Chapter Twenty – Tableau blanc
Le choc se propage en moi dans un enchaînement similaire à une réaction en chaîne de dominos. La sensation de fourmillement part de la pointe mes doigts - identique à une douce décharge. Elle course sensuellement dans mes veines, décuplant son intensité à chaque millimètre parcouru. Elle termine sa course dans une explosion à la jonction entre mon épaule et mon cou alors que mon souffle est erratique.
Un léger sourire apparaît sur mon visage dû à la sensation désagréable quoique satisfaisante qui submerge mon être. Je halète pendant un moment alors que des gouttes de sueur perlent sur ma peau.
Je m'étire légèrement pour tenter de réduire la gêne qui s'est installée après avoir frappé un peu trop fort sur le sac de frappe. Je ferme les yeux pendant un instant, essayant de calmer ma respiration hachée.
Quand j'ouvre de nouveau les yeux mon état d'esprit est identique au début de l'entrainement. Je suis déterminé. De manière presque terrifiante.
Mes pieds prennent leurs marques avec une telle facilité qu'on pourrait croire que cette position est ancrée en moi. Mes mains sont placées devant moi comme une sorte d'armure impénétrable. Cela me berce dans une illusion où j'aurais plus de force que dans la réalité. Mais c'est un leurre nécessaire pour que je me remette à frapper le sac devant moi.
Je n'ai pas le temps de réfléchir à un mouvement particulier. Le néant embrasse mon esprit tendrement alors que je laisse mon poing droit entré en collision avec le sac dans un bruit sourd. Presque aussitôt le poing gauche rejoint son compagnon.
Une sorte de chorégraphie s'installe alors. Des bruits accompagnent mon combat dans une sorte d'encouragement pour m'inciter à aller plus vite et à ne pas lâcher la cadence. Toujours plus. Bam. Bam. Les coups s'enchaînent de plus en plus rapidement sur le sac.
Je prends à peine le temps de respirer entre deux coups. Je suis trop obnubilé par le fait de relâcher toute la tension qui noue mes muscles dans une sorte d'emprise étouffante.
Mon cerveau fonctionne avec ambivalence. Il fonctionne à la fois à une vitesse astronomique et en même temps il semble complètement éteint. Cette dissension entre les deux parties de mon cerveau me donne des vertiges m'obligeant à casser le rythme que j'avais appris à apprécier durant les deux dernières minutes.
Je penche la tête légèrement en arrière pour essayer de reprendre mon souffle. Mes cheveux sont collés sur mon front et sur mes joues tandis que de la sueur tente de se frayer une fois de plus un chemin dans mon cuir chevelu.
Je m'approche des bancs au fond de la salle en retirant mes gants un peu maladroitement avant de les lancer sur le banc où sont installées mes affaires. Je récupère une bouteille d'eau dans mon sac et engloutis pratiquement la totalité de son contenu d'une traite, appréciant le liquide frais qui soulage temporairement ma gorge en feu.
Après avoir posé la bouteille sur le banc, je m'avachis sur ce dernier. Mes doigts caressent les gants, pensant à les remettre afin de continuer à évacuer se trop plein de je-ne-sais-quoi qui crépite sous ma peau depuis quelques jours.
Cela fait environ quatre jours depuis qu'on a retrouvé les corps des deux dernières victimes. Cela fait aussi quatre jours que je me suis disputé avec mon père. Je n'ai pas vu mon géniteur depuis ce soir-là, j'ai tout fait pour ne pas avoir à le recroiser.
J'ai préféré m'engouffrer chez Scott la plupart du temps. Si je ne pouvais pas rester chez lui, j'errais dans le lycée autant que possible. Néanmoins, l'insatisfaction de cette déchirure familiale a eu raison de moi et le fait qu'on n'arrive pas à trouver le meurtrier attise encore plus ma frustration, d'où la raison de ma présence dans une salle de sport.
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Exit Wounds
FanfictionEt si je vous disais que les êtres abominables existent ? Que les histoires folkloriques sont bien plus que des mythes et qu'ils se rapprochent de la réalité bien plus que vous le croyez ? Si vous connaissez l'histoire du petit chaperon rouge et bie...