Exit Wounds

C7 - Le garçon qui court avec les loups

Chapter Seven | Le garçon qui court avec les loups

Un cliché de la scène de crime est pris une fois de plus. Les policiers s'activent tous autour de la scène et les médecins légiste cherchent des indices qu'ils reportent sur un petit carnet. Je remarque mon père sur le terrain. Il a les mains posées sur ses hanches et regarde le cadavre avec un rictus sur le visage. Il hoche la tête lorsque qu'un de ses collègues lui chuchote quelque chose avant de prendre sa radio et de s'éloigner un peu. Je me cache de nouveau dernière un arbre et soupire lourdement en fermant les yeux. Après que Lydia ait retrouvé les corps, nous avons alerté la police anonymement avant de fuir pour éviter de devenir les suspects potentiel d'un meurtre. Cependant ma curiosité a eu raison de moi et le fait que le téléphone de mon père n'arrêtait pas de sonner, n'a pas arranger l'affaire. Du coup, je n'ai pas pu m'empêcher de retourner sur la scène de crime pour élucider l'affaire de moi-même, ou plutôt pour avoir un peu plus d'informations.

Avec toutes les lumières pointées vers le corps meurtri la scène paraissait encore plus sinistre que la première fois que je l'ai découverte. Le corps de l'adolescent était toujours pendu à l'arbre -comme nous l'avions trouvé. Des officiers ont récupéré des échelles pour pouvoir atteindre le corps et le faire descendre sans l'abîmer. Ils ont exécuté la manœuvre avec précision, comme ils ont dû le faire des millions de fois. De ma position, je ne pouvais pas voir distinctement le corps, mais je me souvenais parfaitement de l'état dans lequel on l'a retrouvé. Il était à peine reconnaissable. La violence avec laquelle il a été tailladé était vraiment déconcertante. L'odeur de sang et de début de putréfaction plane toujours dans mes narines, au même titre que la peur dans les yeux de la victime est toujours ancrée dans mon esprit. 

D'après l'état des lieux, il est possible que le meurtrier soit quelqu'un de novice. Quelqu'un qui n'aurait jamais tué auparavant et qui, pour une quelconque raison serait passé à l'acte. La probabilité pour qu'il ait laissé un indice irréfutable sur la scène de crime et aux alentours semble être considérable. Du moins, c'était mon hypothèse lorsque je me suis éloigné de la scène de crime afin de mener ma propre enquête.

Cela fait un quart d'heure que je suis parti. Après avoir méticuleusement cherché des indices aux alentours de la scène, je n'ai rien trouvé. Aucune trace de pas, ou quelque chose qui sorte de l'ordinaire. C'est comme si le fait que la scène de crime soit en pagaille et que les abords soient intacts a été fait exprès. Avec professionnalisme.

En faisant demi-tour, je m'arrête brusquement. Mon téléphone vibre contre ma cuisse mais je n'y prête pas attention. Mes yeux sont rivés sur deux silhouettes à quelques pas de la scène de crime qui sont en train de chuchoter et de ricaner. Mes dents percent ma lèvre inférieure alors que je tente de me rapprocher d'elles sans faire le moindre bruit. Mes doigts tripotent la poche où se trouve mon téléphone dans un geste nerveux alors que j'essaye de calmer ma respiration hachée. Les deux hommes -que j'arrive à distinguer au fur et à mesure que je me rapproche, sont vêtus de sweats et de pantalons noirs, ce qui leur permet de se fondre dans la pénombre de la nuit. Je jure silencieusement lorsque je marche sur une feuille morte au sol, ce qui la fait légèrement craquée. Je me fige pendant quelques secondes, comme si cette simple action avait le don de me rendre invisible. Je me déplace sur la pointe des pieds jusqu'à ce que le tronc d'un arbre me coupe du champ de vision des deux hommes.

« Tu as entendu quelque chose ? »

« Non » dit le second homme avant de répondre avec une certaine nonchalance « C'était peut-être un animal »

« Je préfère m'en assurer » Je les entends s'agiter pendant quelques secondes tout en murmurant quelque chose que je n'arrive pas à capter « -mort. Allez vient, c'était par-là »