Chapitre 21

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Julie s'agenouilla sur le sol de la buanderie et retourna les poches de Brooklyn dans tous les sens sans rien y trouver. Évidemment, il avait fallu qu'elle élève le seul garçon au monde qui vidait son pantalon avant de le mettre au sale. La jeune femme claqua violemment le hublot de la machine à laver et enfouit son visage au creux de ses mains. Mais que s'était-il passé ? À peine deux mois plus tôt, elle n'aurait jamais eu besoin de faire ça, elle n'aurait jamais eu à fouiller dans les affaires de son neveu comme un vulgaire policier. L'idée ne lui aurait même pas effleuré l'esprit. Au premier problème, elle serait allée trouver Brooklyn pour qu'ils en discutent tous les deux dans le calme et la complicité. Et il n'y aurait même pas eu de problème, à cette époque-là, puisque Brooklyn n'était alors qu'un gentil garçon un peu agaçant à qui il n'arrivait jamais rien. Julie ravala un sanglot. Que leur étaient-ils arrivés ? Julie ne pouvait pas l'accepter. Elle devait faire quelque chose. Elle ne pouvait pas laisser Brooklyn sombrer dans la folie dont on le disait héritier.Il était temps qu'il se ressaisisse. Julie se releva péniblement et essuya les larmes qui perlaient sur ses joues. Elle devait se dépêcher, mais ça n'allait pas être facile. La jeune femme savait pertinemment que l'autre imbécile se renfrognerait à la première remarque. Julie ne pouvait pas se contenter de lui rentrer dedans avec violence en espérant le repousser dans le droit chemin. Elle allait devoir adopter une stratégie diplomatique, réfléchie, fine...

- BROOKLYYYYYYYYYYYN ! hurla t-elle.

Les murs de la maison mirent quelques secondes à cesser de trembler. Julie attendit les bras croisés, plantée au milieu de la buanderie. Des bruits de pas précipités résonnèrent au-dessus de sa tête. La porte sauta sur ses gonds ; son neveu apparut.

- Je t'ai entendu crier ! s'exclama t-il, essoufflé. Le loir est revenu ?

- Assieds-toi, Brooklyn.

Le garçon balaya la pièce du regard.

- Tu es au courant qu'on est dans la buanderie, pas vrai ?

- Tu ne mérites pas de chaise ! aboya Julie en fermant les yeux. Assieds-toi !

Brooklyn se laissa glisser sur le sol. Les sourcils froncés, il présenta à sa tante un faciès d'une naïveté si insolente qu'elle dû se faire violence pour ne pas lui faire décoller la tête.

- Alors ? demanda t-il, intrigué. Que me vaut ce sol froid et cette mine radieuse ?

- Je te conseille de changer de ton immédiatement, jeune homme. Fais très attention, je ne suis pas ta copine, je suis ta ...

- Tutrice ? hasarda Brooklyn avec un petit sourire.

- Exactement ! Et ne m'interromps pas, abruti.

Le blond étouffa un ricanement – Julie n'était vraiment pas douée dans le rôle du parent autoritaire.

- Pardonnez-moi, tutrice. Pouvez-vous me communiquer les raisons de cette remontrance ?

- Je sais tout, Brooklyn.

- Tout ? répéta t-il, intrigué.

Julie crut voir le visage de son neveu ternir quelque peu.

- Me prendrais-tu pour une idiote, imbécile ? Tu penses que je ne vois rien, que je ne remarque rien ? Et bien tu ferais bien de penser une nouvelle fois !

Brooklyn déglutit avec difficulté. La petite tirade de sa tante s'était occupée d'effacer les dernières onces de suffisance qui stagnaient sur son visage. Il sentit son poux ralentir. Se pouvait-il que...?

Julie attrapa un t-shirt roulé en boule sur le sol et le jeta violemment à la figure de Brooklyn. Le garçon le déplia d'un geste lent ; son regard se voila.

Nubiris - La Tour de la GloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant