ai ouvert la porte du poste. Plusieurs officiers sont, soit occupés sur leur ordinateur, soit ils courent entre les bureaux, dossiers en main.

Parrish est exactement dans le même cas que les autres. Installé derrière son ordinateur, il tape frénétiquement sur son clavier. Comme à son habitude, il est bien apprêté. Ses cheveux sont correctement coiffés sur son crâne et il n'y a pas une plissure sur son uniforme.

Exit WoundsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant