Nubiris - La Tour de la Gloire

Chapitre 4

Brooklyn sursauta lorsqu'il entendit les talons de Julie claquer sur le sol.

- Tu es déjà levé ? s'étonna sa tante en l'embrassant sur la joue.

    Elle s'avança jusqu'à lui et le considéra d'un air inquiet.

- Lavé et habillé un samedi    matin ... Tu couvres quelque chose ? Un rhume peut-être ?    Une angine ?

    Brooklyn essaya de rester désinvolte :

- Pire : un exposé avec    Quinn pour le cours de Madame Garrow. À rendre pour lundi.

    Julie faillit s'étrangler.

- Lundi ? répéta t-elle,    incrédule. Tes profs deviennent de plus en plus déraisonnables !    Après ce qu'il s'est passé lundi dernier avec BDB ... Ce lycée    aura ta peau, mon chéri.

    Après l'incident survenu le jour de la rentrée, Julie avait fait en sorte que BDB obtienne une mise en garde pour sa remarque déplacée, et Madame Collet avait entendu sa prière. Depuis cet épisode, l'ambiance dans la salle de maths avait tourné au ring de boxe, mais Brooklyn s'en fichait. Il se sentait déjà assez honteux d'avoir pris la fuite pour pleurer dans ses draps, il était hors de question que ce démon au crâne chauve continue à s'amuser sans la participation de son élève préféré. Le match se jouerait à deux, désormais !

    Les traits de Brooklyn se contorsionnèrent en une moue triste et larmoyante. S'efforçant d'insuffler de la tristesse dans sa voix, il répondit :

- Tu sais, ça me fait du bien    de reprendre une vie normale après tout ce qu'il s'est passé avec    papa. (Il ravala un sanglot.) C'était pas facile, au début mais ...

    Sa voix se brisa ; Julie effleura son visage du bout des doigts.

- Je vais être en retard au    bureau, mais on en reparle ce soir, d'accord Brookie ? Ça va aller ?

    Brooklyn acquiesça mollement.

- Très bien. Je t'aime très    fort.

    Elle déposa un baiser sur son front avant de tourner les talons.

- Moi aussi, tata.

    Le garçon compta les secondes sur ses doigts.

    3 ... 2 ... 1 ...

    Il entendit claquer la porte d'entrée, et éclata de rire. La vieille technique de l'orphelin éploré ... ça marchait toujours ! Un sourire triomphant au bord des lèvres, Brooklyn dégaina son téléphone et composa le numéro de Quinn. Cette dernière décrocha au bout de la troisième sonnerie :

- Allo ?

- Bouge-toi, princesse. Julie est    partie. J'ai les clefs de l'entrepôt, et seulement trois heures    pour le visiter. J'arrive.

    Ce samedi avait définitivement achevé d'amener septembre sur Comics Park. Les feuilles de jade tournaient lentement à l'ambre, le soleil se faisait moins brillant, les nuages plus épais. Il n'était plus rare désormais de voir la lumière flirter avec la pluie, et même si les températures restaient clémentes, les vents glaciaux et les averses impromptues étaient là pour rappeler aux Parksiates que l'automne arrivait.

- Salut !

    Le cœur de Brooklyn jaillit de sa poitrine lorsqu'il entendit la voix de Quinn s'élever dans son dos.

- Idiote ! s'écria t-il,    une main sur le thorax. Tu m'as fait peur !

- Patiente un peu. La maison    hantée, c'est pour tout à l'heure.