Chapitre 16

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C'était le genre de situation gênante que Brooklyn ne voulait jamais revivre.

Remise en contexte : il sortait d'un long week-end particulièrement éprouvant pour les nerfs et le mental, il n'avait pas eu de nouvelle de ses amis depuis qu'il les avait plantés au milieu du plus haut gratte-ciel de la ville et Comics Park connaissait sa plus grande crise depuis l'annonce du meurtre sanglant de Sadie Heigl. Des pics d'audience historiques avaient été enregistrés par les chaînes d'infos à l'heure des bulletins matinaux et il ne se passait plus une demi-heure sans qu'un nouvel « article choc » ne soit balancé sur les blogs les plus éminents.

Le soleil se levait tout juste quand le garçon se décida à sortir de sa chambre. L'atmosphère de la maison était étrangement calme et silencieuse, singulière pour un début de semaine chez les Heigl. Khaleesi ronflait paresseusement sur les coussins du canapé, face à la télévision éteinte. Un faible feu de bois ronronnait dans l'âtre de la cheminée et seul le bruit de la pluie contre les carreaux venait couvrir le fil de cette paisible matinée. Brooklyn se gratta le sommet du crâne et poussa un bâillement sonore. D'un pas traînant, il prit la direction de la cuisine. Là encore, quelque chose lui parut curieux. Tout était beaucoup trop calme, beaucoup trop propre. Où étaient les bruits de pas énergiques de Julie ? Où étaient les restes du petit-déjeuner de Julie ? Où étaient les dossiers de dernières minutes de Julie ?

Fondamentalement : où était Julie ?

- Tata ? appela Brooklyn.

Le garçon regrettait de s'être couché aussi tard, la veille. Sa voix était lente, rauque, comme restée parmi ses draps, et la pâle lueur du jour lui arrachait une grimace à chaque fois qu'il osait cligner des yeux. Il avait passé la nuit à relier sur une carte les différents endroits où un monstre lui était déjà apparu, essayant de déceler dans leurs assauts un quelconque lien logique ... vainement.

- Tata ? répéta le blond.

Soudain, un faible gloussement résonna depuis le vestibule. Intrigué, Brooklyn se leva et rejoignit la porte d'entrée. Il tendit l'oreille :

- Moins fort, chuchota une voix masculine, bien trop enjouée pour un lundi matin. Tu vas réveiller Brooklyn.

Le blond esquissa un rictus mauvais ; de quel droit ce simple mortel se permettait-il de prononcer son nom ? Silencieusement, il posa la main sur la poignée et continua d'écouter :

- Il doit déjà être levé, répondit Julie en essayant de reprendre son sérieux. Il nous reste très peu de temps.

Léo poussa un nouveau ricanement parfaitement ridicule.

- On dirait des ados.

Brooklyn se mit sur la pointe des pieds et jeta un œil à travers le judas. Julie, les bras enlacés autour des épaules de son petit copain, avait le visage barré d'un grand sourire. Les marques de fatigue qui s'étaient installées sous ses traits depuis quelques jours semblaient s'être effacées le temps d'une étreinte et la lueur qui dansait dans son regard brillait comme le plus chaud des soleils d'été. Léo attrapa une mèche de ses cheveux dorés et la rangea derrière son oreille. Il commença à s'approcher d'elle lentement, presque avec grâce,comme une valse ... Brooklyn pouvait voir leur souffle s'enlacer, leur aura se heurter ...

Il devait réagir.

- Tata ! cria t-il en ouvrant la porte à la volée. T'aurais pas vu mon ... WOH !

À la seconde même où les gonds de la porte tournèrent, de grosses tâches rouges frappèrent le visage de Julie. Léo recula d'une dizaine de mètres et le blond dût alors se faire violence pour ne pas éclater de rire.

Nubiris - La Tour de la GloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant